Les sociétaires du célèbre « Couloir Kimbuta » à N’Djili réclament la reprise de leurs activités

C’est une ambiance morose, de deuil que présentent la plupart des terrasses, bars et autres bistrots sur la très bruyante place Kimbuta située, de gauche à droite, aux quartiers 1, 12 et 2 dans la commune de Ndjili.

     Les quelques personnes qui y sont assises devisent sans entrain. Question de passer le temps qui semble long. Les mesures de fermeture dues à la Covid-19 qui frappent ces lieux de loisir y ont laissé des « impacts » visibles. Travailleurs en chômage, difficultés de scolariser les enfants, de payer le loyer, les factures de la Regideso, de la SNEL…Asphyxiés et essoufflés, les sociétaires du tristement célèbre « Couloir Kimbuta« , appellent le chef de l’Etat à lever les mesures prises en mai dernier pour essayer de soulager le calvaire enduré depuis 3 mois. Nous avons effectué une descente dans quelques terrasses….autour de 14h. La traditionnelle ambiance festive a cédé la place à la morosité!

Quelques braseros fument devant ces terrasses  »aphones ». Ici, ce sont quelques papillotes, là, ce sont des morceaux de  viandes de chèvre ou de poulets, tout rougeoyants qui rappellent que cette catégorie de débrouillards sont parmi les plus chanceux dont les activités continuent de tourner. Jeunes gens pour la plupart, ils s’activent à cuire à la braise le repas qu’attendent quelques rares clients discrets.

Employés mis en congé technique, difficultés de payer le loyer, les factures de la Regideso, de la SNEL, baisse des affaires, plus d’avantages…, une litanie de difficultés que rencontrent, depuis trois mois, les tenanciers des terrasses et autres bistrots fermés…un véritable calvaire pour ces gagne-petit.

« Depuis que la terrasse a été fermée, j’ai mis mes trois employés en congé technique. Depuis, je connais une baisse au niveau de mes affaires. Je suis incapable de payer le loyer qui s’élève à 150 dollars, les factures de consommation d’eau et d’électricité« , se plaint la tenancière de la terrasse  » Masuwa Nowa « .

Cette jeune femme s’insurge en outre contre les agents de l’Etat qui lui demandent de payer les différentes taxes aussitôt les mesures levées, alors que trois mois durant ses activités ont cessé de tourner plus. « J’attends le jour où ces agents de l’Etat viendront me demander de payer les taxes« , menace-t-elle.

Mme Mboli, responsable de la terrasse « Mambweni« , dit affronter les mêmes difficultés dues à la fermeture de ses activités. Comme la précédente, elle a envoyé en chômage ses quatre employés, faute de rentrées en termes de recettes.

En plus de difficultés pour payer les factures de la Regideso et de la SNEL, elle regrette de ne plus bénéficier de la remise qu’elle recevait de la part des sociétés brassicoles en contrepartie des achats de la boisson. « Comment maintenant payer les frais de scolarité de nos enfants« , s’interroge-t-elle.

QUE L’ETAT PRENNE EN CHARGE LES TAXES

Quant aux taxes, elle demande à l’Etat de les prendre en charge.

Par ailleurs, elle dénonce fermement le fait que les chaises de sa terrasse avaient été emportées par la Police, alors que l’autorisation était donnée d’avoir une vingtaine de clients respectant les gestes barrières et ayant leur boisson déposée par terre (sic). Maintenant, regrette-t-elle, pour récupérer ces chaises, la Police exige 5000FC par chaise. Et la personne arrêtée lors de cette descente des policiers doit payer 20 000 FC et la tenancière de la terrasse 100 000 FC.

Pour un employé de la terrasse « Joli Skit« , docta Apaps, la plupart des tenanciers de terrasses sont des fonctionnaires, incapables à ce jour de scolariser leurs enfants, leurs sources de revenus étant fermées par l’Etat.

Il estime que la fermeture des débits de boisson dans la commune de N’djili a entraîné une augmentation du nombre de « kuluna » à Kinshasa pourtant en baisse avant ces mesures.

Pour les tenanciers de terrasses, la mesure de fermeture est inique car plusieurs autres endroits à forte masse ne sont pas fermés. C’est le cas, citent-ils, des bus dans lesquels embarquent plusieurs passagers dont un nombre important sans masques, des marchés où marchands  et acheteurs se côtoient  en grand nombre sans cache-nez ni respect de gestes barrières, des églises où les fidèles se retrouvent également en masse souvent sans respect des gestes barrières.

« Il n’y a que les terrasses, les bars où on rencontre un grand nombre de personnes qui ne respectent pas les gestes barrières et où circule le virus ?, s’interrogent-ils. Sinon, que l’Etat ferme également le Parlement et les autres lieux à forte masse.

Les tenanciers de terrasses sont unanimes pour demander au gouvernement de lever ses mesures qu’ils qualifient d’injustes. Ils s’engagent, une fois leurs activités rouvertes, à assurer eux-mêmes le respect des gestes barrières.

Kléber KUNGU

Laisser un commentaire

Suivez-nous sur Twitter