Y aurait-il de quoi paniquer ? Y aurait-il matière à faire œuvre de lanceur d’alerte ? Ou serait-on dans un cas de figure où s’agiter équivaudrait à crier au loup pour enfin s’entendre répondre par un artiste bien de chez nous qu’il n’y a rien , c’est l’homme qui a peur. Mystère. Tout est encore mystère dans le débarquement des réfugiés afghans en Ouganda. 51 sont arrivés hier. Le pays de Yoweri Museveni va en accueillir d’autres.
Certes, l’Ouganda est souverain. Ce pays est libre d’héberger qui il veut sur son sol. En plus, personne ne saurait reprocher au Président Museveni de faire de la sous-traitance US la pierre angulaire de sa politique étrangère depuis qu’il est aux manettes de l’Ouganda. Une stratégie qui sonne comme une assurance-longévité.
Sans être un modèle de » démocrate « , Yoweri Museveni-plus de 30 ans au pouvoir- traverse des décennies en se recyclant via des élections que les censeurs occidentaux décrient dans des pays dirigés par des présidents » ingérables « .
Seulement voilà. Tout Etat fait la politique de sa géographie, écrivait Napoléon. De ce point de vue, la présence de plusieurs dizaines d’Afghans -et demain plusieurs centaines- ne saurait laisser la RDC indifférente. Voisinage immédiat oblige. Mais, surtout, vieux comptes sécuritaires non encore soldés obligent.
Dans leur job de sous-traitant, le Président ougandais et son homologue rwandais avaient, en effet, entrepris de redessiner la carte de l’Est rd congolais. D’où la kyrielle de guerres d’agression assorties de rébellions-écrans ou business qui ont fait de la partie orientale du Congo-Zaïre un véritable Far West. Voici plus d’un quart de siècle que cela dure avec ces multitudes de groupes armés qui ne sont que des avatars du péché originel qu’est la tentative de balkanisation du pays de Lumumba jugé trop grand, trop riche pour ne faire qu’un. Dans une des envolées oratoires dont il détient le secret, l’ancien Président français Nicolas Sarkozy en avait appelé du haut de la tribune du Parlement congolais à une mutualisation des ressources- rd congolaises ?- au niveau des pays de Grands lacs.
Pour la petite histoire, ce sont d’autres réfugiés, hutus rwandais ceux-là, qui avaient servi de motif apparent pour que les corps expéditionnaires rwandais et ougandais traversent la frontière. On connait la sinistre suite.
Chat échaudé devant craindre même l’eau froide, le Pouvoir congolais devrait intégrer la présence de ces lointains -géographiquement, culturellement et stratégiquement- réfugiés afghans comme une question de sécurité intérieure.
Encore que bien malin qui pourrait déterminer la durée du séjour de ces hôtes à nos frontières pas toujours hermétiques. Bien malin qui pourrait ensuite certifier que ces réfugiés sont tous des enfants de chœur à traiter avec un grand cœur. Suite au précédent, bien malin enfin qui pourrait mettre la main au feu en excluant toute liaison dangereuse voire religieusement incestueuse entre les apprentis islamistes des ADF et de probables…Talibans résiduels qui pourraient être passés par les mailles du filet américain jusqu’en…Ouganda .
Fiction ? Exagération ou raccourci journalistique? Possible.
Reste qu’en matière de terrorisme, la réalité a plus d’une fois dépassé la fiction. A Kinshasa d’appliquer seulement la formule prudentielle d’Emile de Girardin: » Gouverner c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte « .
José NAWEJ
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Ça craint !