La suite de l’état de siège suspendue à la tournée du Premier ministre

* D’ores et déjà, certains élus estiment que la loi martiale actuellement en vigueur, perd un peu de son authenticité dans la mesure où elle tend à s’installer dans la durée.

Il y a plus de trois mois, le Président Félix Tshisekedi proclamait, en mai dernier, l' »état de siège » dans deux provinces de l’Est de la RD Congo où sévissent près de 122 groupes armés, selon des experts. Toutes proportions gradées, l’Ituri et le Nord-Kivu sont régulièrement le théâtre de violences armées et de massacres de civils.

On rappelle que cette décision du Président Félix Tshisekedi a été prise conformément à l’article 85 de la Constitution qui prévoit la proclamation de l' »état d’urgence ou l’état de siège », « lorsque des circonstances graves menacent, d’une manière immédiate, l’indépendance ou l’intégrité du territoire national, ou qu’elles provoquent l’interruption du fonctionnement régulier des institutions […] Il en informe la Nation par un message ».

Cependant, plus de trois mois après son entrée en vigueur dans les deux provinces, ce régime d’exception prorogé six fois, se trouve au cœur d’une controverse au sein de l’opinion. La problématique tourne autour de la poursuite ou pas, de cette Loi martiale. On retrouve d’un côté, des élus et des acteurs de la Société civile qui soutiennent l’idée de mettre fin à ce régime d’exception. A l’inverse, un autre camp est celui des députés nationaux et des représentants de la Société civile dans chacune des deux provinces, qui estiment que l' »état de siège » en vigueur doit aller jusqu’au bout.

Dans l’un et l’autre camp, les arguments ne manquent pas. Ceux qui s’opposent à la poursuite de l’état de siège, sont d’avis que ce dernier tend à perdre de son authenticité, car il n’a pas vocation à s’installer dans la durée. De par sa nature, en effet, un  « état de siège » est entendu comme « des mesures de sureté, prises en vue du maintien de l’ordre, qui suspend momentanément l’effet des lois ordinaires et remet tous les pouvoirs entre les mains de l’autorité militaire ». Moralité, il doit être limité dans le temps. 

Une autre raison avancée, est celle liée à l’évolution-même de  la situation sécuritaire en cette période d’état de siège dans les deux provinces de l’Est de la RD Congo. les partisans de la non-poursuite de ce régime d’exception assorti de beaucoup de restrictions de droits et libertés des citoyens, tout en reconnaissant quelques résultats engrangés, font savoir que malgré cette décision, les massacres des populations civiles se poursuivent en Ituri et au Nord-Kivu.

Par contre, ceux qui sont favorables à la poursuite de l’état de siège, pensent que l’on ne devrait envisager, au stade actuel,  la levée de cette décision, tant les terroristes ougandais des ADF, continuent à commettre des exactions sur le territoire national.

DE LA TOURNEE DU PREMIER MINISTRE DEPENDRA LA SUITE

Face à cette controverse, il va donc de soi que l’avenir de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu, dépendra de ce que le Premier ministre en tournée,  depuis le samedi 21 aout dans les deux provinces, aura personnellement vu et entendu.

Une descente sur terrain valant plus que mille rapports administratifs, Jean-Michel Sama Lukonde s’est rendu personnellement au front, pour palper la réalité dans les deux provinces sous état de siège. A l’issue de son périple, le Premier des « Warriors » se sera sans doute  fait, une religion de la situation dans les deux provinces. Evidemment aussi, il fera un rapport au Chef de l’Etat. Et, in fine, il appartiendra au Gouvernement de fixer l’opinion en connaissance de cause, sur base du constat du Premier ministre. Surtout au Nord-Kivu, considéré comme le coin du pays qui a payé et continue à payer le lourd tribut des exactions des forces négatives.  Grevisse KABREL

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