A chaque législature, sa controverse sur les Jeeps des députés. Un véritable marronnier pour la presse. Un débat en forme d’arbre qui cache la forêt. Une forêt faite de moult frustrations d’un peuple las d’attendre- désespérément- le dividende démocratique.
A la place, le souverain primaire voit ses élus appliquer à la perfection l’exact inverse du vieux mantra mobutien, à savoir » se servir et non servir « . Le même « peuple » assiste cycliquement à l’avènement de » nouveaux riches » au gré des redistributions des cartes inhérentes aux élections.
Paradoxe apparent ou réel ? L’arrivée aux responsabilités de l’UDPS ne change pas cette perception. Hors du champ institutionnel durant des décennies, le parti tshisekediste joignait sa voix à la majorité silencieuse pour décrier ces » privilèges « . L’UDPS avait même beau jeu de relever le contraste entre les Jeeps pimpant neuf et …la sempiternelle misère du peuple.
Voilà qu’au sommet du pouvoir, ce parti reproduit les pratiques qu’il abhorrait hier dans toutes les langues. Ce, alors que l’ordinaire des Congolais n’a pas changé d’un iota dans le sens de l’amélioration. Le sort proverbialement peu enviable du fonctionnaire non plus.
Normal donc que la chronique sur les Jeeps des députés charrie les mêmes commentaires désabusés. Les mêmes causes produisant les mêmes effets.
Certes, ce serait un peu fort de café que de soutenir que l’enveloppe allouée à l’achat des véhicules des parlementaires épongerait la souffrance ambiante. Même si par propagande ou démagogie de bon sentiment ou tout simplement par populisme, les opposants d’hier devenus gestionnaires ont usé et abusé de cet argument scientifiquement spécieux, mais politiquement porteur. En plus, dans ce pays où la vocation d’élu se confond avec celle d’assistant social, le député n’est pas toujours « le premier de cordée » pour emprunter l’expression du Président français Emmanuel Macron.
N’empêche que sur le plan de la symbolique, cette propension des dirigeants rd congolais, tous régimes confondus, à s’occuper prioritairement d’eux-mêmes fait et pose problème. De là à penser que l’équation du plus grand nombre n’est pas l’aîné de soucis des gouvernants, il n’y a qu’un pas. Ironie du sort, à chaque élection, les candidats députés se présentent comme défenseurs ou porte-parole… du peuple.
Pas sûr que la séquence récurrente des Jeeps crédibilise leur baratin de campagne.
José NAWEJ