C’est ce samedi que la dépouille de l’Archevêque émérite de Kinshasa, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya arrive à Kinshasa. La disparition du troisième cardinal congolais a entraîné des tonnes de larmes provoquées par la vive douleur dans le chef des Congolais dans leur ensemble, c’est-à-dire non seulement chez les fidèles catholiques. Ce qui rappelle un autre évènement de triste mémoire, en juin 1989 dans l’ancien Zaïre, qui est la disparition brusque et surtout suspecte du premier Archevêque métropolitain noir de Kinshasa, en la personne du Cardinal Joseph Malula, adulé dans une très grande proportion par ses compatriotes, toutes chapelles confondues pour son opposition aux dérives dictatoriales du tout puissant Mobutu Sese Seko.
En 1971,ce dernier avait piqué une sainte colère au point de le contraindre à l’exil forcé au Vatican après avoir nationalisé et exproprié le siège de l’ordinant de l’Archevêché de Kinshasa. Ce Malula-là a justement pris part à la messe célébrée par le Pape Jean-Paul II en juin 1980 sur l’esplanade du Palais du peuple de Kinshasa au cours de laquelle le Saint-Père avait procédé à l’ordination épiscopale de Monsieur l’Abbé Laurent Monsengwo Pasinya devenu depuis Monseigneur Laurent Monsengwo Pasinya.
Par la suite, l’homme a brillé de mille feux en démontrant par diverses actions qu’il est à compter parmi les hauts érudits du monde scientifique du clergé catholique. Le fait que le Pape François l’ait désigné dans le saint des saints du groupe de huit Cardinaux chargés de réfléchir sur la réforme de la curie romaine montre, si besoin en est, qu’il s’agit d’une sélection de la crème des crèmes de l’Eglise catholique.
C’est du reste ce qui transparait dans le Télégramme du Saint-Père publié à l’occasion de la mort du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Evêque émérite de Kinshasa. Sa Sainteté loue les qualités d’artisan de la paix de Laurent Monsengwo Pasinya qui s’est battu pour faire triompher cette cause dans son pays et au-delà des frontières nationales. François se rappelle qu’il était un infatigable pèlerin en lutte pour atteindre le développement intégral de l’homme, sur tous les plans dans son propre pays, la RDC et sur toute la planète au service de l’humanité.
Le Pape poursuit que Laurent Monsengwo Pasinya a contribué intellectuellement à matérialiser le concept d’inculturation qui consiste à évangéliser en s’appuyant sur la culture locale. C’est à ce titre que l’épiscopat congolais de l’époque était parvenu à imposer à la curie romaine le principe dénommé » rite zaïrois » utilisé lors des célébrations eucharistiques où la procession fait son entrée dans le nef de l’église en chantant et surtout en dansant.
Ce qui n’est pas le cas avec le style grégorien, c’est depuis les années 70 sous Malula que le Saint-Siège avait validé ce rite dit » rite zaïrois » qui a cours jusqu’à ce jour avec l’apport inestimable de Laurent Mosengwo Pasinya, alors Abbé. C’est cet homme très engagé dans la mission prophétique de l’Eglise qui veut que l’Eglise dise la vérité au péril de la vie de ses ecclésiastiques à tous les niveaux et dénoncer les souffrances de son peuple sur le plan, social, c’est-à-dire de son quotidien.
Mais Laurent Monsengwo Pasinya a toujours été incompris par les autorités politiques de son pays. A la CNS (91-93) par exemple, le Pouvoir du Maréchal Mobutu Sese Seko n’avait de cesse de monter des cabales en tout genre pour le discréditer dans l’opinion surtout lorsqu’il s’est porté candidat au poste de Président de la CNS. Mais en vain. Car la CNS a irréversiblement poursuivi son bonhomme de chemin toujours avec comme Laurent Monsengwo Pasinya au perchoir.
Plus tard encore sous le régime de Joseph Kabila qui cherchait visiblement un troisième mandat non constitutionnel après le deuxième devant se terminer en 2016, il a trouvé Laurent Mosengwo Pasinya sur son chemin avec des marches pacifiques du CLC » Comité laïc de coordination « réprimées dans le sang même à l’intérieur même des églises. On se rappelle encore cette célèbre phrase du Cardinal Laurent Mosengwo Pasinya qui demandait aux » médiocres du Pouvoir-Kabila de dégager ». Il a tout de suite été tourné en dérision exactement comme à la CNS. Comme là aussi, l’homme est resté droit dans ses bottes sans être impressionné le moins du monde. C’est là la principale caractéristique de Laurent Mosengwo Pasinya, d’heureuse mémoire.
KANDOLO M.