Confessions religieuses : La polémique est totale !

* Répondant à l’abbé N’Shole, Dodo Kamba, président de l’ERC soutient que « l’argumentaire sur lequel se basent la CENCO et l’ECC, pour justifier le rejet de Denis Kadima, sont des allégations sans preuves, des rumeurs »

Schisme total au sein des confessions religieuses en RD Congo. Jamais, un sujet n’a autant divisé les responsables d’églises, tel l’est depuis quelques jours, le choix du successeur de Corneille Nangaa à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Après l’épisode « orageux » de Ronsard Malonda en juin 2020, les chefs de confessions religieuses jouent l' »acte » Denis Kadima, un peu comme dans le film « Je t’aime moi non plus » du très célèbre réalisateur et artiste français, Serge Gainbourg en 1976.

Secret de polichinelle, Denis Kadima est donc loin d’être le candidat du consensus. Soutenu par les délégués des églises de réveil, présidées par Dodo Israël Kamba, élu à ce poste le vendredi 12 septembre dernier, Denis Kadima devrait encore attendre la bénédiction des responsables des Eglises catholique et protestante qui continuent à maintenir leur véto. Depuis, on assiste à l’éclatement des confessions religieuses en deux ailes. D’un côté, le camp des pros Kadima, constitué des représentants des églises de réveil à l’élection du nouveau président de la Centrale électorale. Et, de l’autre, l’aile « dure » des « anti » où l’on retrouve les catholiques et les protestants.

Vu de nombreux observateurs, la situation qui prévaut actuellement au sein des confessions religieuses, n’à rien à envier à celle que l’on observe, depuis des décennies, chez des acteurs politiques et des musiciens congolais, très convoités par le démon de la division. La comparaison devrait peut-être s’arrêter là.  Le plus important à retenir est le fait que les querelles autour du choix (difficile?) du nouveau patron de la CENI, continuent à entretenir entre les deux ailes aux antipodes, une telle animosité croissante qui donne à penser que chaque camp veut jouer son « agenda » de nouvelles élections prévues normalement en 2023. Soit, dans ans.

LA « CONTRE-OFFENSIVE » DE DODO KAMBA

 Les Congolais d’ici et d’ailleurs, qui suivent les différents débats autour du choix très controversé de Denis Kadima à la présidence de la Ceni, auront donc remarqué que les deux ailes antagonistes ne manquent pas d’arguments pour motiver, soit leur assentiment, soit leur rejet du résultat du vote de ce dernier. Ainsi, par exemple, les Catholiques et les Protestants disent s’opposer à cette élection à cause des irrégularités notoires ayant entaché le processus.

Pas plus tard que le lundi 2 août courant, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), par la bouche de son Secrétaire général, l’abbé Donatien N’Shole, n’a pas usé de la langue de bois. Au cours d’une conférence de presse, ce prêtre a rapporté, sans circonlocutions, les témoignages-chocs de certains électeurs de Denis Kadima. Ces derniers, selon le SG de la Cenco, auraient agi sur fond de menaces et autres intimidations. On parle même des promesses d’importantes sommes d’argent et de véhicules neufs à ceux des chefs des confessions religieuses qui auront voté pour Denis Kadima!

D’une conférence de presse à une autre, les Eglises de réveil, prises à partie par l’aile (radicale ?) Catholiques-Protestants, ont rejeté toutes les accusations portées contre elles. Face aux professionnels des médias, hier mardi 3 août, Dodo Israël Kamba, Président des églises de réveil en Rd Congo (ERC), a à son tour, déclaré que  l’argumentaire sur lequel se basent la CENCO et l’ECC pour justifier le rejet de Denis Kadima et Cyrille Ebotoko sont des allégations sans preuves, des rumeurs.

 Toujours au cours de cette rencontre avec la presse au siège de la Commission d’intégrité et médiation électorale (CIME), le représentant des Églises de réveil, entouré des membres de leur structure, a dit ne pas comprendre la position de l’Église catholique et l’Église du Christ au Congo (ECC), sur la désignation du président de la CENI. Pour Dodo Israël Kamba, il n’est pas question du retrait des candidatures de Denis Kadima et Cyrille Ebotoko sans que les contestataires ne leur disent les vraies motivations.  » L’Église catholique et l’ECC n’ont pas été claires à ce sujet « , ponctut l’orateur, sur un ton incisif.

Par ailleurs, Dodo Kamba accuse l’Abbé Donatien N’Shole d’avoir chassé les six confessions religieuses de la salle de la CENCO au Centre interdiocésain (C.I) à Gombe. Selon le président des Églises de réveil, les faits se sont déroulés le mardi 27 juillet dernier lors des échanges autour d’un candidat commun des confessions religieuses, à présenter à la présidence de la Centrale électorale.

 » Nous avons proposé l’article 17 et nous avons fait pression. Ils (Ndlr : les Catholiques et les Protestants) ont répondu qu’eux partaient. Et c’est là que nous avons choisi les deux candidats. Il ne restait qu’à dresser le procès verbal « , explique le président des Églises de réveil. Et d’ajouter :  » Le secrétaire général de la CENCO, responsable des lieux, est venu nous demander de quitter la salle. Il a éteint la lumière. On a demandé si c’était une façon de nous chasser, il a répondu oui « .

Au-delà de toute la saga autour du choix d’un nouveau Président de la Ceni, on retiendra donc que la composante confessions religieuses, n’est pas parvenue à un accord sur l’oiseau rare tant recherché. Ainsi, devant cette difficulté de dégager un consensus, les chefs des églises ont transmis le rapport de leurs travaux au président de l’Assemblée nationale.

CONDAMNATION FERME DE LA PROFANATION DES OBJETS ET LIEUX LITURGIQUES

 Même si le choix du candidat président de la Ceni les divise, les Eglises de réveil ne cachent pas leur indignation collective, face aux actes de profanation des lieux de cultes et d’objets liturgiques, perpétrés dans certains coins du pays, notamment à Mbuji-Mayi, par des inciviques non autrement identifiés et la tentative d’attaque de la résidence officielle du Cardinal Ambongo.

Dans cet élan de solidarité, Dodo Israël Kamba partage la peine des catholiques et exige le respect des lieux et objets sacrés.  » Les comportements barbares de quelques personnes qui se sont permis de pouvoir profaner quelques lieux de culte catholique. Nous restons solidaires avec l’église catholique et nous condamnons cet acte « , a t-il déclaré.

Dodo Israël Kamba, cité par Actualité.CD, ajoute:  » Nous demandons aux Congolais d’avoir le respect des choses sacrées et le respect des hommes de Dieu. Quelques-uns ont tenu des propos désobligeants à l’égard de l’autorité de l’église et nous condamnons cela. Nous avons besoin du respect et nous avons besoin de la considération. Nous partageons ce moment de peine avec l’Eglise catholique. Nous croyons aux valeurs et nous prônons l’unité et la paix. Nous voulons le respect « .

On rappelle que deux jours plus tôt, soit le dimanche 1er aout, onze églises catholiques et un projet piloté par des religieux catholiques dans la province du Kasaï- oriental, ont fait l’objet d’« actes délibérés de profanation, des actes ignobles et particulièrement révoltants« , avait écrit Mgr Bernard-Emmanuel Kasanda, évêque de Mbujimayi.

Grevisse KABREL et Rachidi MABANDU

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