ça sent les  » vieux démons  » !

Ils ont la peau dure. Ils résistent au rite cathartique. Ils se moquent de celui qui proclame, à coup d’évocation et d’invocation, les avoir chassés. Ils reviennent, tel le naturel, au galop.

 Ils, ce sont les vieux démons. Hier, ils se sont rappelés au bon souvenir des Congolais. Tout dans la marche  » interdite  » de Lamuka a, en effet,  ravivé le souvenir d’un monde que les autorités d’aujourd’hui et farouches opposants d’hier clament sur tous les toits et sur tous les tons  avoir enterré.

 Voilà que sans avoir été à la  » mauvaise école « ,  les champions de la démocratie exhument et  répètent à la perfection les recettes qu’ils abhorraient hier. Interdiction de la marche en régime d’information, répression avec forces  matraques et  gaz lacrymogènes, interpellations plus que musclées, mise à tabac des témoins gênants que sont les journalistes.

Drôle de cerise sur le gâteau, pour que la copie soit conforme à l’original, quelques  jours plus tôt, une manifestation très publique d’un baron du nouveau régime dans un quartier populeux de Kinshasa  avait  été non seulement autorisée, mais encadrée – façon  » circulez, il n’y a rien à voir  » – par la Police.  Et la boucle de bonnes vieilles méthodes de l’ancien monde est bouclée.

Dans cette série  » chasser le naturel, il revient au galop « , il y a aussi cette mise en liberté provisoire de l’ancien ministre UDPS de la Santé pour des raisons de …santé. A moins d’être un démon, comment diable  ne pas avoir de la compassion à l’endroit d’un compatriote mal en point ?

Le hic c’est qu’Eteni Longondo n’est pas le premier détenu portant la casquette de politique à être frappé de maladie à Makala ou dans une de nombreuses antichambres de cette prison.  A ses devanciers compagnons d’infortune, pareille faveur n’a jamais été accordée. Ça sent le dura lex , sed lex à géométrie variable. Des Congolais plus égaux que d’autres devant la loi. De quoi attrister  » l’Etat de droit « , mantra du pouvoir Fatshi.

Bref, par rapport à la marche Lamuka  étouffée à l’ancienne et à ce qui sonne comme un privilège d’appartenance…politique, ils sont sans doute nombreux ceux qui intentent en silence un procès en charlatanisme contre ceux qui ont prononcé  à tue-tête la  » délivrance  » du pays.

Un bémol. Peut-être qu’en faisant leur la citation de Malraux  » juger c’est refuser de comprendre « , les Congolais tourmentés par l’agir  » très vieux monde  » de leurs dirigeants  méditeraient cette autre citation de l’essayiste tunisien Amine Ben Attia :  » Il ne faut pas chasser ses vieux démons et se fragiliser, gardons les pour ceux qui les méritent « . No comment.    José NAWEJ

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter