Ils n’en peuvent plus! Après plus de trois mois de fermeture de discothèques, de bars et autres terrasses à Kinshasa, ceux qui en vivent crient à l’asphyxie. Cas de tenanciers de terrasses du Bloc commercial de la commune de Bandalungwa. Comme tous leurs collègues des terrasses d’autres coins de la capitale, ces opérateurs du secteur informel ne demandent pas mieux au chef de l’Etat, que la réouverture de leurs sites. Forum des As a effectué une descente sur terrain dans la soirée du samedi 7 août.
La commune de Bandalungwa surnommée « Paris » par ses habitants essaie, tant soi peu, de s’adapter aux différentes mesures prises par le Chef de l’État depuis le mois de juin. Mais ces décisions sont loin de rencontrer l’assentiment des « Dallois » évoluant dans l’informel.
Il est 20h, quand nous débarquons dans cette commune réputée festive. Vers Tshibangu à « Kash man », c’est un silence de cimetière. Les clients désertent.
Près de 10 minutes plus tard, nous voici à l’Espace Bloc. Il y a certes du monde. Mais dans une ambiance sans musique.
Des propriétaires et gérants se plaignent des conditions dans lesquelles ils travaillent.
« Le Gouvernement central protège les uns comme c’est le cas des églises et abandonnent les autres à leur triste sort, entre autres les bars.
« C’est vraiment déplorable. Les mesures prises par le Chef de l’État sont en réalité encourageantes pour lutter contre la 3ème vague du coronavirus. Mais elles sont discriminatoires dans ce sens où les uns sont favorisés au détriment des autres. Les églises fonctionnent à plein régime. Plus de 2000 fidèles répondent présent au culte. À part le port de masques respecté par certains clients, aucune autre mesure n’est observée. Pas de distanciation physique, plusieurs personnes foulent aux pieds des gestes barrières. Nous sommes des responsables de familles, nous avons des enfants à nourrir et à scolariser« , déclare sous couvert de l’anonymat une vendeuse de brochettes, poulets, poissons grillés et fumés au niveau de Bloc.
A plus de 5 et 10 m de là, à l’Espace « Toujours no stress« , les clients, avec ou sans masque anti postillon, sirotent leurs pots mais sans musique et dans la distanciation physique.
NOUER LES DEUX BOUTS DU MOIS, UN CASSE-TÊTE
Pas loin, à la terrasse « Sandra Mbongo« , une dizaine de clients sont assis dans le noir. Le gérant Trésor dit tirer le diable par la queue et ne sait plus payer le loyer. Pour lui, Fatshi seul peut décanter cette situation.
« Il y a des clients qui viennent pour goûter aux délices de la vie le week-end en vue d’évacuer la pression, les stress du travail et surtout au pays avec cette crise. C’est un véritable jeu de cache-cache entre nous, tenanciers de bars et terrasses et les Forces de l’Ordre. Nous payons le loyer à 150 USD. La crise ne fait que battre son plein. Difficile de payer le loyer et subvenir à certains besoins. Je suis étudiant à l’Institut national des bâtiments et travaux publics (INBTP). Notre terrasse s’ouvre généralement l’après-midi jusqu’à 22h« , a-t-il dit.
Sur l’avenue Kasa-Vubu, chez « Ya Lus« , Me Ramy Kalala dénonce cette politique de deux poids deux mesures des autorités politiques.
Pour ce trentenaire résidant sur l’avenue Isangi, « l’État congolais doit revoir sa décision sur les bars, terrasses, boîtes de nuit étant donné que ceux qui gèrent au quotidien ces activités commerciales ont le devoir de régulariser le loyer, nourrir les familles. D’ailleurs, lors de la levée des mesures de restriction après la première vague, les bars et terrasses ont rouvert en premier lieu« , a-t-il souligné.
On rappelle que le mercredi 4 août, un bon nombre de DJ, des gérants de bars, terrasses, discothèques, boîtes de nuit ont marché à Kinshasa pour réclamer la réouverture de leurs activités.
La 3ème vague sévit en RDC depuis le 3 juin et de fortes mesures ont été prises par le Chef de l’État, le 15 juin pour endiguer cette pandémie.
Gloire BATOMENE