Jamais une interview du Président de la république n’a soulevé autant de vagues depuis son accession au pouvoir. Tout a été dit. Tout sera dit. Mais au-delà de cette tempête – plutôt très impactant- 6 vérités sont à retenir et qui vont demeurer.
C’est la première fois que Félix Tshisekedi s’offre à cet exercice d’être interviewé par deux journalistes locaux. Au bilan, le Président de la République a déjà eu à faire face à 3 conférences de presse (Bunia-Goma-Goma), à 4 points de presse (tous à Kinshasa) et 1 interview (Goma).
De l’avis de quelques commentateurs, c’est la meilleure de toutes ces sorties médiatiques. L’on a vu Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo répondre, sans tabou, avec son cœur, sur des sujets très attendus par l’opinion. Notamment, le dossier sur le vaccin, le recensement, l’élection de 2023, la composition de la Ceni, son salaire et la justice.
1. Du Vaccin
Contrairement à ce qui est véhiculé à travers les critiques, le Président Félix Tshisekedi ne s’oppose pas au vaccin Astrazeneca. Ce dernier est scientifiquement accepté dans le monde entier. Il a accepté l’arrivée à Kinshasa de plusieurs doses de celui-ci. Il s’est même associé au gouvernement pour le lancement de la campagne invitant la population à se faire vacciner.
Il est à noter, par ailleurs, que dans certains pays des débats ont été relatifs à l’efficacité du vaccin Astrazeneca. Le cas de l’Afrique du Sud qui a renvoyé toute la quantité présente sur son sol. En France, plusieurs spécialistes n’ont pas hésité d’émettre des réserves. Aux USA, Astrazeneca n’a pas été validé par rapport au Pfizer et Johnson & Johnson.
En outre, la vaccination n’a jamais été obligatoire en Rdc. Il en va de la volonté de chacun. Comment refuser à un homme, fût-il Président de la République, d’avoir un point de vue par rapport à ce vaccin ? Il est question de mettre sur la table une variété des vaccins pour enfin faciliter le choix librement consenti de tous.
Pour le premier des congolais, l’arrivée imminente de cette variété va permettre à un plus grand nombre de s’engager. Et Félix Tshisekedi a promis de se faire vacciner publiquement avec sa chère épouse.
2. Du Recensement et de l’élection
Sur ce point, le Président de la République a été un peu plus clair. Il n’est pas normal, à l’heure actuelle et en vue de booster une logique irréversible du développement, que l’on puisse ignorer le nombre exact de toute la population congolaise. Et autant inacceptable que nous n’ayons pas des cartes d’identité. Il ne faudra pas qu’à chaque élection nous puissions d’abord dénombrer les votants avec tous les risques de perte du temps.
La meilleure démarche est de déclencher le processus du recensement avant d’aller aux élections. Ainsi donc cela va être un capital pour les élections futures. Ceci étant, il est illusoire de fixer la date aujourd’hui, tout en sachant que cela est prévu en 2023. Ne pas oublier que l’Udps dans l’opposition a fait du recensement une conditionnalité pour une bonne élection. Il faudrait à ce niveau éviter un procès d’intention en voulant faire croire que Félix Tshisekedi veut retarder les élections.
Qui plus est, le Président actuel est dans son droit, reconnu par la constitution, d’annoncer sa candidature pour solliciter un deuxième mandat. C’est indiscutable. Et alors pas de doute quant à sa volonté de voir les élections être organisées en 2023.
3. De la Composition de la Ceni
Il est tout à fait évident qu’à aucun moment le Chef de l’État peut s’immiscer dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Le choix des animateurs est exclusivement réservé à la chambre basse. La répartition du prorata est aussi entre les mains des députés nationaux. Ce n’est pas honnête de voir son ombre dans ce débat politique au sein de l’hémicycle.
4. De la Cour Constitutionnelle
Ce n’est pas le fait de nommer les juges de la Haute cour qui donne le pouvoir au chef de l’État de les contrôler. En 2019, les juges ayant proclamé Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo vainqueur n’ont pas été membres de l’Udps. Il revient donc aux Congolais de faire confiance à la Cour Constitutionnelle.
Ajoutons, en plus, que ces juges ont été proposés et choisis par le Conseil de la magistrature. Le Président de la République n’a fait qu’entériner les propositions de l’organe habilité en la matière, selon la loi fondamentale de la Rdc.
5. De la Justice et du cas Kamerhe
Quoi de plus normal à un congolais d’apprécier le rendement de sa justice. Comme des chats échaudés, les Congolais ont soif de voir leur appareil judiciaire devenir à la hauteur de leurs attentes.
L’Udps a toujours eu comme crédo : Etat de droit. Ce n’est pas en arrivant au pouvoir que ce combat va cesser. Et jamais le Président de la République ne va donner des ordres aux magistrats dans un sens comme dans un autre. Il l’a affirmé.
S’agissant du cas Vital Kamerhe, nulle part il n’y a remise en question de la décision prise dans le procès de 100 jours. Reconnaître son amitié à VK et parler du bien de lui, n’est pas synonyme de l’innocenter. L’amnistie est une prérogative reconnue à tout chef de l’État qui peut s’en servir à tout moment, dans son pouvoir discrétionnaire, selon les prescrits strictes de la Constitution, bien entendu.
6. De son salaire
C’est très positif si l’opinion commence à chercher de connaître le salaire du Président. Pendant les 32 années du MPR/ PARTI-ETAT et les 25 années du kabilisme, personne n’osait s’y intéresser. Si cette question se pose aujourd’hui, cela prouve que nous avons un démocrate au pouvoir. Et ceci est à mettre dans l’actif du Président actuel.
Notons que pour un chef de l’état, il s’agit des émoluments ou encore dotation. Sans tabou, le Président Félix Tshisekedi n’a pas esquivé la question ni même été perturbé. La référence à la loi des finances donne des indications très claires sur ce que touche, effectivement, le garant de la nation. Son salaire est minable, comme il l’a dit. Il ne s’élève pas au-delà de 20 000 Usd. De toutes les manières, il a promis d’y revenir avec forces détails à un centime près.
Kevin kuaNzambi/Analyste politique