La CENCO accuse Augustin Kabuya

* Dans sa déclaration d’hier, l’épiscopat catholique congolais note, à cet effet, un grand recul sur le chemin de l’Etat de droit.

La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a réagi, à travers une conférence de presse hier lundi 2 août, aux actes de vandalisme dont ont été victimes, le weekend dernier, les lieux de cultes à Kinshasa et dans le Kasaï. Pour les princes de l’église catholique, ces actes de violence sont inadmissibles et constituent un grand recul sur le chemin de l’Etat de droit, cheval de bataille de l’action politique du chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi.

L’abbé Nshole n’est pas allé avec le dos de la cuillère. Le prélat catholique cite nommément le SG de l’UDPS d’être à la base de la profanation des lieux de culte et de menaces dont ils sont victimes. Pour lui, les menaces d’Augustin Kabuya contre les évêques incitent les « combattants »  du parti présidentiel.

« La CENCO condamne fermement ces actes de violence inadmissibles qui sont une grande atteinte à la liberté religieuse et d’expression, mais aussi une entorse à la démocratie. C’est un grand recul sur le chemin de l’Etat de droit auquel aspire le peuple congolais« , a indiqué l’abbé Donatien Nshole.

La CENCO demande aux commanditaires de ces actes qu’elle qualifie de « haineux » d’arrêter. Elle appelle le Gouvernement à prendre cette situation en main en identifiant ces jeunes qui ont agi à visage découvert afin qu’ils soient sévèrement sanctionnés.

VIVEMENT DES SANCTIONS SÉVÈRES

L’épiscopat congolais  réitère, in fine, son engagement à poursuivre l’accompagnement du peuple dans la consolidation de la démocratie et l’amélioration de ses conditions de vie.

« Notre peine est d’autant plus grande que tous ces actes manifestent une haine contre l’Eglise catholique. En effet, à notre connaissance, le cardinal n’a pas pris une position qui n’est pas contre celle de la CENCO dans le cadre de sa mission prophétique« , précise la déclaration.

Répondant à une question sur les propos du SG de l’UDPS qui a accusé le cardinal Ambongo de politiser l’église catholique, Donatien Nshole affirme que la CENCO n’a pas l’intention de porter plainte.

PAS DE HAINE CONTRE LES KASAIENS

« C’est un regret. La CENCO ne va pas se rabaisser jusqu’à porter plainte contre un individu. Nous nous promenons dans le pays. On sait combien les Congolais comptent sur leurs pasteurs pour être leurs porte-paroles. Donc, ce n’est pas une minorité de gens autour de quelqu’un qui va nous impressionner », a-t-il regretté.

L’abbé Donatien Nshole a saisi cette occasion pour appeler la population Kasaienne à ne pas se laisser manipuler par ceux qui racontent que l’Eglise catholique s’oppose à la désignation de Denis Kadima pour la simple raison qu’il est de la même tribu que le chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi.

« Qu’ils ne se laissent pas manipuler par un regroupement de gens qui ont plutôt leurs intérêts à eux que ceux de la population kasaïenne. Je les rassure ici que la CENCO n’a rien contre les Kasaïens, contre la tribu Luba.

La CENCO dénonce plutôt le tribalisme général mais n’a jamais été contre une tribu. La vérité est qu’aucune confession religieuse ne voulait assumer aucune de ces candidatures« , a expliqué le SG de la CENCO.

LES RAISONS DE L’OPPOSITION

L’occasion faisant le larron, l’abbé Donatien Nshole est revenu sur les raisons de l’opposition de l’Eglise catholique et de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) à la candidature de Denis Kadima. Il souligne que ce qui jette le discrédit sur cette désignation, est le fait que les personnes directement impliquées dans ce processus aient subi des menaces pour voter en faveur de ce candidat.

« Les raisons qui ont fait que la CENCO et l’ECC disent non au candidat x, c’est le fait qu’il y a des témoignages, on ne dit pas des allégations, pas de personnes qui ont entendu quelqu’un dire mais plutôt de personnes concernées elles-mêmes, qui ont dit qu’elles subissaient des pressions de certaines autorités ou personnalités les enjoignant de voter pour un candidat », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : « Tous ont signé la déclaration dénonçant les intimidations et menaces, qui affectent l’indépendance de la CENI. Il y en a aussi qui ont témoigné dans une plénière qu’ils ont été approchés par x personne citée pour voter ce candidat moyennant une somme colossale. Nous ne l’avons pas entendu dans une rue, mais dans une plénière et c’est noté dans un rapport. Donc au regard des critères que nous nous sommes fixés nous-mêmes, seule l’expertise ne compte pas, la moralité aussi« .

LA CENI QUI DIVISE

La profanation des lieux saints de l’église catholique fait suite à la position prise par les dirigeants de cette église et ceux de l’ECC dans le processus de désignation des délégués à la CENI. Ces églises rejettent le choix porté par les autres confessions religieuses sur la personne de Denis Kadima qu’ils qualifient de peu crédible pour plusieurs raisons

Dans une lettre datée du 26 juillet dernier, l’évêque de Mbuji Mayi, Mgr Emmanuel-Bernard Kasanda, a fait état, depuis le mois d’avril de l’année en cours, des actes de profanation des paroisses, grottes mariales, autels et sanctuaires.

A cette décision, s’est ajoutée, une vidéo du secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya très partagée le même week-end sur les réseaux sociaux, accusant l’Archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, et le secrétaire de la CENCO, Donatien Nshole, de politisation de l’église catholique.

Comme si cela ne suffisait pas, un groupe de jeunes non autrement identifiés ont posé le dimanche 1 août dernier, contre l’archevêché de Kinshasa et la résidence du cardinal, des actes de vandalisme, en plus des injures.

Ci-contre, le texte intégral de la conférence de presse de l’abbé Donatien Nshole.

Orly-Darel NGIAMBUKULU

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