*Le banc syndical somme le PG de rectifier son réquisitoire et de ne plus indexer ce service public.
L’Intersyndicale de la Direction de Gestion de la Dette Publique (DGPD) est vent debout. Celle-ci est mise en cause dans le réquisitoire du Procureur Général portant autorisation par le Sénat d’une instruction judiciaire à charge du Premier ministre honoraire, Augustin Matata Ponyo Mapon, de détenir des dossiers fictifs, montés dans l’unique but de détourner les fonds publics. Au cours d’une déclaration rendue publique hier jeudi 1er juillet, l’Intersyndicale de la DGDP a réfuté avec véhémence les allégations du Parquet général près la Cour Constitutionnelle.
«La DGDP est un service public, conseil du gouvernement en matière d’endettement public. A ce titre, son travail se conforme à la loi. Nullement, la DGDP a monté des dossiers pour le bénéfice de qui que ce soit. Les déclarations sur l’existence des dossiers fictifs qui n’existent même pas dans le grand livre de la dette publique est une tâche d’huile sur la crédibilité de l’institution qui gère la dette publique et qui est un des piliers devant jouer un rôle très important dans la non accumulation des arriérés du service de la dette extérieure et la préservation de la dette extérieure de la RDC», fait savoir l’Intersyndicale.
Estimant que ce réquisitoire souille la notoriété et le prestige de la DGDP, ces syndicalistes sont disposés à rencontrer le PG pour restaurer le crédit de cette institution malencontreusement citée dans le dossier sous examen.
Des victimes des biens zaïrianisés effectivement indemnisés
« Le syndicat des agents de la DGDP se dit disposé à rencontrer le Procureur général près la cour constitutionnelle, Jean-Paul Mukolo Nkokesha pour laver le discrédit que son office a jeté sur l’interlocuteur sensé négocier les accords de financement avec les partenaires extérieurs de la RDC », lit-on dans la déclaration de l’Intersyndicale parvenue à Forum des As.
Contrairement au PG qui parle des dossiers fictifs, «les anciens propriétaires des biens zaïrianisés ont bel et bien été indemnisés, les ambassades européennes à Kinshasa peuvent le témoigner. Le service de la dette extérieure a été effectué de manière régulière à travers la chaine de paiement depuis 2006 à ce jour», affirme l’Intersyndicale de la DGDP.
Ces syndicalistes exigent réparation. «Nous vous prions de bien vouloir rectifier votre réquisitoire et de ne plus indexer la DGDP qui n’a pas payé, ni monté des dossiers fictifs au profit de qui que soit, c’est faire la justice», déclarent-ils.
Le sacro-saint principe de présomption d’innocence foulé au pied
Il sied de rappeler que c’est le 24 Juin que le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle, lors d’un réquisitoire adressé au Sénat aux fins d’obtenir l’autorisation de poursuites du sénateur Augustin Matata Ponyo, qu’il a accusé la DGDP de détournement des deniers publics.
Selon cette lettre, Augustin Matata Mponyo, alors Premier ministre aurait ordonné le décaissement de plus de 110 millions de dollars et près de 28 millions de dollars entre 2012 et 2013.
Cette requête intervient moins de deux semaines après le rejet par la Haute assemblée de la demande de levée des immunités du sénateur Matata Ponyo dans l’affaire Bukanga Lonzo. Cette fois-ci, le procureur Jean-Paul Mukolo accuse Matata d’avoir dédommagé trois cents prétendus anciens propriétaires, qui auraient perdu leurs biens meubles du fait de la zaïrianisation et dont aucun dossier n’est retrouvé à la Direction de gestion de la dette publique. Il s’agirait donc des dossiers fictifs, montés dans l’unique but de détourner les fonds publics, ajoute le procureur, qui déplore le décaissement en 2012 et 2013 de près de 111 millions de dollars et plus de 27 millions d’euros aux bénéfices d’une liste de ces acquéreurs.
Le sénateur Matata est indexé pour avoir signé, en tant que ministre des Finances, les protocoles d’accord avec des créanciers fictifs et avoir ordonné le paiement pendant qu’il était devenu Premier ministre, ajoute le procureur Jean-Paul Mukolo Nkokesha.
Les noms des bénéficiaires dans le dossier de zaïrianisation sont même cités dans le réquisitoire du Procureur. L’opinion se demande si ces derniers ont été déjà entendus. Sinon, Pourquoi on voudrait entendre en premier Matata Ponyo dans cette affaire ?
Ce n’est pas tout. Lorsqu’on lit entre les lignes, on se rend compte que le principe de présomption d’innocence est enterré. Matata est condamné avant d’être entendu.
A l’avance, on impute au Premier ministre honoraire des faits infractionnels sans qu’il ait eu à présenter ses moyens de défense. De quoi pousser le Congolais lambda ne penserait pas à un acharnement.
Didier KEBONGO
Tiré de Forum des As n°6445 du vendredi 2 juillet 2021