Sama Lukonde: « Surpassons-nous par amour pour le Congo »

« Surpassons-nous pour  les questions qui nous divisent afin de ne  nous focaliser que sur des questions d’intérêt national« . Pour marquer les 100 jours de son Gouvernement, le Premier ministre Sama Lukonde a voulu prendre de la hauteur. Normal, l’enjeu aux yeux du premier des  » warriors  » étant de voir le pays décoller selon la vision du Président de la république.

De fait, statistiques en bandoulière, Jean-Michel Sama a dessiné les contours de la stabilité du cadre macro-économique. Le taux de croissance est de 4,9% en 2021 contre 1, 7 % en 2020.  Les perspectives prometteuses de fin 2019 (4,4%) avaient  été assombries en 2020,  principalement par la crise consécutive à la pandémie de covid-19, explique le chef du gouvernement.

Début d’embellie aussi pour les trois autres indicateurs. Maîtrisée, l’inflation a été ramenée de 14,22% en juillet 2020 à 7,2% e juillet 2021. Alors qu’en juillet 2019, l’inflation oscillait autour de 4,2% avant l’envol sous l’effet Covid-19. Pour sa part, le taux de change a été stabilisé. Et cerise sur le gâteau, les réserves de change sont passées de 783 millions de dollars à 1 ,6 milliards de dollars, soit 6 semaines d’exportation.

Continuant à égrener le chapelet de notes positives, Jean-Michel Sama note le doublement des recettes internes de 1,5 à 3, 5 milliards de dollars. Cette performance est due à la lutte  contre la corruption et le coulage des recettes de l’Etat.

Quant aux recettes publiques, elles ont quasiment doublé, passant de 1.538 milliards au 2ème trimestre 2020 à 3.538 milliards au 2ème trimestre 2021. Réaliste, le Premier ministre reconnait, cependant que, sur le front du combat contre les antivaleurs, beaucoup de choses restent encore à faire.

La même lucidité transparaît de propos du chef du gouvernement, lorsqu’il confesse que ces chiffres flatteurs n’auront de sens auprès des populations que s’ils se traduisent par l’amélioration des conditions de vie.

« Pour la  population, c’est le  concret  qui l’intéresse« , admet Jean-Michel Sama. Le compte social n’y est pas encore,   » A notre arrivée, la situation était assez critique« , relève le Premier ministre. Il fallait résorber, selon lui, le déficit avant de prendre à bras le corps les secteurs sociaux.

Kinshasa-Goma de 340 à 200 dollars !

Pour autant, les lignes devraient commencer à bouger sur le front du social avec les deux secteurs qui sont dans le viseur du Gouvernement. A savoir le billet d’avion et les surgelés.  Pour arriver à la baisse dans ces deux secteurs-clés du social, le Gouvernement s’est engagé sur la voie de la révision concertée de la structure des prix, en ciblant  l’allègement des taxes pour l’avion.  C’est chose faite, annonce le Premier ministre.

Le prix de l’avion sur les lignes intérieures va baisser de 45%.  Les Congolais vont pouvoir se déplacer à moindre prix. Les effets induits sur le prix des produits de consommation courante seront bénéfiques pour le plus grand nombre. La même démarche, frappée du sceau de la révision concertée de la structure des prix, sera appliquée pour les surgelés.

Face à l’insuffisance de la production locale, la diminution des prix risque d’être illusoire, fait-on remarquer au Premier ministre. Réponse du « Warrior » en chef : « C’est un processus. En même temps, nous sommes en train de créer les conditions pour relancer l’agriculture, la pêche et l’élevage. D’où, par exemple, la démarche concrète  du Président de la république vers les pêcheurs de Kinkole avec la relance des coopératives de pêche ».

« A côté de cela, commente Sama Lukonde, nous oeuvrons pour des incitations à l’entrepreneuriat des jeunes. In fine, toute cette logique a pour but de diversifier l’économie nationale. Un horizon qui passe aussi par l’amélioration du climat des affaires ».

Pour garantir l’attractivité économique qui passe par un « climat des affaires apaisé« ,  le Gouvernement s’est doté d’une feuille de route. Il entend poursuivre la lutte contre la corruption et les crimes économiques, dispose d’un plan triennal de l’ITIE 2021-2023.

Développement par les 145 territoires

Le vaste plan  de relance de l’économie devrait bénéficier de l’apport substantiel des institutions de Bretton Woods maintenant que le Gouvernement est en programme formel avec le FMI.

Pour impacter le pays réel, le Gouvernement Sama entend agir à la base. en l’occurrence au niveau de chacun de 145 territoires que compte la RDC. En ligne de mire l’enseignement, la santé, les routes de desserte agricole…

Gratuité : 4 millions d’enfants de retour à l’école

L’un des projets phares du quinquennat Fatshi, la  gratuité de l’enseignement, ne pouvait être passée sous silence. Grâce à cette décision forte du Président de la république de respecter une disposition constitutionnelle, 4 millions d’enfants sont de retour à l’école, se réjouit le Premier ministre Sama Lukonde. Cette démarche devrait continuer concomitamment avec la construction des écoles.

Concernant la pandémie de Covid-19, Sama Lukonde insiste sur une meilleure communication à la fois sur l’observance des gestes barrières et le vaccin.  Dans cette veine sanitaire, le Premier ministre a annoncé le compromis trouvé avec les médecins qui étaient en grève pour, d’une part, des raisons  administratives et, de l’autre, des motivations salariales.  Aux dires du chef du gouvernement, le premier volet des revendications a été rencontré.  Quant à la question salariale, le Gouvernement a promis une réponse progressive.

Sur le terrain sécuritaire, l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu a enregistré des succès, notamment avec la reddition des 3.524 miliciens, la récupération de nombre de localités et la libération des otages.

A ceux qui se demandent à quand la fin de cet état d’exception dans les deux provinces, le Premier ministre a cette réponse : « L’état de siège, nous le voulons le plus court possible. Mais la paix n’a pas de prix « . C’est la condition sine qua non pour le premier pilier du triptyque « Etat fort, Etat prospère et Etat solidaire« . D’où l’appel de Sama Lukonde au patriotisme de tous les Congolais  en vue de soutenir l’Armée.

Un Etat fort est celui qui maîtrise son espace. D’où les réformes dans l’administration publique aussi bien au niveau tant national que provincial  qui passent par la maîtrise des effectifs, la mise à la retraité et le rajeunissement des agents . L’autre paramètre important d’un Etat fort qu’est la justice requiert l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel de ce secteur notamment les magistrats.

S’il n’a pas voulu ajouter sa part de polémique aux questions polémiques  du moment (Congolité, CENI, Union sacrée qui se porte bien à ses yeux), le Premier ministre a indiqué que le Gouvernement se prononcera le moment venu sur par exemple l’initiative législative en cours sur le verrouillage de la « Présidence de la république« .                      

Investir dans les 145 territoires pour désengorger les villes

Investir dans les 145 territoires de la RDC ? Une thérapie à très large spectre. D’abord, pour un pays-continent, le développement ne partira de la base ou ne partira pas. L’approche jacobine a montré ses limites. Pire, ses faiblesses. Kinshasa n’est pas le Zaïre ne cessait de répéter le Président Mobutu. Même si de tout son règne, il n’a pas fait grand-chose pour booster le développement de l’arrière-pays. Durant le premier mandat de Joseph Kabila, un député avait eu l’ingénieuse idée de faire éclater les «cinq chantiers» en autant de projets structurants dans chacun de 145 territoires de la RDC. Il n’a pas été suivi. On connait la suite. Voilà que le Président Fatshi prend l’initiative de faire de territoires la pierre angulaire du programme de développement du pays. Eau, électricité, centres de santé, écoles, routes desserte agricole… autant d’axes autour desquels devrait s’articuler ce paradigme socio-économique. Pour le Premier ministre, l’essor des 145 territoires est l’antidote à l’exode rural. Et donc à la concentration démographique dans les grandes villes avec toutes les difficultés que cet engorgement humain et humanitaire charrie : surpopulation, chômage, pauvreté, insécurité … Bref, revivifier le pays réel est un impératif du développement du pays. Au ministre en charge de l’Aménagement du territoire de faire le service après-vente de cette démarche gouvernementale. Lui qui a lancé REVITE (Repensons à nos Villages, Villes et Territoires).   

   J.N.

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