Fatshi : « La paix à l’Est doit demeurer un de nos objectifs sacro-saints »

Dans son message à la nation à l’occasion des 61 ans de l’indépendance du pays, hier mercredi 30 juin, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo,  a redit sa détermination à instaurer la paix sur toute l’étendue du territoire national. Et ce, particulièrement dans la partie Est qui, pour le Chef de l’Etat,  » doit demeurer un de nos objectifs sacro-saints ».

Selon le Président de la République,  » sa concrétisation progressive nous amènera inexorablement vers la construction d’un véritable Etat de droit reposant sur une administration efficace, capable de mieux gérer et de mieux défendre nos frontières ainsi que d’exercer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national « . C’est dans cette optique, explique le Chef de l’Etat, qu’il a proclamé en date du 3 mai dernier l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.

 » Cette décision trouve son origine dans l’impasse dans laquelle nous nous trouvions  jusqu’ici, et ce, depuis plus d’une vingtaine d’années, dans l’apport d’une solution durable et la résolution définitive des cycles récurrents, si pas permanents, d’insécurité et d’instabilité rencontrés dans cette partie de notre territoire…« , a justifié le Président de la République.

Outre le volet sécuritaire, le Chef de l’Etat a brossé succinctement,  les actions qu’il a pu entreprendre sur les plans de la politique intérieure, économique et social, diplomatique, et environnemental.

Mais pas que. Fatshi s’est aussi exprimé sur comment  il entrevoit le développement intégral de la RD Congo en dépit d’un contexte mondial difficile dominé par la pandémie de la Covid-19. 

Pour le chef de l’Etat, la Covid-19, l’insécurité récurrente dans la partie Est du pays, l’éruption inattendue du volcan Nyiragongo…, ces événements malheureux, ne doivent pas nous affaiblir ni nous plonger dans le doute.  » Ces épreuves constituent une motivation supplémentaire pour notre engagement collectif en tant que peuple, à vaincre toute adversité et d’imposer la nation congolaise unie et prospère comme une réalité et une vérité intemporelle « , affirme le garant de la nation. Il appelle à édifier, « ensemble, ce nouveau Congo où il fera réellement bon vivre « . 

Didier KEBONGO

Discours du président de la République à la Nation  Congolaises, Congolais,

Mes chers compatriotes,

La date du 30 juin de chaque année nous rappelle le jour mémorable, le jour glorieux où devant l’histoire, le monde a été témoin du couronnement de la lutte acharnée menée corps et âme par les Pères Fondateurs de notre Nation, dans le but de permettre l’accession du pays de nos ancêtres à sa souveraineté.

Aujourd’hui, soixante- et- un an après, bien plus qu’un rituel, nous avons un devoir sacré : c’est celui d’honorer la mémoire des Héros de notre indépendance qui – individuellement et collectivement, les uns dans la lumière comme Patrice Emery LUMUMBA, Joseph KASAVUBU ainsi que leurs compagnons, les autres dans l’ombre – ont combattu jusqu’au sacrifice suprême, afin de nous léguer, à nous et aux générations futures, un pays libre, uni et prospère.

Ce jour est  aussi celui des peuples d’Afrique dans toute leur diversité, de tous les camarades et frères africains qui, à l’image de Kwame NKRUMAH, Julius NYERERE, Kenneth KAUNDA ou encore Patrice-Emery LUMUMBA, sont parvenus, en dépit des vicissitudes  internes qui menaçaient la cohésion de leurs nations, à unir leurs forces à l’échelle du continent en vue, non seulement, de défendre la souveraineté chèrement acquise de leurs États respectifs, mais également, de matérialiser le projet noble d’intégration panafricaine fondée sur l’idéal de solidarité entre les peuples. C’est cette idéologie panafricaine autrefois chimère, qui a posé les jalons de la grande réalisation qu’est l’Union africaine, symbole de l’unité et de l’intégration, dont la République Démocratique du Congo a l’honneur d’en assumer la Présidence, par ma personne.

Mes chers compatriotes,

En ce jour hautement historique et mémorable, je voudrais rappeler  à la mémoire de tous que ce 30 juin 2021 est exceptionnel car il ne sera pas, comme à l’accoutumée, fêté avec faste mais plutôt dans la méditation. En effet, la célébration de notre fête d’indépendance, en cette année, a une saveur particulière, teintée d’amertume el de regrets mais aussi de craintes que nous parviendrons, sans aucun doute, à surmonter, dans cet effort collectif et celle résilience qui nous ont toujours caractérisé en tant que nation, même dans les heures les plus sombres de notre histoire.

Comme vous le savez, notre pays fait face à une résurgente surprenante de la maladie à coronavirus  » COVID- 19 « , une troisième vague de contamination qui nous a poussé à prendre, il y a de cela deux semaines, des décisions difficiles et renforcer les mesures restrictives pour ralentir, à défaut d’endiguer,  la propagation du virus au sein de nos population. C’est l’occasion pour moi de rappeler à tous, l’observance et le respect strict des mesures barrières et de la discipline qu’il nous revient à chacun d’adopter afin de se prémunir contre cette maladie.

Outre la pandémie de la COVID-19, les impératifs sécuritaires caractérisés, notamment, par l’insécurité récurrente observée dans la partie Est de notre territoire national où sévissent depuis plus d’une vingtaine d’années, des forces négatives et terrorises qui sèment la terreur, la mort et la désolation, nous conduisent également à faire preuve de tempérance en ce jour glorieux du  30 juin. En ce jour de fête et de souvenir, je saisis cette occasion pour réaffirmer notre soutien total à nos vaillantes Forces armées, ainsi qu’à nos services de sécurité qui, dans le cadre de la restauration de l’ordre et de la paix, mènent des opérations de grande envergure pour la pacification totale et définitive de cette partie du territoire national, où j’ai moi-même érigé, ces derniers jours, mon quartier général.

Comme si cela ne suffisait pas, l’éruption inattendue du volcan Nyiragongo, véritable tragédie, est venue s’ajouter aux malheurs déjà  existants, jetant sur les routes des centaines de milliers de nos compatriotes qui échappent aux coulées de lave.

Au regard de cette suite d’événement malheureux que je viens d’énumérer, je tiens à exprimer en votre nom à tous, mes condoléances  les plus attristées à toutes les familles éprouvées, aussi bien par le fait de la pandémie, par l’insécurité persistante observée dans la partie Est de notre République, que par cette catastrophe naturelle.

Mes Chers Compatriotes,

Loin de nous affaiblir et de plonger dans le doute, ces épreuves constituent une motivation supplémentaire pour notre engagement collectif en tant que peuple, à vaincre toute adversité et d’imposer  » LA NATION CONGOLAISE, UNIE ET PROSPERE  » comme une réalité et une vérité intemporelle.

A ce propos, en ce jour du 30 juin 2021, j’aimerais ici rappeler qu’il y a exactement un an, je dressais, dans mon message à l’occasion de la célébration de notre fête d’indépendance, le bilan des soixante années de lutte et de sacrifices que notre pays a eu à consentir pour consolider et affirmer sa souveraineté nationale. Au cours de cette adresse,  il vous souviendra que j’indiquais également le cap vers lequel nous devrions tous tendre pour espérer davantage de paix, de prospérité et de développement de notre pays.

À cet égard, il est légitime que chacun s’interroge, une année plus tard, sur nouvelles étapes franchies ainsi que sur les avancées significatives enregistrées dans tous les secteurs de la vie nationale, qui permettront de jeter les bases d’un Congo nouveau, libre et prospère qui sera appelé à jouer un rôle dans ce monde qui s’est donné pour objectif de lutter contre le changement climatique et de promouvoir le développement durable et une économie verte.

Je vais donc, en quelques mots, évoquer les actions que nous avons pu entreprendre et comment nous entrevoyons le développement intégral de notre nation, en dépit d’un contexte mondial difficile dominé par la pandémie de la COVID-19.

Sur le plan de la politique intérieure, tirant les conséquences de ce que la gouvernante de la coalition qui était au pouvoir depuis mon avènement à la Magistrature suprême, ne permettait pas de rencontrer l’aspiration légitime du Peuple à son bien-être social, objectif auquel j’ai toujours été attaché ; j’ai recouru à votre concours pour remettre notre pays sur la voie du déve-loppement, en changeant de paradigme, pour y substituer l’idéal d’une  » Union Sacrée de la Nation « , véritable vision pour une bonne et nouvelle gouvernance et gage d’assurance pour le fonctionnement harmonieux de nos institutions. Il est question à travers cet idéal, de bâtir et consolider une société solidaire garante.

Sur le plan sécuritaire, l’instauration de la paix sur toute l’étendue du territoire national et particulièrement dans la partie Est de notre pays, doit demeurer un de nos objectifs sacrosaint. Sa concrétisation progressive nous amènera inexorablement vers la construction d’un véritable Etat de Droit reposant sur une administration efficace, capable de mieux gérer et de mieux défendre nos frontières ainsi que d’exercer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. C’est dans cette optique que j’ai proclamé, en date du 03 mai 2021, l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, mesure qui du reste est unanimement appréciée par notre peuple, qui laisse entrevoir une voie de sortie salutaire aux maux et à la gangrène qui se sont ancrées dans ces zones, au grand dam de nos populations d’une véritable cohésion nationale fondée sur l’inclusion de tous.

En effet, cette décision trouve son origine dans l’impasse dans laquelle nous nous nous trouvions jusqu’ici, et ce, depuis plus d’une vingtaine d’années, dans l’apport d’une solution durable et la résolution durable et la résolution définitive des cycles récurrents, si pas permanents, d’insécurité et d’instabilité rencontrés dans cette partie de notre territoire. La proclamation de l’état de siège qui a pour conséquence la substitution temporaire des autorités civiles par des autorités militaires permettra, non seulement, de traquer l’ennemi jusque dans ses derniers retranchements pour les plus irréductibles, mais également, d’obtenir la reddition des miliciens actifs au sein des groupes armés pour leur réinsertion dans la société à travers le processus de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion communautaire pour la stabilité (DDRcs).

Sur le plan économique et social, l’environnement économique récent est marqué par une stabilité du cadre macroéconomique après une période de crise consécutive aux effets de la COVID-19. Le pays va enregistrer une croissance économique positive de 4,9 %, contre 1,7 % en 2020 et 4,4 % une année auparavant. Cette croissance est essentiellement portée par le secteur minier. Sur le plan monétaire, il a été enregistré une forte augmentation de crédit ainsi qu’une forte accumulation des réserves de change à fin juin 2021, en dépit de la crise induite par la Covid-19. En effet, le niveau de réserves est passé de 879,5 millions de USD à fin décembre 2018 à 1,2 milliards de dollars américains à fin juin 2021. Il a été, également, enregistré une forte mobilisation des recettes de 2019 à 2021, et ce, en dépit d’un environnement économique difficile. Cette prouesse a été rendue possible grâce au travail des régies financières avec l’accompagnement de l’Inspection générale des finances. Au rang des satisfactions, on retient également l’accord conclu avec le Fonds monétaire international auprès duquel le pays bénéficiera de 1,5 milliards de dollars en droits de tirages spéciaux.

Ces résultats encourageants permettront, sans aucun doute, de soutenir les différentes politiques sociales mises en place par le Gouvernement comme celles concernant la gratuité de l’enseignement primaire et l’accès à la couverture santé universelle. Ces résultats permettront également, d’accompagner ma vision de promouvoir une plus grande intégration au niveau national, à travers la construction et la réhabilitation des routes, des chemins de fers, des ports et aéroports qui in fine permettra l’interconnexion de nos différentes provinces. J’insisterai à cet effet, pour que le Gouvernement veille à matérialiser cette vision contenue dans son Programme d’Actions.

Sur le plan diplomatique, plus de 60 ans après son indépendance, la République Démocratique du Congo connaissait encore un parcours ne répondant ni à sa géopolitique, ni à sa nouvelle vision de développèrent basée sur  la Paix. Epicentre géopolitique et géostratégique du continent,  notre ambition doit être de promouvoir notre politique étrangère et de l’adapter au rang qui devrait être le sien.

A ce propos, notre élection à la tête du Bureau des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine a constitué une première étape dans la quête d’une renaissance et d’une requalification des objectifs de notre diplomatie, désormais proactive et tournée vers le développement. Cette consécration, nous a, par ailleurs, permis de recouvrer, non seulement, notre dignité au sein du concert des nations continentales, mais aussi, d’apporter à l’Union africaine, l’expérience congolaise en matière de résolution pacifique des conflits. Cela se constate, notamment, à travers notre engagement aux côtés de nos frères Ethiopiens, Soudanais et Egyptiens dans la résolution du conflit qui les oppose en matière d’utilisation des eaux du Nil.

En outre, toujours dans le volet  » intégration régionale « , notre ambition de redorer la position géostratégique de notre pays devient aujourd’hui une réalité avec son adhésion à la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC).

Cet acte de haute portée diplomatique et économique place désormais notre pays à cheval entre la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC), la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).

Ces résultats diplomatiques s’inscrivent dans le cadre d’une politique étrangère axée sur le bon voisinage et le dialogue constructif avec les neufs pays voisins.

Ainsi, notre accession à la Présidence de l’Union africaine (UA) pour l’exercice 2021-2022, nous permet de concrétiser notre  » Vision panafricaine d’une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens et représentant  une force dynamique dans l’arène internationale « , qui est au cœur des aspirations de l’Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons « 

C’est dans ce même ordre de pensée que la République Démocratique du Congo entend accéder à la présidence de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) en 2022.

Il me faudrait aussi faire mention du rôle actif de notre Pays dans l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), en notre qualité de premier pays francophone. C’est ici le lieu de réaffirmer la ferme détermination de notre pays d’organiser l’année prochaine à Kinshasa, la neuvième édition des Jeux de la Francophonie.

Dans cette nouvelle vision d’ouverture de la politique intérieure et extérieure de notre pays, les espoirs sont permis, avec comme finalité l’amélioration soutenue de la vie sociale de notre Peuple.

 Sur le plan environnemental, nous n’avons cessé de réitérer notre ferme engagement pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris, afin de contribuer à la lutte globale contre le changement climatique. Nous avons également plaidé pour un prix équitable et rémunérateur du carbone forestier, de même que la prise en compte de la conservation et de la régénération de nos forêts et accéder aux bénéfices y afférents. Cette position se justifie dans la mesure où notre pays constitue le deuxième poumon climatique mondiale après l’Amazonie pour la protection de l’humanité contre les conséquences des gaz à effet de serre.

Mes Chers Compatriotes,

Toujours dans cette volonté d’améliorer le bien-être de nos populations et promouvoir le développement, j’ai fait le pari de miser sur : l’apport de Nouvelles Technologies du Numérique, le développement et la promotion des Nouvelles Technologies de l’Information ; secteurs qui, sans aucun doute, transformeront et moderniseront notre pays dans de nombreux aspects. Ce pari qui se matérialise, notamment à travers le Plan National du Numérique et la création du Ministère du Numérique se révèle crucial pour nous permettre de faire collectivement ce bond en avant, vers une société mieux organisée, mieux gérée et plus transparente. En ce qui concerne les apports qui porraient être générés, on pourrait citer, par exemple, l’identification digitale de notre population, la fourniture de données statistiques fiables à notre Administration la maximisation des recettes grâce aux techniques et autres logiciels de contrôle ou encore à la numérisation du Cadastre foncier et minier, d’où s’évaporent chaque année de précieuses ressources.

Mes Très Chers Compatriotes,

Pour conclure, je vous invite à continuer à cultiver l’amour de la Patrie, à raffermir davantage l’esprit d’union des cœurs afin de préserver notre intégrité territoriale et à apporter la joie à notre Peuple.

C’est pour ces raisons fondamentales que je vous exhorte tous à dépasser les clivages de tous ordres, qui sont intentionnellement utilisés pour diviser les Congolais.

J’aimerais rappeler que notre hymne national est symbolique et incarne la profession de foi des pères de notre indépendance. Donnons corps à son esprit et sa lettre par notre engagement patriotique au quotidien.

Dressons donc nos fronts et donnons-lui le rayonnement qu’il mérite.

Ensemble, édifions ce nouveau Congo où il fera réellement bon vivre.

Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse fête de l’indépendance.

Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo !

Je vous remercie.

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