*Dès lors, le Cardinal Ambongo demande aux chrétiens de prier pour le rétablissement de l’archevêque de Kinshasa.
Mgr Laurent Monsengwo Pasinya n’est pas décédé. Le prélat a plutôt été dans un état critique. L’info a été livrée dans la soirée d’hier dimanche 4 juillet, par des sources qualifiées de l’archevêché de Kinshasa. Ce, en guise de démenti de la rumeur qui a circulé comme une trainée de poudre, en début de soirée d’hier, donnant pour mort le cardinal émérite de la RD Congo.
En croire des sources proches de la famille, le cardinal Monsengwo devrait être évacué dans les premières heures de ce lundi 5 juillet pour l’Europe. « Une séance de dialyse a stabilisé la situation alarmante de la nuit de samedi à dimanche, car il avait un rein bloqué. Toutes les informations faisant état de son décès sur les réseaux sociaux sont pour le moment fausses », expliquent les mêmes sources qui citent le neveu du cardinal malade.
Des informations faisant étant du décès de Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, ont circulé dans la soirée d’hier 4 juillet sur les réseaux sociaux. A l’heure et l’ère des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), ces nouvelles non fondées se sont vite répandues à la vitesse du son. Créant ainsi, émoi et panique dans les milieux des centaines de milliers de fidèles de l’Eglise catholique romaine à Kinshasa, n’ayant aucune possibilité, ni de vérifier l’information ni de croiser les sources.
le Cardinal Ambongo exhorte les chrétiens à la prière
« Chers frères et sœurs dans le Seigneur, Le cardinal Laurent Monsengwo est dans un état critique. Il pourrait être évacué pour des soins appropriés à l’étranger« , a annoncé hier le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa. Il invite tous les fidèles à le soutenir et l’accompagner par « des prières ferventes et intenses« , renseigne ce communiqué qui a fait le tour des réseaux sociaux. Signé par l’abbé Secrétaire chancelier, Georges Njila, ce communiqué rassure les chrétiens.
Par ailleurs, des sources proches de la famille ont affirmé, le même dimanche dans la soirée, que le cardinal Laurent Monsengwo Passinya a besoin d’une intervention médicale.
En visite pastorale hier à la paroisse Sainte Christine de Makala, son successeur, le Cardinal Fridolin Ambongo, a recommandé à la communauté chrétienne d’intercéder pour lui.
En cette visite pastorale intervenue lors de la fête patronale de la paroisse Sainte Christine, créée en 1963, le Cardinal Ambongo a convié les fidèles à focaliser leur attention sur la vocation de leurs pasteurs ‘‘qui portent la bonne nouvelle’‘. Il a rappelé le rôle du clergé, censé interpeller les consciences au sein de la société pour que la justice, la volonté de Dieu… puisse triompher.
Mgr Ambongo a toutefois regretté le fait que, dans un pays comme la RDC, composée de 80% de chrétiens, les gouvernants se soient impliqués dans la gabegie financière, alors qu’ils sont, pour la plupart, d’obédience chrétienne. Déplorant ces détournements de millions de dollars de fonds publics pour assouvir des intérêts égocentriques, le Cardinal Ambongo a convié les gestionnaires des ressources du pays à briller par leur humilité, leur simplicité et leur esprit de service pour l’intérêt communautaire.
Ce franc-parler de l’archevêque de Kinshasa a fort rappelé l’image, le charisme de son prédécesseur, le Cardinal Laurent Monsengwo, connu pour sa franchise, sa fermeté… et particulièrement à l’égard de la classe politique. Sa simple évocation au cours de cette messe a plongé plusieurs chrétiens en émoi. Nombreux se sont remémoré le rôle qu’il a joué au pays à différents échelons.
Visite de réconfort du Président Félix Tshisekedi
Au parfum de la nouvelle, le président Félix Tshisekedi est allé aussitôt rendre une visite de réconfort à Mgr Laurent Monsengwo. Aux dires d’un proche conseiller du Chef de l’État, « la République est prête à apporter son assistance au Prince de l’Eglise qui a traversé toutes les époques de l’histoire de ce pays qu’il a servi ».
De la prison où il est incarcéré depuis près d’un an, Vital Kamerhe, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), a également adressé un message de réconfort au Cardinal émérite, dont il a salué les nombreuses actions bénéfiques qu’il a posées pour le bien de ses compatriotes. Il a, à cet effet, imploré la grâce de Dieu sur cet ancien archevêque de Kinshasa, dont le parcours dans l’histoire du pays reste mémorable.
Un intellectuel à la mémoire fertile
Né à Mongobelé (village situé dans la province du Bandundu) le 7 octobre 1939 – jour consacré à la célébration de la fête de Notre-Dame du Saint Rosaire -, Laurent Monsengwo Pasinya a été ordonné prêtre en 1963. Intellectuel à la mémoire fertile, il est le premier Africain à devenir docteur en Écritures saintes à l’Institut biblique pontifical de Rome, renseigne la revue catholique La Croix.
Professeur de théologie dans plusieurs séminaires et à l’actuelle Université catholique du Congo (UCC), il se fait remarquer lorsqu’il devient secrétaire général de la Conférence épiscopale du Zaïre (aujourd’hui CENCO) de 1976 à 1980. Le 13 février 1980, il est nommé évêque auxiliaire d’Inongo. Et le 4 mai suivant, il reçoit, du pape Jean-Paul II – en visite pastorale à Kinshasa – la consécration épiscopale. Le 7 avril 1981, il est transféré à Kisangani, toujours comme évêque auxiliaire.
Il faudra attendre 1984 pour voir Mgr Monsengwo propulsé à la tête de la Conférence épiscopale, après son élection comme président. Il assumera ce poste jusqu’en 1992. Parallèlement, en 1987, il sera élu membre du Conseil du secrétariat général du synode des évêques, et réélu aussi bien en 1990 qu’en 2001.
Un acteur politique de renom
Promu archevêque de Kisangani le 1er septembre 1988, Laurent Monsengwo s’impose comme l’une de figures politiques de proue à l’avènement de la démocratie sous le régime de Mobutu. En 1991 en effet, il devient président du Bureau de la Conférence nationale souveraine (CNS).Puis, de 1992 à 1996, il trône au sommet du Haut Conseil de la République, érigé en parlement de transition en 1994. Par ailleurs, en 1997, au terme de son mandat, pendant trois ans, en tant que 1er vice-président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), il est élu président de cette institution jusqu’en 2003.
En 2002, Mgr Monsengwo devient vice-président de Pax Christi international. Et en 2004, le voilà élu président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). En 2007, il est nommé archevêque de Kinshasa et fait cardinal en 2010. Il marquera les esprits lorsqu’en 2018, après avoir présenté sa démission auprès du Pape, il va se retirer de sa charge épiscopale, à deux mois des élections présidentielle et législatives qui ont porté Félix Tshisekedi au pouvoir.
L’apôtre de »la Mère du Désarmement »
Outre le terrain politique, le Cardinal Monsengwo s’est montré, du haut de ses 81 ans, très engagé dans la reconnaissance des apparitions de »Nzete ekauka », à Kingasani ya suka (commune de Kimbanseke), où la Vierge Marie s’est présentée sous le titre de ‘‘Mère du Désarmement’‘ le 3 mai 1988 au voyant Raphaël Minga Kwete Espérance de la Croix d’heureuse mémoire.
En quête d’une paix réelle et durable en République démocratique du Congo, en proie à des guerres incessantes depuis 1996, Mgr Monsengwo a reconnu la véracité des apparitions dans sa lettre du 18 mars 2017. Au nom de l’Eglise catholique de Kinshasa en effet, il a été le premier des Ordinaires du lieu à se conformer aux messages du Ciel en proclamant que »Marie est bien la Mère du Désarmement », comme elle l’a révélé au voyant Raphaël Minga. Il l’a réitéré de vives voix le lundi 3 mai dernier, lorsqu’il a célébré la messe en plein air à l’honneur du 33ème anniversaire de ces apparitions, sous une pluie battante. Il avait ainsi promis de publier bientôt ses mémoires sur ces évènements qui ont beaucoup d’incidences sur l’histoire de la RDC et du monde.
Yves KALIKAT