* Dès lors, l’arbitrage du Chef de l’Etat, garant constitutionnel du bon fonctionnement des institutions, est vivement réclamé
Les lignes n’ont toujours pas bougé dans le processus de désignation de nouveaux animateurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en RD Congo. A l’expiration, hier jeudi 19 aout à minuit, du deuxième délai de 48 heures accordé par le Président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso aux huit confessions religieuses, rien n’a donc changé. Bien au contraire. Les deux camps ont maintenu leurs positions. Le bloc Cenco-ECC brandit son Procès-verbal de carence, quant au candidat du consensus à la présidence de la Centrale électorale.
Par contre, le « G6 » ou groupe de six autres confessions religieuses, conduites par Dodo Kamba, tiennent mordicus à Denis Kadima, présenté comme le candidat du compromis. Ce, malgré l’opposition souveraine des catholiques et des Protestants qui assurent respectivement, la présidence et la vice-présidence de la plateforme Confessions religieuses.
Ainsi, cette divergence de plus en plus persistante, entre les deux blocs diamétralement opposés, met le speaker de l’Assemblée nationale devant une équation difficile à résoudre. En d’autres termes, Christophe Mboso devra opérer un choix, entre le PV de carence du bloc (radical ?) CENCO-ECC et le compte-rendu du G6 qui reconnait la candidature de Denis Kadima comme celle du consensus.
Vu des observateurs, si Christophe Mboso se prononce en faveur du duo Cenco-Ecc, alors il aura ainsi cautionné le pourrissement de la situation actuelle. Et, s’il accepte le PV des six autres confessions religieuses, Christophe Mboso aura alors choisi son camp. D’où, le dilemme ! Toutefois, nombreux sont des analystes qui, considérant la position actuelle du numéro 1 de la Chambre, pensent qu’entre un ami (CENCO-ECC) et un frère (le G6), le choix est clair pour ce dernier.
Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, faut-il le souligner, n’est pas un acteur mineur dans le paysage politique actuel de la RD Congo. Ancien membre du Front commun pour le Congo (FCC), son ralliement officiel au Président Félix Tshisekedi en décembre 2020, a été couronné par son élection en février dernier, à la tête de l’Assemblée nationale. Partant, ce rompu de la politique zaïro-congolaise, se trouve investi de la mission de travailler à fond, pour la réélection du successeur de Joseph Kabila, candidat à sa propre succession à la présidentielle constitutionnellement prévue en 2023.
Dès lors que dans les différents états-majors des partis politiques de l’opposition, l’indépendance de Denis Kadima, soupçonné d’avoir des atomes crochus avec l’actuel pouvoir, est remise en cause, les mêmes analystes ont donc du mal à voir Christophe Mboso, prendre ses distances par rapport au choix du G6. Procès d’intentions ? Trêve de supputations, tant il faudrait remettre les pendules à l’heure !
L’INTRANSIGEANCE DU FCC : UNE AUTRE EQUATION
En plus du blocage avéré dans le choix du candidat commun des Confessions religieuses à la présidence de la Ceni, un autre maillon s’ajoute à la chaîne de l’impasse actuelle. A savoir, le refus du FCC de participer à la commission mixte paritaire, instituée par l’Assemblée nationale pour examiner les dossiers individuels des candidats.
Par commission mixte paritaire, on sous-entend, comme son nom l’indique, un groupe de travail composé des délégués de l’actuelle Majorité et ceux de l’Opposition parlementaire, présentement incarnée par le FCC. Du moment que cette plateforme déclare qu’elle n’enverra pas ses lieutenants à ladite commission, celle-ci cesse d’être mixte paritaire. A moins que les choses soient faites autrement pour soigner la forme et légitimer une (énième ?) »inconformité » aux textes du pays.
De l’avis des analystes indépendants, cette prise de position du FCC constitue un deuxième point de blocage dans le processus de réformes de la CENI. Et donc, une deuxième équation qui se présente devant Christophe Mboso, pour ne pas dire l’Assemblée nationale tout court.
FATSHI APPELE A PRENDRE SES RESPONSABILITES
Le classique de la procédure est sans équivoque. Après que les Confessions religieuses ont choisi leur candidat commun à la présidence de la Centrale électorale, le rôle de la Chambre basse se limite à entériner cette volonté des chefs des Eglises. Mais le dernier mot revient au Président de la République. Car, c’est à lui que revient la prérogative d’investir, par voie d’ordonnance, le président de la Centrale électorale accepté par toutes les confessions religieuses et confirmé par la Chambre.
Bien malin, qui pourrait prédire l’issue de la crise actuelle. Puisque l’impasse est réelle, d’aucuns estiment donc que seul l’ultime arbitrage du Chef de l’Etat saurait détendre l’atmosphère politique actuelle. Dit autrement, la conciliation du Président de la République, entant que garant constitutionnel du bon fonctionnement des institutions, est vivement réclamée. Pourvu que l’intérêt général l’emporte sur les équations personnelles à résoudre. Pourvu aussi cette décision finale du Chef de l’Etat ne puisse jeter de l’huile sur le feu. Grevisse KABREL