Nord Kivu : l’Ong Heal Africa a soigné gratuitement plus de 150 femmes souffrant des pathologies gynécologiques à Beni

Du 05 au 27 Juin 2021, une campagne de chirurgie mobile pour femmes a été lancée par la clinique mobile d’uro-gynécologie de HEAL Africa, à l’Hôpital Général de Référence de Beni. Les bénéficiaires étaient les femmes souffrant des fistules, prolapsus génitaux, déchirures du périnée, éventration, et bien d’autres complications gynécologiques des territoires de Beni et celles vivant dans les régions avoisinantes. C’est avec le soutien de la Banque Mondiale à travers le Fonds Social de la RDC dans le cadre du Projet PRVBG que cette campagne a été exécutée. Elles avaient du mal à contenir leur joie, toutes ces femmes qui n’en pouvaient plus de subir les supplices des pathologies qu’elles portaient.

«En déplacement depuis plus de deux ans, je n’ai pas pu réunir assez d’argent pour accoucher dans une structure appropriée, et cela m’a valu une fistule», s’est confiée Kaswera, déplacée d’un village situé à environ 57 km de la ville de Beni. «Plus de 150 actes chirurgicaux ont été posés durant la campagne. Elles présentaient des problèmes de santé divers, avec certains cas d’une gravité alarmante. La plupart des patientes reçues en consultation partagent une histoire commune liée au contexte d’insécurité et déplacement massif des populations qui marque les territoires qui constituent le bloc « Grand Nord », au Nord-Kivu, explique le Dr Justin PALUKU, gynécologue-obstétricien et chirurgien des fistules à l’hôpital HEAL Africa. Beaucoup de patientes soignées durant la campagne sont des déplacées de guerre.

Ces opérations de chirurgie qui ont permis de redonner aux femmes sourire et dignité à Beni,  ville située à 400 km de Goma, se sont déroulées dans des conditions difficiles pour les équipes soignantes de HEAL AFRICA, dispersées à la suite de l’éruption volcanique de Goma le 22 mai 2021. « A considérer la situation et le nombre de femmes qui attendaient à l’HGR Beni, je ne pouvais me permettre aucune excuse», a laissé entendre Dr Benjamin KALOLE, qui a rejoint l’HGR Beni à partir de la ville de Butembo où il s’était réfugié avec sa famille. Le reste de l’équipe était éparpillé dans différents sites d’évacuation. Mais le pari a été gagné.

La joie et le sourire immense des femmes

Après les opérations, on pouvait voir des femmes détendues qui reprennent sourires et le goût de vivre. Quant à Kasoki, elle était étendue sur la table d’opération pour une césarienne lorsque des assaillants identifiés aux rebelles ADF ont attaqué son village. Le personnel médical qui l’assistait lui avait recousu l’abdomen dans la précipitation pour pouvoir, à leur tour, échapper aux tueurs. «une masse inquiétante a commencé à se développer sur son ventre environ six mois après, résultant du fait que la plaie n’avait pas été bien refermée après l’opération subie»  ajoute Dr Justin PALUKU.

Ces instants qui réchauffent le cœur. Quelques jours après l’intervention, les patientes retournent au centre de transit établi au sein de la base locale de HEAL Africa, Beni, pour le suivi, le temps d’un rétablissement complet. C’est ensuite qu’elles regagnent leurs villages respectifs. Là, la bonne humeur reprend le dessus. Chaque nouvelle arrivante est accueillie par ses paires d’une manière qui force l’admiration, une forme de célébration de la victoire que remportent ces courageuses femmes sur ces pathologies qui les ont gardées dans la réclusion durant des années. Leurs sourires francs, la clameur grandissante à l’approche de la brave dame de l’instant, comme elles appellent celles qui reviennent de l’hôpital pour se reposer au centre de transit, cela installe une bonne humeur qui, par voie de conséquence, renforce le travail des assistantes psycho-sociales qui accompagnent les patientes tout le long de leur séjour au centre.

«Ici, je me suis fait de nouvelles amies. Elles m’ont comprise et acceptée à mon arrivée. C’est une deuxième famille pour moi, qui m’a accueillie à l’autre extrémité du tunnel de réclusion où j’étais enfermée», a confié Clémence, délivrée d’une large déchirure du périnée qu’elle a portée 32 ans durant.

Des complications dues à des facteurs évitables

La limitation des naissances reste pourtant l’un des moyens les plus efficaces pour améliorer la santé de la femme. Les grossesses trop précoces, trop tardives, trop nombreuses et trop rapprochées accroissent les risques de développer la fistule, le prolapsus utérin et bien d’autres complications gynécologiques. «Agir sur ces facteurs demeure la meilleure approche pour améliorer la santé de la femme», affirme Docteur Benjamin KALOLE, gynécologue-obstétricien à l’hôpital HEAL Africa, Goma.

Depuis presque une décennie, la clinique mobile d’uro-gynécologie de HEAL Africa exécute des campagnes chirurgicales gratuites pour les femmes à l’Hôpital Général de Référence de Beni.

Pépé Mikw/CPa

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