Vivement un dialogue sincère entre acteurs politiques

* Dès lors, le PM Sama Lukonde appelle l’Union sacrée à travailler sur les questions qui unissent…

La RD Congo doit-elle entamer les préparatifs de l’horizon 2023 et, en même temps, laisser irrésolus, les sujets explosifs de l’heure ? Peut-on également s’attendre à un processus électoral crédible, dès lors que les parties prenantes se regardent en chien de faïence ? Voilà donc, quelques questions parmi tant d’autres, que posent froidement ceux qui observent la situation actuelle en RD Congo.

A priori, d’aucuns diraient certes, qu’il a toujours été ainsi à chaque cycle électoral au pays de Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi. Evidemment, ceux qui tirent profit de la cacophonie actuelle, pourraient minimiser les risques du blocage, et dire qu’il en a toujours été ainsi. Peut-être qu’ils ont raison. Mais l’on devrait sans doute pas oublier que l’environnement politique actuel diffère de celui de 2006, 2011 et de 2018.

Ainsi, pour garantir l’inclusion au prochain processus électoral, nombre d’analystes sont unanimes qu’il faille préalablement évacuer les sujets sensibles de l’heure. A savoir, le débat sur la congolité, bien que le Parlement ne se soit pas encore prononcé, la question de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), avec à la clé la sempiternelle querelle entre les confessions religieuses autour de la présidence de cette institution d’appui à la démocratie. Dire qu’en plus de la guéguerre au sujet du successeur de Corneille Nangaa, il y a aussi la problématique de la représentativité. Autrement dit, les délégués de différentes forces politiques à la Centrale électorale.

Or, il se trouve qu’au stade actuel,  les mêmes forces politiques refusent encore de mandater leurs représentants à la Ceni. Par exemple, la plateforme Lamuka du duo Martin Fayulu-Adolphe Muzito, exige les réformes électorales en vue de dépolitiser la CENI comme préalables à sa participation au prochain cycle électoral.  Dans la foulée de ses critiques de la situation politique actuelle du pays, Lamuka n’a de cesse de dénoncer le fait que la proposition de loi Lutundula ait été vidée de toute sa substance. Partant, cette plateforme de l’opposition conclut que les réformes électorales tant réclamées n’ont pas eu lieu. Hier, des jeunes militants de Lamuka se sont joints aux activistes « pro démocratie » pour manifester au Palais du peuple.

Pour sa part, Moïse Katumbi, un autre acteur majeur de la classe politique congolaise, exige un consensus autour de grands sujets qui, jusqu’ici, met les différents protagonistes aux antipodes. Dès lors, plus d’un observateur perçoit déjà l’ombre du blocage du processus électoral. Faut-il banaliser la question de désignation du président de la Ceni par les chefs des six confessions religieuses ? Sans doute pas, dans la mesure où il s’agit ici, d’un autre sujet qui pourrait conduire le pays droit à l’impasse.

A propos justement de la désignation du Président de la Centrale électorale, on rappelle que six confessions religieuses tiennent mordicus à la candidature de Denis Kadima, peu leur importe, le véto mieux, l’opposition (argumentée ?) des délégués de l’Eglise catholique et de l’Eglise protestante, considérés non sans raison, comme principales parties au vote.

VIVEMENT UN DIALOGUE SINCERE

A  la suite du débriefing de l’actualité de la semaine dernière et de celle en cours, il se dégage donc une tendance à un passage en force dans le chef d’un camp. Mais, est-ce là, la voie royale de sortie de crise ? Quel sage conseillerait donc une piste qui, a priori, porte les germes du blocage ?

Dès lors que le mal est déjà identifié, plus d’un analyste estime que l’on ne devrait ni tâtonner ni se tromper de thérapie.  Entendu que la fameuse loi qui exclut une catégorie de Congolais de la Présidence de la république et à certains postes de responsabilité envenime l’atmosphère politique, compte tenu aussi du fait la classe politique s’empoigne sur la question Ceni;  le bon sens – bien qu’inexistant en politique congolaise -commande que ses différents sujets qui fâchent, soient évacués autour d’une table. D’où, l’impératif d’un dialogue sincère entre les différents protagonistes. L’arme du dialogue étant parfois plus efficace que le dialogue des armes, les acteurs politiques ne devraient donc pas aller outre mesure, si et seulement si, l’intérêt supérieur du peuple est le soubassement réel de leurs disputes.

L’histoire politique récente du pays, ne renseigne-t-elle pas qu’un  processus boudé par un camp et accepté par un autre, débouche toujours sur une crise de légitimité pourtant évitable ? De deux choses l’une. Entre un passage en force et un processus électoral concerté, les acteurs politiques congolais devront donc choisir. 

L’APPEL DE SAMA LUKONDE A L’UNISSON

Le Premier ministre, Jean-Michel SamaLukonde, s’est exprimé publiquement pour la première fois sur le sujet polémique de la proposition  de loi sur la « Congolité « , initiée par Noël Tshiani et portée par le député national NsingiPululu.

Au cours d’une interview accordée à la presse mercredi 4 août, à l’occasion des 100 premiers jours du gouvernement, tout en indiquant que « les débats d’expression, on ne peut pas les empêcher, ça fait partie de la démocratie« , le Premier ministre a déclaré que l’Exécutif attend être saisi par l’institution compétente afin de se prononcer.

« Aujourd’hui, une loi est déposée au niveau du Parlement et il y a un processus à faire. Et dans ce processus, le gouvernement aussi doit se prononcer si ça évolue à ce niveau-là. Le gouvernement sera saisi en tant qu’institution et le gouvernement va se prononcer à ce moment-là« , a indiqué Jean-Michel Lukonde, se refusant de « mettre la charrue avant les bœufs ».

Dans la foulée, le chef du Gouvernement appelle à œuvrer sur ce qui unit plutôt que ce qui divise. « Dans le cadre de l’Union Sacrée de la Nation, aujourd’hui, nous avons plus intérêt à nous concentrer sur les questions qui nous unissent plutôt que celles qui nous divisent », a fait savoir le Premier ministre.

Cette proposition de loi, avant son examen à l’Assemblée nationale continue de diviser l’opinion congolaise. 

L’initiative de l’ancien candidat à la présidentielle de décembre 2018 qui n’en finit pas d’agiter les esprits, verrouille l’accès à certains postes régaliens aux Congolais qui ne sont pas nés de père et de mère congolais.

Portée par l’élu de Kinshasa, NsingiPululu, cette proposition de loi a été déposée à l’Assemblée nationale le 8 juillet dernier. Et provoque depuis une levée de boucliers au sein de la classe politique congolaise. Le camp de Moïse Katumbi, qui y est particulièrement opposé, dénonce une manœuvre du pouvoir pour écarter leur candidat. Ce que le camp présidentiel rejette.

Grevisse KABREL et Didier KEBONGO

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