Le Calcc et le Milapro-Ecc menacent !

* Au cas où la crise persiste, les deux structures des laïcs demandent aux présidents de leurs Eglises respectives de se retirer définitivement d’un cadre qui a démontré ses limites.

L’absence de consensus entre les huit confessions religieuses, chargées de choisir le candidat futur président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), est depuis plus de deux semaines, l’un des grands sujets d’actualité en RD Congo. L’impasse s’installe. Autant la question divise les « hommes de Dieu », autant elle suscite aussi une forte agitation dans le camp des acteurs politiques, selon qu’ils soient pro-pouvoir ou de l’opposition.

Ainsi, face à cette situation qui menace sérieusement la paix  dans le pays, les laïcs protestants et catholiques, réunis respectivement au sein du Ministère des laïcs protestants de l’Eglise du Christ au Congo (MILAPRO-ECC) et du Conseil de l’Apostolat des laïcs catholiques du Congo (CALCC), ont résolu de rompre le silence. Ces deux structures  encouragent la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC), à poursuivre les tractations en vue d’un consensus global sur le futur Président de la Centrale électorale. C’est ce qui ressort d’une déclaration conjointe, signée hier mercredi 25 aout, par Jean-Bosco Lalo Pkasha pour le Calcc et Jeef Pambi Mabudiga, pour le compte du Milapro-Ecc.

Cependant, en cas de crise persistante autour du choix du successeur de Corneille Nangaa à la tête de la Centrale électorale, les deux organisations des laïcs catholiques et protestants recommandent aux présidents de leurs Eglises respectives, de se retirer définitivement d’un cadre (la plateforme Confessions religieuses, NDLR) qui, selon eux, aura démontré ses faiblesses à se dépasser et mettre l’intérêts supérieur du peuple, au centre de ses préoccupations.

Par ailleurs, le Calcc et le Milapro-Ecc demandent à la Cenco et à l’Ecc de tirer les conséquences d’une situation qu’ils qualifient de mauvaise foi manifeste des partenaires à l’action. A savoir, le groupe de six chefs de confessions religieuses (Kimbanguiste, Musulman, catholique orthodoxe et églises du réveil du Congo (ERC), parrains de la candidature de Denis Kadima à la présidence de la Ceni.  Forum des As publie ci-dessous, ladite déclaration dans son intégralité.     Grevisse KABREL

DECLARATION CONJOINTE DES LAÏCS CATHOLIQUES ET PROTESTANTS FACE À L’IMPASSE SUR LA DÉSIGNATION DU FUTUR CANDIDAT PRÉSIDENT DE LA CENI

Très chers frères et sœurs dans le Seigneur,

Que la paix et la grâce de Dieu qui surpassent toute intelligence vous soient données par Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur.

La CENI tire son essence du consensus entre parties prenantes, en dépit de leurs divergences profondes, au dialogue de Sun-City, de suite de la méfiance générale vis-à-vis de l’administration publique jugée trop politisée, partant, inappropriée pour l’organisation des élections Fiables. Duquel consensus, naquit la CEI, une Institution indépendante d’appui à la démocratie qui devint la CENI après des reformes essentielles y engagées en son temps.

Une évaluation à la fin de chaque cycle électoral, devrait permettre, au besoin, l’amélioration de notre système électoral.

A cet effet, l’avènement de l’alternance politique en 2018 a constitué un espoir légitime pour des réformes nécessaires de ce système en vue notamment de la dépolitisation de la CENI, à l’instar des autres Institutions d’appui à la démocratie, et garantir ainsi son indépendance. Fort malheureusement, contrairement aux attentes de la population, la nouvelle loi organique portant organisation et fonctionnement de la CENI a plutôt renforcé la politisation de cette Institution, mettant dangereusement en péril son caractère indépendant.

Après Trois processus électoraux reconnus de tous en interne comme en externe, perfectibles voire défaillants pour certains observateurs, caractérisés par des élections pour le moins bâclées, et dont l’implication négative sur la vie de la nation n’est plus à démontrer.

Parmi les causes de cette débâcle de notre système électoral, des lois taillées au gré des humeurs des individus que la recherche de la perfection et l’intérêt général de nos populations.

Pour des raisons évidentes et s’inspirant des recommandations pertinentes de Sun-City. il a plu raisonnablement au constituant, lors de la mise sur pied de cet organe spécialisé chargé de conduire les processus électoraux et référendaires en République Démocratique du Congo, d’intégrer dans le processus, les Forces vives de la nation et les Confessions Religieuses en particulier, à qui revient la lourde responsabilité du choix du Président.

De tout le temps, l’Eglise a été un facteur déterminant voire incontournable à la vie de la nation. Et, sans fausse modestie, la quasi-omniprésence et l’impact réel, à moins d’être de mauvaise foi, de deux Eglises, Catholiques et Protestante dans tous les secteurs vitaux sont plus qu’éloquents.

Pourtant, depuis le lancement du processus électoral en 2005, à cause de l’immixtion des forces obscures et l’instrumentalisation, à aucun moment, consensus n’a été trouvé entre Confessions Religieuses lors du choix du Président de la CENI, avec comme conséquence à chaque coup, le recule considérable de la démocratie, des pertes des vies humaines et des biens, très peu d’attention sur la vie du congolais dont le niveau ne cesse de se déprécier.

Toute chose étant égale par ailleurs et les mêmes causes produisant les mêmes effets, les implications diverses et particulièrement les pressions exercées sur les Chefs des Confessions Religieuses en plein processus de désignation du futur candidat Président de la CENI, leur déclaration commune (toutes fc.v huit) du 23 juillet 2021 faisant foi, empêchent cruellement ce consensus recherché et tend à jeter le discrédit sur les confessions religieuses, vraisemblablement, en vue d’imposer un schéma électoral contraire aux aspirations du peuple congolais.

A cet effet et vu ce qui précède,

Les Laïcs Protestants et Catholiques, réunis respectivement au sein du Ministère des Laïcs Protestants de l’Eglise du Christ au Congo (MILAPRO-ECC) et du Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo (CALCC), soucieux de préserver les acquis de la longue lutte pour la démocratisation de ce pays, de la paix si chèrement acquise, de l’unité et la cohésion nationales ;

Tirant les leçons des expériences douloureuses du passé ; Notent avec regret ce qui suit :

–    Le non consensus sur le choix par les Chefs des Confessions Religieuses, du candidat futur Président de la CENI ;

–    La volonté délibérée de discréditer l’ECC, la CENCO ainsi que leurs dirigeants, et de déstabiliser de l’intérieur la plateforme Confessions Religieuses ;

–    Une tentative des forces obscures de faire perdurer le processus de désignation du futur Président de la CENI pour justifier éventuellement la non tenue dans le délai constitutionnel, des prochaines échéances électorales prévues pour 2023. en incriminer les Confessions Religieuses (Catholiques et Protestants), et faire avancer l’agenda macabre du retrait tant souhaité de celles-ci du processus électoral.

–    Une tendance à vouloir ériger la CIME, commission technique mise en place par ia volonté des Chefs des Confessions Religieuses, en organe des décisions supplantant, et déstabilisateur de la plateforme, ce, au service des intérêts mesquins inavoués.

Saluant la volonté et la détermination de nos Pères Spirituels Catholiques et Protestants,

Le CALCC et le MILAPRO,

–    Réitèrent leur attachement aux valeurs Chrétiennes, leur soutien indéfectible aux Pères Spirituels ainsi que leur détermination à sensibiliser les masses quant au bienfondé de la position de nos deux Églises, à la culture de la paix, au respect mutuel el à la reconnaissance de la valeur de l’autre ;

–    Encouragent la CENCO et l’ECC à ne ménager aucun effort, nonobstant les pressions, à poursuivre les tractations en vue d’un consensus global inclusif sur le futur Président de la CENI, la légitimité de celui-ci en dépendant au plus haut point ;

–    Soutiennent et s’engagent à accompagner le Président de la République. Chef de l’Etat, et Garant de la nation et du bon fonctionnement des Institutions, dans sa vision d’une ROC, État réellement de droit où l’intérêt supérieur du peuple est au centre des toutes les préoccupations, s’inspirant de la philosophie de deux de nos héros nationaux :  » Le Peuple d’abord  » et  » Ne Jamais trahir le Congo « .

En cas de crise persistante et afin de préserver l’honneur et la dignité de nos Eglises et ses dirigeants, mises à rude épreuve,

Le CALCC et le MILAPRO recommandent aux Présidents de nos deux Églises, Catholique et Protestante,

–    De tirer les conséquences de la mauvaise foi manifeste de partenaires à l’action ;

–    De se retirer définitivement d’un Cadre qui aura démontré ses limites à se transcender et mettre au centre de ses préoccupations, l’intérêt majeur du Peuple de Dieu, et d’amorcer le mécanisme légal, aux côtés de nos populations à l’intérieur et l’extérieur du pays pour la défense des droits du peuple congolais longtemps marginalisé.

Fait à Kinshasa, le 25 Juillet 2021

Pour le MILAPRO/ECC    

Jeef PAMBI MABUDIGA 

Secrétaire National

      Pour le CALCC/CENCO

Jean-Bosco LALO PKASHA

Président

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