Pollution de la rivière Kasaï : le Gouvernement s’implique

La pollution de la rivière Kasaï, dans la province qui porte le même nom, préoccupe au plus haut point le Gouvernement. Hier mardi 17 août, le Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde a présidé une réunion avec les ministres sectoriels. Au terme de la rencontre,  le Vice-Premier ministre, ministre de l’Environnement, Eve Bazaïba, a annoncé la descente sur terrain d’une mission de haut niveau du Gouvernement.

Selon la cellule de communication de la Primature,  cette mission de solidarité et humanitaire concernera toutes les provinces impactées par cette contamination.

A en croire la VPM en charge de l’Environnement, cette catastrophe serait due à la pollution de ces rivières suite aux activités minières en amont du bassin versant de la rivière Tshikapa dans la partie angolaise.

« Ce qu’il faut retenir, c’est d’abord que le Gouvernement est très préoccupé par cette question depuis que nous avons reçu des informations, il y a deux semaines. Et pendant ce temps, les actions sont faites sur le terrain. Il y a des échantillons, par deux fois, qui ont été prélevés. Des analyses ont été faites. Nous avons de premiers éléments qui montrent clairement qu’il s’agit des substances qui ont contaminé les eaux et qui absorbent l’oxygène dans l’eau. C’est pourquoi, il y a la mort de tout ce qu’il y a. C’est pourquoi, il y a des poissons qui sont retrouvés morts. Il y a des cas des hippopotames qu’on a trouvés morts à Ilebo. Il y a aussi d’autres éléments. Nous voulons en avoir le cœur net. Il y a une démarche qui est en train d’être organisée pour aller vers le pays frère, dont l’usine a contaminé les eaux. Parce qu’il s’agit de la contamination avec des dégâts matériels qu’on a enregistrés avec aussi un danger dans le corps humain« , a déclaré Eve Bazaïba.

La pollution de la rivière Kasaï a été constatée depuis le 31 juillet de cette année. Cette situation a causé la mort des poissons voire des hippopotames dans la province du Kasaï. Il a également été constaté des diarrhées sur les personnes qui ont consommé ces eaux contaminées.

Selon les informations du Gouvernement Congolais, il y a plus de 400 personnes qui ont été répertoriées connaissant des cas de diarrhée à la suite de la pollution des eaux.

 » Le Gouvernement est en train de s’atteler pour des actions humanitaires. Sur le terrain, nous savons que ça sera très difficile. Donner l’alternative à l’eau, n’est pas la porte à côté. Parce qu’il y a toute la population riveraine. Nous avons vu des éléments satellitaires qui montrent tous les corridors de la rivière Tshikapa, de la rivière Kasaï pour sortir vers le Kwilu et le Maï-Ndombe. On n’est plus dans le Kasaï seulement. Demain ou après-demain, on peut retrouver ces substances ici à Kinshasa, sur le fleuve Congo. C’est un danger permanent. Mais le Gouvernement va faire un effort pour donner l’alternative à certaines questions. Il y a l’eau. Il y a l’aide humanitaire nécessaire pour que la population puisse s’approvisionner autrement et essayer de limiter les dégâts. En termes de dégâts, il y en a déjà. Voilà pourquoi, pour le moment, nous sommes dans la démarche de demander que cela soit stoppé immédiatement, parce qu’il s’agit de la vie humaine. Les mesures, c’est la descente du Gouvernement. Il y a une forte équipe de haut niveau du Gouvernement qui va arriver sur le terrain en mission de solidarité, en mission humanitaire, dans toutes ces contrées. Nous avons le Kasaï, le Kwilu et le Maï-Ndombe. Il y a encore une autre démarche vers le pays frère de l’Angola « , a-t-elle ajouté.

Carence en nourriture dans les territoires d’Idiofa et de Bagata

Après pollution de la rivière Kasaï, il s’observe une carence en nourriture et en eau potable pour les populations riveraines des territoires d’Idiofa et de Bagata, dans la province du Kwilu, alerte le député provincial Bonaventure Kipalamoto.  Il lance un appel à une intervention urgente des autorités face à cette catastrophe. 

 » Les populations de la province du Kwilu en général et en particulier les territoires d’idiofa et Bagata sont en détresse. La rivière Kasaï est polluée, la population n’arrive même pas à faire la pêche et à entrer en contact avec l’eau pour se laver. La situation devient compliquée et difficile.  Deux hippopotames ont crevé au niveau de Mpangu dans la réserve des hippopotames de Mangay dans le territoire d’idiofa « , indique le parlementaire provincial.

Bonaventure Kipalamoto ajoute :  » Si la situation continue comme ça, la population va souffrir de la malnutrition parce qu’au marché, on ne trouve absolument rien. Et la situation risque d’être aussi généralisée dans toute la province du Kwilu. Nous lançons un appel au gouvernement de notre pays et aux organismes internationaux à caractère humanitaire pour secourir cette population et surtout résoudre le problème de l’eau « .

Risque de contamination de la capitale 

Dans un document rendu public lundi 16 août, le Centre de recherche en ressources en eau du bassin du Congo, un centre de recherche rattaché à la faculté des Sciences de l’Université de Kinshasa, alerte sur le risque que la ville de Kinshasa soit le plus rapidement gagnée par cette catastrophe environnementale.

« Les informations obtenues de la station de surveillance du CRREBaC de l’Université de Kinshasa, installée sur la rivière Kasaï, au niveau de Kutumuke, attestent que la pollution y a été observée en date du 12 août 2021, avec possibilité d’atteindre en très peu de temps le fleuve Congo à Kwamouth, situé à 140 km de cette station. Kinshasa n’étant situé qu’à 190 km de Kwamouth, la diffusion de cette pollution est à craindre« , martèle le document.

Les experts du CRREBaC estiment qu’il est urgent de mettre en place une stratégie de surveillance en vue d’évaluer les dégâts et de proposer des mesures de réponse, d’atténuation et de réparation.

Ils recommandent, entre autres, d’établir un plan de mesures hydrodynamiques et d’échantillonnage d’eau, des sédiments et de la biodiversité aquatique et de conduire, dans le plus bref délai, une campagne ciblée de collecte de données de terrain et d’analyses de laboratoire en fonction du plan de mesures hydrodynamiques et d’échantillonnage susmentionné.

Cette société savante propose aussi d’évaluer l’impact socio-économique et environnemental de la pollution et de proposer des mesures d’atténuation et de réparation.

Il recommande en outre, le renforcement de capacités opérationnelles de la station de surveillance du CRREBaC et de dupliquer ce modèle sur d’autres points sensibles. Notamment, les zones d’exploitations minières et industrielles, les zones à forte concentration de population et les zones à biodiversité unique telles que le Pool Malebo  » qui subit la pollution des activités anthropiques de l’ensemble du bassin du Congo ».

Le CRREBaC conseille, par ailleurs, de mettre en place un programme accéléré de formation des formateurs en vue d’accroitre la capacité technique et opérationnelle des services impliqués dans le suivi des risques des catastrophes liées à l’eau.

On rappelle que c’est depuis le début du mois d’août courant que les populations riveraines du bassin de la rivière Kasaï, précisément le long des rivières Tshikapa et Kasaï, vivent une catastrophe environnementale et humaine remarquable.

Vivement la mission de solidarité et humanitaire dans les provinces déjà touchées par cette pollution.

Orly-Darel NGIAMBUKULU

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter