L’espérance de vie de l’homme sur terre dépend aussi de la qualité de ce qu’il mange. « L’alimentation est un droit, manger est un vote », tel est le slogan de la campagne « Conscience AlimenTerre » lancée, le vendredi 16 juillet dernier à Kinshasa, par l’Institut africain pour le développement économique et social (Inades-formation).
Cette campagne a pour objectif d’éveiller la conscience de différentes catégories socioprofessionnelles sur la problématique du droit à l’alimentation et l’impact du choix des aliments. Mais aussi à susciter l’engagement de tous pour le recours aux pratiques et intrants respectueux de l’environnement et de la santé humaine, a expliqué le directeur national de l’Inades-formation-Congo.
A en croire Norbert Kinvula, tout est parti du système alimentaire qui en fait se définit comme la façon dont les hommes s’organisent pour produire, distribuer et consommer leur nourriture. Ce qui a donné un déclic auprès de sa structure pour réfléchir sur la façon dont se fait la production agricole, comment les gens se nourrissent, comment on utilise la terre, quel risque les gens courent par rapport aux pratiques actuelles de l’agriculture.
C’est ce qui a conduit Inades, après plusieurs réflexions et échanges, à calculer la tension de producteurs, des consommateurs, des décideurs sur les dangers qui guettent la population au regard de leur alimentation. Telle est la raison majeure du lancement de cette campagne «Conscience AlimenTerre».
L’USAGE DES INTRANTS CHIMIQUES, UN DANGER POUR LA SANTE HUMAINE
« Le mot «AlimenTerre» -parfois les gens croiraient que c’est une erreur, mais c’est Alimen-Terre-, est spécifiquement utilisé pour attirer l’attention sur le lien intrinsèque entre la qualité de la terre, qui dépend de comment, elle, aussi, est nourrie et entretenue et la qualité de la nourriture qu’elle produit pour l’alimentation saine et durable des populations. Malheureusement, fait remarquer le directeur Norbert Kinvula, de nombreuses analyses et recherches stipulent que l’usage des intrants chimiques dans l’agriculture met en danger la santé humaine et celle de la terre et constitue ainsi une atteinte au droit à l’alimentation.
La campagne «Conscience AlimenTerre» a pour message principal «l’alimentation est un droit, manger est un vote». Cela se réfère au droit à l’alimentation issu de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. «Manger est un vote», poursuit-il, donne la possibilité à tout homme de faire un choix sur ce qu’il veut manger, soit en le produisant lui-même, soit en ayant les moyens financiers suffisants pour s’en procurer. Ce qui demande que les producteurs soient accompagnés pour bien produire et bien vendre afin d’avoir les revenus suffisants.
REDUIRE L’IMPORTATION DES PESTICIDES ET PROMOUVOIR LE BIO FERTILISANT
Par cette campagne, fait-il savoir, l’Inades veut non pas seulement sensibiliser la population à une citoyenneté alimentaire et sur le risque que présentent ces produits sur la santé humaine, l’environnement mais aussi d’amener les décideurs à voir comment réduire l’importation de ces pesticides et autres intrants chimiques et à la place de faire la promotion de bio fertilisant, de bio pesticide, afin de produire sans détruire et penser aussi aux générations futures.
«Peut-être que l’on se poserait la question de savoir si avec les grandes superficies, on peut facilement recourir à des engrais organiques. Nous disons que cela est possible. Comme nous conseille Sénèque qui dit : ‘ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas que les choses sont difficiles.’ Avec un peu de bonne volonté, nous sommes capables d’améliorer la qualité du sol pour produire des aliments sains, suffisants et durables pour tout le monde », a soutenu Norbert Kimvula.
Et pour mieux saisir la portée de cette campagne, Inades-formation a fait recours aux professeurs d’université et aux hommes de terrain. Trois exposés ont été faits. Le premier par Yves Mbala, chef d’antenne Inades-Kasai sur les résultats de l’étude en rapport avec la réglementation, l’approvisionnement et l’utilisation des intrants agricoles chimiques en RDC. Le deuxième par le professeur Lele Bonaventure de l’Université de Kinshasa, à la faculté d’agronomie sur les effets de l’utilisation intensive des intrants agricoles sur le sol et l’environnement et enfin, le professeur Theophile Mbemba de la faculté des Sciences à l’Unikin a abordé les effets de l’utilisation intensive des intrants agricoles chimiques (pesticides) sur la santé humaine. L’artiste musicien et philosophe, Jean Goubald Kalala a été retenu comme ambassadeur de cette campagne.
Ils ont tous reconnu qu’à l’heure actuelle, il était difficile d’abolir totalement l’utilisation des engrais chimiques en RDC, mais plutôt de penser à une utilisation rationnelle de ces pesticides chimiques, tout en sensibilisant les agriculteurs, les producteurs à l’utilisation de bio pesticide, de bio fertilisant car, les pesticides chimiques causent chaque année plus de 25 millions d’intoxications aigues, dont environ 200.000 morts. Ils ont également conclu qu’une agriculture tributaire de pesticides dangereux était une solution à court terme qui porte atteinte au droit à l’alimentation suffisante et au droit à la santé des générations actuelles et futures.
Inades-formation est né en Côte d’Ivoire sur l’initiative des pères jésuites français. Il est implanté dans dix pays africains : Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo, Cameroun, Rwanda, Burundi, Kenya, Tanzanie et RDC. Son siège international est à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il a pour mission de travailler à la promotion des populations, en accordant une attention particulière à leur participation libre et responsable à la transformation de leurs sociétés. Rocco NKANGA