Félix Tshisekedi, après le zénith, le compte à rebours

Il y a exactement deux ans  et six mois, Félix Tshisekedi prêtait serment en tant que cinquième Président de la République Démocratique du Congo. Dans deux ans et six mois, il pourra soit de nouveau prêter serment pour un deuxième et dernier mandat, soit,  passer le flambeau à un éventuel successeur en cas de défaite à la présidentielle.

Que retenir de ce mi-mandat ?

Qu’attendre du second ?

Un. Il y a cette prouesse d’avoir accédé au pouvoir par les urnes et « sans un seul coup de feu« .

Il faudra le répéter autant de fois que cela sera nécessaire, ce n’était ni un cadeau, ni un fait anodin, mais un long combat du peuple congolais semé de multiples embûches. Maintenant que l’objectif a été atteint et que l’on y est habitué, on n’en mesure plus la portée.

Il suffit de se projeter cinq ans dans le passé, quand Joseph Kabila était encore à la tête du pays pour se souvenir que le Congolais vivait dans un régime totalitaire avec tout ce que cela implique comme effets pervers, et c’est peu dire.

Deux. Félix Tshisekedi a commencé son mandat avec zéro sénateur dans son camp politique, une poignée de députés et juste un gouverneur sur vingt-six !

Aujourd’hui, Félix Tshisekedi a la majorité absolue tant au sénat qu’à la chambre basse, et tous les gouverneurs dans son escarcelle. Même le jeune frère du Président sortant alors gouverneur intouchable a disparu des radars !  Quelqu’un aurait prédit  cela le 24 janvier 2019, il aurait été pris pour un illuminé, et directement envoyé dans un asile psychiatrique.

Trois. Le 24 janvier 2019, nous étions nombreux, littéralement parqués à l’étranger, incapables de fouler le sol congolais : des exilés politiques « emblématiques » comme Mbusa Nyamwisi, Moïse Katumbi, aux « combattants » et autres anonymes… Tous devenus aujourd’hui adeptes du « Kwenda-vutuka » !

Quatre. De temps à autre, le régime précédent embastillait des journalistes, des défenseurs de droits de l’homme, et bien sûr aussi des politiciens, certains comme  le colonel Kapend auraient pu rester en taule et y crever si d’aventure « Joka » avait réussi à se taper un « troisième » mandat !

Il en avait bien envie le monsieur.

Cinq. Durant longtemps, la prison était réservée aux voleurs de poules, maintenant, les détourneurs des deniers publics commencent à revoir leurs ambitions à la baisse… Sans encore abdiquer totalement certes. Certains travers ayant la peau dure, jusqu’au jour où l’on se retrouve dans la nasse… Trop tard !

Six. Est-il perceptible chez le Congolais (le kinois en particulier) un sentiment de liberté et de confiance ?

Peut-être juste un frémissement. Dans les pires des cas, on peut affirmer que c’est « moins mauvais » qu’avant.

Déjà, il est devenu rare d’apercevoir un militaire dans les rues, et moins encore des militaires arrogants sûrs de leur supériorité du genre « civil aza ntaba« .

Le Congo est-il devenu un paradis sous « Fatshi-béton « ?

Non.

Durant la deuxième moitié de son mandat, que doit réaliser le Président Tshisekedi ?

Un. Après avoir broyé du noir durant des décennies dans un pays  ayant tous les atouts pour que chaque citoyen vive bien, les Congolais ont une attente claire : vivre mieux.

Le  Président Tshisekedi ne pourra espérer être réélu que si les conditions sociales du citoyen changent d’une façon substantielle, c’est-à-dire au moins:

« Diminution du coût de la vie et accès à :

« La nourriture,

« L’électricité,

« L’eau,

« Les soins de santé,

« Le transport,

« Les études pour les enfants.

Ces points ne sont en aucune façon, négociables.

Deux. Le processus électoral.

Il y a sûrement beaucoup de procès d’intention quant au risque de non organisation des élections dans les délais constitutionnels. Cela est dû à deux raisons :

« Les élections de 2018-2019          ayant été obtenues de haute lutte, il serait prématuré de faire confiance aux « politiciens« ,

« Pour ceux qui veulent accéder au pouvoir, c’est un discours porteur. Idem pour certaines organisations de la société civile.

Arrivé à la tête du pays par les urnes, Félix Tshisekedi ne pourra et ne devra qu’organiser les élections dans les délais constitutionnels.

Parallèlement aux élections, le régime de Félix Tshisekedi doit « enfin » délivrer une carte d’identité aux Congolais.

Trois. Investisseurs, emploi, création de la richesse

Durant les premiers mois de son pouvoir, Félix Tshisekedi a reçu plusieurs investisseurs potentiels. Pour quel résultat aujourd’hui ?

Pourquoi ne devrait-il pas y avoir de nouvelles industries de plusieurs secteurs en RD Congo : habillement, chimie, manufacture, agro-alimentaire… ?

Où cela coince-t-il ? C’est au Président Félix Tshisekedi de répondre à cette question et de résoudre ce problème.

Surtout dans les grandes villes, les gens se débrouillent, sont dans l’informel. Il faut des vrais emplois, bien rémunérés.

Si une dynamique d’implantation de nouvelles industries est amorcée, cela entraînera une création de nouvelles richesses.

Quatre. Les apparatchiks. Chaque régime crée des « nouveaux riches« . Sans l’arrivée de Félix Tshisekedi à la tête du pays, ils sont nombreux qui aujourd’hui seraient à pieds et dans la galère. Ils sont nombreux pour qui être « au pouvoir » est une aubaine incroyable.

Combien d’entre eux sont conscients que leur position a une obligation d’humilité, d’exemplarité, d’obligation de résultat ?

Combien d’entre eux se creusent les méninges pour être chaque jour utile au pays et à celui qui leur a permis de troquer des frocs pour des vêtements plus stylés ?

Par contre, Combien d’entre eux ne font que des calculs pour « se faire du fric« , peut-être à temps et à contretemps ? La frontière entre les deux étant si mince et souvent imperceptible pour un mec « ivre« !

Combien d’entre eux sont ainsi devenus ivres, au point de constituer une caste… d’apparatchiks ?

Cette caste-là, le Président Tshisekedi devra la tenir en laisse.

Le mandat de Félix Tshisekedi a atteint son zénith ce 24        juillet 2021, et immédiatement, le compte à rebours a commencé.                Par Cheik FITA

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