La démocratie n’est pas une notion nouvelle au sein de la Communauté évangélique du Congo (CEC), la 23ème des communautés de l’Eglise du Christ au Congo (ECC). Elle est y vécue et pratiquée depuis plusieurs années. Le Règlement intérieur et les Statuts de cette Eglise en sont les fondements légaux principaux et sur lesquels repose la pratique démocratique de l’ex-EEMM (Eglise évangélique Manianga-Matadi). Le fonctionnement du Synode est la parfaite illustration de l’exercice démocratique de la CEC. Retour sur le déroulement des assises d’un Synode électif.
Le Règlement intérieur et les Statuts sont les plus importants textes réglementaires régissant la CEC. Ils ont été révisés en 2015. La prochaine révision va avoir lieu en 2025, c’est-à-dire 10 ans après.
Organe suprême de la CEC, le synode est dirigé par un bureau de modération composé de 4 membres : le (la) modérateur (trice), un (e) vice-modérateur (trice), le (la) secrétaire et le (la) secrétaire adjoint(e). A ces membres sont adjoints le président et le vice-président de la CEC en fonction. La modération a un mandat de 4 ans renouvelable une fois.
61.233 MEMBRES REPRESENTES PAR DES DELEGUES
Le Synode de la CEC est l’Assemblée générale de la Communauté, une sorte de copie de l’Assemblée nationale ou provinciale. Les 61233 membres de la CEC y sont représentés par des délégués Sont présents au synode 2 délégués par paroisse (homme et femme), 4 pasteurs par consistoire, les présidents & représentants légaux honoraires, 7 pasteurs retraités, les comités synodaux (modérateur et un membre), les organismes associés (CECO, IME, …), les responsables de différents départements et les invités. Excepté les invités, tous les autres délégués ont droit au vote. Leur nombre peut varier selon le contexte. Alors qu’en temps normal, les délégués peuvent atteindre les 500, leur nombre au Synode 2021 a été de 284, en raison de la pandémie de Covid-19.
Il se tient un synode après deux ans, tandis que le synode électif a lieu après quatre ans, le temps d’un mandat requis pour la plupart des institutions de la Communauté. Les dirigeants de l’Eglise (le président et le vice-président) ainsi que d’autres membres de différents comités synodaux sont élus au cours d’un synode électif.
Plusieurs résolutions sont prises au cours d’un synode, concernant le fonctionnement de la Communauté dans tous les secteurs. Durant les assises et pour faciliter les débats durant les assises, les délégués sont munis de cartons qui portent des numéros. Tout délégué désireux d’intervenir lève son carton et le/la modérateur/rice appelle simplement le numéro du carton.
COMMISSION ELECTORALE
Le Synode électif dispose d’une Commission électorale (CE). Ses membres sont choisis dans chaque consistoire à partir de la base, à raison d’un membre par consistoire. D’où 21 membres pour les 21 consistoires que compte la CEC.
De tous les synodes, celui électif est le plus important aux yeux de la plupart des membres de la CEC. Mais deux points focalisent l’attention des membres de la CEC : les élections qui constituent l’activité la plus attendue et même la plus importante des autres activités qui composent l’ordre du jour du Synode, ainsi que la mise en place (affectation) des pasteurs.
DEUX CRITERES POUR POSTULER
C’est le Conseil synodal, un des organes suprêmes de l’Eglise, qui prépare les assises synodales quelques jours avant. C’est cet organe qui publie la liste des pasteurs candidats président et vice-président. Pour être présidentiable, le candidat doit remplir deux critères : avoir accompli au moins 10 ans de service et avoir totalisé tout au plus de 61 ans âge, au moment des élections, âge requis pour la retraite étant de 65 ans, Pour l’instant, ne peut postuler aux fonctions de président et de vice-président de la CEC qu’un candidat qui est pasteur !
Au Synode 2021, il y a eu 29 candidats présidentiables dont 4 femmes. En plus du président et du vice-président en fonction, tous les candidats peuvent être en lice au poste de président. Deux tours sont prévus lors des élections à ces deux postes. D’où plusieurs heures harassantes de ces scrutins.
D’abord à la présidence ; au terme du premier tour (intention), sont retenus les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix desquels est élu le président au terme du second tour. Il en est de même du vice-président qui est élu selon le même processus. .
A HUIS CLOS DANS UN CLIMAT SEREIN ET SILENCIEUX
Toutes les dispositions sont prises pour éviter toute tricherie et fraude pendant les scrutins. Ainsi, avant les élections proprement dites, tout le temple ou la salle où se tiennent les assises du synode est évacué. N’y restent que les membres de la CE. Les délégués-électeurs sont appelés nommément l’un après l’autre, et placés dans un autre endroit que celui occupé auparavant.
Les élections se déroulent à huis clos dans un climat très serein et silencieux. Le décor est planté : les noms des candidats sont écrits sur un tableau noir, quelques isoloirs et des urnes apprêtés. A l’appel de son nom, chaque électeur, à qui on remet un bulletin de vote, passe devant pour voter.
Les élections terminées, le comptage des voix se fait à haute voix La particularité de ces élections est qu’il est interdit aux candidats de battre campagne de manière ouverte. Ce qui n’exclut pas des tractations ou autres alliances entre candidats ou délégués dans le couloir. A la fin, le président de la CE proclame les heureux élus sous les applaudissements des délégués et de la population de Luozi rassemblée en grand nombre à l’extérieur du temple. En ce moment, les battants de l’église s’ouvrent.
A l’ouverture d’un synode, le président de l’Eglise remet le maillet au modérateur du synode qui le lui remet à la clôture des assises. Le maillet symbolise le pouvoir.
Les dispositions réglementaires de la CEC sont conçues et leur respect par les dirigeants sont tels qu’aucun président & représentant légal n’est tenté de les modifier pour s’offrir un glissement.
Kléber KUNGU, de retour de Luozi