*Jusqu’où irait la guéguerre ambiante avec le banc syndical ?
* » La vérité est que le Dg a.i. gêne les intérêts de certains cadres ayant longtemps vécu dans l’omerta « , déclare un initié aux arcanes de la Tour de Lingwala.
Pas facile d’être Freddy Mulumba et travailler dans un environnement empreint de fortes tensions sociales. Secret de polichinelle, plus rien ne va entre le Dg intérimaire de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC) et le banc syndical de cette établissement public de communication. Ancien directeur général adjoint de l’ex-Office zaïrois de radiodiffusion et de télévision (OZRT), Freddy Mulumba est donc la cible des flèches empoisonnées de certains cadres et agents de la RTNC qui cherchent sa peau, quel qu’en soit le prix à payer. A la première ligne d’attaque, se trouvent les délégués syndicaux.
Selon des syndicalistes, il est reproché au DG a.i. de la RTNC « la mauvaise gestion , aussi des ressources humaines que des entrées de l’entreprise en termes de revenus« , quelques mois seulement après son élévation, à la suite du décès, le 25 juin dernier, de son titulaire Ernest Kabila.
Cependant, des sources très proches de Freddy Mulumba, mis en cause par le banc syndical, rejettent en bloc tous les griefs portés contre ce dernier. « Si Jésus-Christ, Fils de Dieu, n’avait jamais fait l’unanimité de ses contemporains, à combien plus forte raison un humain comme Freddy Mulumba dont la tête est présentement mise à prix ? La vérité est que le Dg a.i. gêne les intérêts de certains cadres ayant longtemps vécu dans l’omerta« , déclare un membre du cabinet de Freddy Mulumba.
En ce qui concerne premièrement, la gestion courante de la RTNC, la même source soutient que Freddy Mulumba n’y avait jamais été associé du vivant de son prédécesseur, Ernest Kabila. « Dans ces conditions, le bon sens commande qu’une fois aux commandes, le nouveau gestionnaire doit avant tout, dresser un état des lieux de l’entreprise aux fins de corriger les failles éventuelles. Et, c’est ce que Freddy Mulumba avait demandé, avant de se concentrer sur les autres aspects de la vie de l’entreprise. Hélas, c’était sans compter avec des agendas cachés de certains responsables opérant à visage couvert« , stigmatise la même source.
Par ailleurs, des sources concordantes renseignent que c’est pendant cette même période consacrée à l’inventaire de l’entreprise, que des listings de la paie du troisième trimestre de l’année en cours, avaient été présentés à Freddy Mulumba, lui qui venait à peine d’arriver aux affaires. « Il lui fallait donc se donner un peu plus de temps, pour voir clair dans la gestion des ressources. C’est ainsi que le Dg a.i avait mis en place une commission chargée de revisiter tous les fichiers du personnel. Y avaient pris part, le responsable des Ressources humaines, la délégation syndicale, le Conseil d’administration, la Direction financière et, naturellement, la Direction générale! « .
DES IRREGULARITES
A la faveur de son inventaire des ressources humaines, Freddy Mulumba répertorie 3.221 employés de la RTNC sur l’ensemble du pays dont 2.200 pour la seule administration centrale à Kinshasa ! Dès lors, ces effectifs couvaient certaines irrégularités. Un rapport y afférent aurait même été envoyé au Conseil d’administration pour un examen minutieux de la situation du personnel. Ce, non sans la participation du banc syndical et du représentant personnel du ministre de tutelle.
En plus des cas des agents fictifs découverts sur le fichier du personnel, on apprend que l’audit avait également décelé d’autres aspérités, liées à la gestion de l’antenne publicitaire. D’où, la décision de la Direction générale de suspendre, à titre conservatoire, la diffusion de toutes les publicités à la télévision.
« Curieusement, au moment où le Dg a.i cherchait à voir clair dans la gestion de la « manne publicitaire », la délégation syndicale était montée sur ses quatre chevaux, pour se mettre en première ligne de la protestation, sous prétexte que la décision de Freddy Mulumba, privait la RTNC d’importantes rentrées financières« , renseigne une source qualifiée contactée par Forum des As.
Au sujet justement de la publicité, la même source évoque un contrat signé avec le partenaire « WINNER« . « Mais cette clause qui engageait l’annonceur à payer 7.000 USD à la RTNC, n’avait pas été dûment signée par la Direction générale. Plutôt, par le sous-directeur commercial, qui avait ainsi agi sans aucune délégation de pouvoirs. Pire, du montant convenu avec le partenaire, seuls 4.000 USD étaient versés dans les caisses de la RTNC. Il restait donc à justifier la destination du différentiel chiffré à 3.000 USD. Faute lourde ? On comprend, dès lors, que cette découverte ne pouvait guère arranger tous ceux qui tiraient profit de cette situation qui, à mille lieues, sent le détournement« , renchérit la source.
Toujours en ce qui concerne les anomalies constatées à l’arrivée de Freddy Mulumba aux affaires, l’audit initié par ce dernier a révélé que les membres de la délégation syndicale de la RTNC, en plus de leurs salaires, étaient régulièrement payés par le Budget ! « C’est donc à la lumière de toutes ces étrangetés, que le Dg a.i a initié le 2 août courant, une mission de contrôle avec l’appui des experts de l’Inspection générale des finances (IGF). Cette enquête a été demandée pendant que circulait dans les couloirs de la Tour de la cité de la voix du peuple, une rumeur de détournement de 11 milliards Fc, soit environ 5.500.000 USD, de l’enveloppe globale du salaire des agents. Du coup, ce tumulte en rajoutait au mauvais climat à la RTNC« , explique-t-on.
La rigueur de Freddy Mulumba dérange
A en croire nos sources, la délégation syndicale de la RTNC, ayant appris la présence de l’IGF dans leurs murs, auraient demandé une rencontre avec la direction générale, pour un dialogue social. Tout en accédant favorablement à la requête du banc syndical, Freddy Mulumba aurait, cependant, souhaité que cette rencontre ait lieu après les conclusions de l’IGF, pour permettre aux différentes parties d’entamer des discussions sur des données chiffrées et accessibles. La fameuse et célèbre théorie de « pièce contre pièce« .
Mais, face à l’empressement des syndicalistes qui tenaient mordicus à cette rencontre, sans attendre la fin de l’audit de l’IGF, Freddy Mulumba, au nom de la paix sociale, aurait finalement accepté que la rencontre se tienne le lundi 16 août dans la salle des cours de l’ICA. Curieusement, c’est le même syndicat qui fait volte-face, en déposant un préavis de grève le 13 août. Soit, trois jours avant la date de la rencontre avec la Direction générale.
Tout bien considéré, des sources à la RTNC notent que les griefs du banc syndical formulés contre Freddy Mulumba, ne tiennent pas debout, dans la mesure où ils remontent à la période où l’actuel Dg a.i n’était pas encore pris les rênes de l’entreprise. En ce qui concerne, par exemple, le réajustement du barème salarial, doit-on souligner ici que cela ne relève pas de la compétence de la Direction générale. Plutôt, du ministre de tutelle. Doit-on dès lors, déduire que la rigueur de Freddy Mulumba est la cause de l’agitation actuelle à la RTNC? Poser la question, c’est à la fois y répondre, jugeait Albert Camus. Grevisse KABREL