Elles sont rares, rarissimes les bonnes nouvelles sous les tropiques rd congolaises ! Lorsque la moindre éclaircie traverse la grisaille ambiante dans le firmament pourquoi faire la fine bouche? Pourquoi bouder notre plaisir ? Pourquoi ne pas pousser l’alléluia dont les Congolais chrétiens devant l’Eternel ont le secret ?
En l’occurrence, lorsque le ministre de l’Economie annonce à la ville et au pays la baisse du prix du billet d’avion, pourquoi ne pas applaudir de deux mains? Cette diminution devant charrier quantité d’effets d’entrainement sur le front des prix de certains produits de consommation courante qui proviennent notamment de Goma, Kisangani et de Lubumbashi. L’inverse aussi étant vrai vu de Kinshasa.
On ne peut pas non plus se formaliser de ce que les Warriors brandissent cette baisse du prix d’avion comme un haut fait d’arme. En quête de bilan, le Gouvernement n’ignore pas que comme ses devanciers proches et lointains, c’est sur le vaste champ -encore quasi vierge- du social qu’il est attendu. Et sera jugé.
Candidat déclaré à la présidentielle de 2023, Félix-Antoine Tshisekedi n’est pas sans savoir que sa réélection -si élection libre il y aura – sera en grande partie conditionnée par sa réponse à l’abysse social. « Piégé » par le lourd héritage programmatique du Père résumé par « Le peuple d’abord« , le Fils est dans l’obligation d’y donner un contenu concret.
Sinon, ce « mantra » tshisekedien irait enrichir le musée- déjà hyper garni – de slogans qui tiennent lieu de bilan de chacun des pouvoirs antérieurs à l’ére Fatshi. « MPR égal servir et non se servir« , « Agriculture, priorité des priorités« , « Plus rien ne sera comme avant« , « Tout va changer, tout doit changer« , « Pouvoir au peuple« , « Révolution de la modernité« … Les Congolais d’un certain âge, mieux d’un âge certain auront remarqué que cette galerie de concepts creux va des années Mobutu à la période Kabila. C’est dire…
S’il est donc parfaitement légitime que le « Président-candidat » mise sur des actions sociales à impact visible et immédiat, il reste à savoir si pour le cas de la baisse du billet d’avion le consensus brandi par le Gouvernement est partagé par les opérateurs économiques du secteur. Sans quoi, la « bonne nouvelle » risque de voler bas.
En somme, on se retrouverait dans un cas de figure classique où logique politique et « rationalité » économique se toisent. La chronique des relations pouvoirs publics-patronat est pleine de séquences où pour soigner aux petits oignons sa clientèle et espérer élargir ses parts de marché, le gouvernement fait passer par pertes et profits les considérations économiques. Même si celles-ci finissent par le rattraper tôt ou tard.
Tel est le cas par exemple de cette gratuité de l’enseignement au forceps. Une décision à haute portée sociale – et donc politiquement rentable – mais qui, faute de mesures d’encadrement en amont, se révèle destructrice de la qualité de l’enseignement. Ce qui, pour le coup, ressemble à ce remède qui s’avère plus dangereux que le mal qu’il est censé soigner !
Alors, scepticisme voire pessimisme par principe ? Anti-fatshisme primaire comme il a existé l’antimobutisme puis l’antikabilisme primaire? Rien de tel.
L’économie est sans doute le domaine par excellence où s’applique le proverbe selon lequel ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait tomber la fièvre. A moins d’opter pour le dirigisme. Ce qui serait un véritable oxymore par rapport à la doxa libérale de « Sa Majesté le FMI » sous les fourches caudines duquel le pays s’est remis.
José NAWEJ