Pas un jour sans états généraux, atelier, séminaire, symposium. Voilà plusieurs décennies que Kinshasa vit au rythme de ces rencontres dont le déroulé est connu de tous les habitués. Discours magistraux ressemblant à un concours d’éloquence, résolutions fleuves assaisonnées de petits fours, de cocktails sans oublier l’autre grand enjeu : le per diem. Le volume de ce » jeton de présence » dépendant de la profondeur de la poche du ou des bailleurs de fonds. Après la clôture, le beau monde se sépare. A une prochaine occasion, rebelote.
Certes, mise à part la sempiternelle querelle entre l’idéaliste Hegel et le matérialiste Marx, ce sont les idées qui font avancer la société. Et du choc de celles-ci jaillit la lumière.
Problème, les tonnes de résolutions produites par quantité d’assises qui rythment journellement la vie à Kinshasa franchissent rarement -c’est un euphémisme- les portes des salles qui les ont abritées. Quand elles sortent de ces enceintes, c’est pour s’amonceler dans les tiroirs des bureaux où moisissent déjà les précédentes. Il y a donc plus qu’inflation de résolutions, recommandations … Il y a, en l’occurrence, overdose.
Comme si cela ne suffisait pas, la kyrielle de bailleurs -gouvernementaux ou privés – et le bataillon d’experts en tout genre continuent à produire des assises dont le modus operandi est, au-delà des appellations, le même.
Sans prétention d’exhaustivité, il s’est tenu cette semaine dans la capitale rd congolaise les états généraux du secteur minier, l’atelier sur la Fonction publique et, l’on a noté l’annonce de l’organisation prochaine des états-généraux de la presse dont l’atelier préparatoire de haut niveau a été organisé à Zongo.
Il se chuchote d’autres assises sur l’éducation, la santé, les arts et même le sport. Pas mauvais en soi. Il est vrai que dans ce monde extrêmement mouvant, des aggiornamentos s’imposent. La nécessaire mise à jour.
De là à donner l’impression de réinventer la roue à chaque forum, il y a plusieurs pas que la rationalité devrait nous dispenser de franchir. D’autant que des réflexions assorties de résolutions et recommandations ne manquent pas. Il n’est venu à personne l’idée de commencer par évaluer les mesures prises précédemment et surtout les appliquer.
Pour ne pas monter jusqu’au déluge, de la Conférence nationale souveraine officiée par Mgr le Président d’heureuse mémoire jusqu’au dernier forum en date, des tonnes de pistes de solutions ont été proposées par d’éminents spécialistes. Et ce dans tous les secteurs de la vie nationale. De l’enseignement aux mines en passant par l’armée, la justice, la presse… Va-t-on aller d’atelier en atelier, de symposium en symposium, d’états généraux en états généraux? Ce parler plus et agir moins qui fait des Congolais de » grands diseurs et petits faiseurs« .
D’où cet éternel recommencement semblable au » Mythe de Sisyphe « d’Albert Camus. Ou, plus terre à terre, au fameux » toza ko rond -point ». Faire du surplace pour ceux qui ne comprennent pas le jargon kinois.
José NAWEJ