Le Maroc et la République Démocratique du Congo ont bâti des relations politiques solides depuis plusieurs décennies sans qu’on puisse y voir émerger des aspérités gênantes pour les deux États.
Cela semble devenir un long fleuve tranquille alors que les défis auxquels fait face la RDC plaident pour un regain de dynamisme avec un tropisme plus socio-économique. Si tout semble atone au niveau économique, on peut relever quelques exceptions comme l’arrivée récente de la Royal Air Maroc dans le ciel congolais ou de manière plus sensible le développement heureux dans le paysage financier congolais de la Bank Of Africa – RDC dont j’ai l’honneur de présider le Conseil d’Administration. Cette banque a forgé sa place dans la clientèle des particuliers, des PME et des Grandes entreprises avec succès parce que ses produits et services ont correspondu aux attentes du marché.
Est-ce suffisant ? Est-ce à la hauteur du potentiel que regorge la RDC et de l’expertise marocaine ? NON.
Il existe plusieurs similarités entre le potentiel économique des deux pays, celui de l’agriculture, d’une jeunesse urbaine dynamique et créative en plein essor malgré la prépondérance du milieu rural, socle des deux économies. La liste est certes longue comme une litanie sans lendemain.
La RDC est un pays d’opportunités économiques et, à bien d’égards, les réalisations des différents gouvernements de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour la transformation de l’économie marocaine peuvent nous inspirer afin d’accentuer les mutations nécessaires à une croissance durable et plus inclusive. Le patronat marocain et le vaste tissu d’entrepreneurs marocains ont rendu possible la volonté politique exprimée et a accompagné les changements nécessaires.
Ma première inspiration est celle du fameux plan du «Maroc Vert». Le Maroc a mis en place une politique agricole intégrée qui part de la valorisation du milieu rural, premier verrou dans la lutte contre la pauvreté. Le développement du secteur agricole et son adossement à un réseau de coopératives, de PME locales et d’industries de transformation ont permis la création d’emploi, la stabilisation des populations en endiguant l’exode rural et en créant de la richesse pour des pans entiers de la population exclue de la mondialisation. Par l’essor d’une agro-industrie locale, le Maroc a su assurer une autosuffisance alimentaire tout en développant une exploitation agricole ciblée à l’exportation en phase avec le marché captif de son voisin européen. Cette expérience, adaptée aux réalités du sous-continent congolais par sa superficie mérite qu’on y prête attention.
Mon second point d’intérêt pour le Maroc porte sur les profondes refontes des villes marocaines. A chaque visite, les villes marocaines ont un autre visage. En près de vingt ans, le transport urbain a été repensé, l’interconnexion entre les principaux centres urbains réalisée. La mobilité est d’un apport important à la création d’une prospérité et cimentent le vivre ensemble.
Le secteur privé des services n’est pas en reste et la consolidation de son emprise sur le tissu économique lui permet d’envisager de s’exporter à travers toute l’Afrique. La mutation du secteur privé marocain est visible.
Je demeure convaincu que la jeunesse congolaise et le dynamisme des entrepreneurs congolais sont des atouts indéniables pour entreprendre des changements profonds de notre économie. Des réformes sont urgentes pour libérer les énergies et les mettre au service d’un développement durable et plus équilibré. Le secteur minier est aujourd’hui catalyseur des investissements en RDC mais il est certain que l’agriculture et sa transformation, l’essor du secteur des services comme le tourisme, l’éducation, le numérique ou encore les services financiers sont des viviers de richesse pour notre économie. L’expérience marocaine nous enseigne que cela est réalisable sur un horizon peu lointain.
La RDC est Terre d’accueil par excellence des investissements étrangers. Les investisseurs marocains pétris par leurs expériences récentes peuvent contribuer à changer les choses auprès des entrepreneurs congolais de manière différente et en meilleure adéquation avec nos urgences de l’instant.
La volonté politique des deux Chefs d’États, Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Son Excellence le Président de la République Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo est la passerelle par laquelle le secteur privé des deux pays peuvent échanger et développer des activités prospères pour les deux pays.
Il est venu le temps de tisser des liens économiques aussi solides que les relations politiques des deux nations. Les patronats des deux pays ont mis en place un mécanisme prêt à être le ferment de ces relations économiques, celles d’une expérience sud-sud prometteuse et j’appelle de mes vœux des réalisations concrètes dans un bref délai. Aux investisseurs marocains, l’expérience du Groupe Bank Of Africa doit être un signal fort que c’est possible et rentable. Aux entrepreneurs congolais, les mutations du paysage économique doivent nous motiver. Que la rencontre de ceux mondes profite aux populations, voilà mon credo.
Bonne Fête du Trône au peuple marocain.
Guy-Robert LUKAMA
Président du Conseil d’Administration de Bank Of Africa- RDC