La dépouille mortelle de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, Président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga, Président du Conseil d’administration de la SNCC » Société nationale des chemins de fer du Congo » et Président national du parti politique UNAFEC » Union nationale des fédéralistes du Congo est arrivée hier à Lubumbashi en provenance de Luanda en Angola.
Les obsèques officielles de » Baba » sont prévues en principe – sauf changement de programme – aujourd’hui. Le Président de la République Félix Tshisekedi devrait assiter à ces funérailles. Lui qui s’est dit très éploré par cette disparition d’un des treize fondateurs de l’UDPS qui y compris Etienne Tshisekedi Wa Mulumba d’heureuse mémoire, en 1979, en leur qualité de parlementaires du Conseil législatif, avaient adressé au tout puissant Mobutu Sese Seko, Président du Zaïre, la lettre de « 52 pages« . Au fait un sévère réquisitoire sur sa gestion de l’Etat qui leur valu la foudre.
On apprend que sur place, il y a déjà une grande mobilisation des jeunes de l’UNAFEC pour réserver un accueil délirant à » Baba « . Leur chef a fait une mise en garde à tous ceux qui tenteraient de provoquer des troubles dans la population en profitant de cette triste circonstance. Dans la ville, Kyungu Wa Kumwanza avait une base impressionnante et surtout fidèle qu’aucun autre leader katangais. Cela fut démontré à plusieurs occasions.
On ne peut parler de « Baba » sans évoquer les troubles interethniques de 1992-93 lorsque les Kasaiens sont chassés du Katanga alors le Shaba avec comme gouverneur de province Gabriel Kyungu Wa Kumwanza. Mais attention , il faut mettre à son actif, le fait qu’au cours de ces dernières années, il s’est fait le chantre de la cohabitation pacifique entre ces deux communautés, Kasaïens et Katangais, qui connaissent de malheureux rebondissements depuis 60 déjà à l’époque de l’Etat indépendant du Katanga de Moise Tchombe, où les Kasaïens étaient chassés du Katanga.
Aujourd’hui, jusqu’à sa mort, « Baba » a réussi cet impossible rapprochement au point que les évènements de 92 sont plutôt perçus comme un lointain triste souvenir tout en veillant à ce qu’il n’y ait jamais pareille réédition. Il semble avoir réussi. Il l’a bien démontré en s’opposant farouchement à de relents séparatistes dans le chef de certains leaders katangais à commencer par les » Bakata-Katanga « . là il faut faire un chapeau bas à » baba « .
Sous Mobutu, Gabriel Kyungu Wa kumwanza est jusqu’aux années 90 de la démocratisation parmi l’aile radicale de l’UDPS avec son discours au vitriol contre le dictateur. Ce qui lui vaut d’être arrêté plusieurs fois, torturé et relégué dans des contrées reculées des provinces autres que son Shaba natal.
Ce calvaire intervient naturellement avant la création de l’UDPS en Février 1982, dans la clandestinité étant donné que les partis politiques sont encore interdits. » Baba » signe à cet effet l’acte de création de l’UDPS, suite logique de la lettre de » 52 pages » de 1979, comme Commissaire du peuple, c’est-à-dire député élu dans la circonscription du Shaba, actuel Katanga. C’est là où son chemin se croise avec celui d’autres députés membres du » Groupe des 13 » avec entre autres Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, Joseph Ngalula, Paul Kapita, François Lusanga, Biringanine…
Il faut noter que ce » groupe des 13 » dont fait partie Gabriel Kyungu Wa Kumwanza a connu un même itinéraire politique jusqu’en 1987 où ils ont signé les Accords de Gbadolite avec Mobutu pour intégrer les Instituions du Pouvoir du MPR-Parti-Etat mais qu’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba était le seul à avoir dénoncé. C’est à partir de ce moment que le » Groupe des 13 » qui était bien soudé connaît ses premières divisons. Mobutu Sese Seko a réussi son coup de maitre. Mais ça n’aura que l’effet d’un coup d’épée dans l’eau, car l’UDPS va survivre. Jusqu’à ce jour. KANDOLO M.