Vers le retour progressif des des populations à Goma et Nyiragongo entre le 8 et le 20 juin

Au lendemain de sa tournée à Goma et dans les principaux sites d’hébergement des personnes déplacées, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge  a annoncé le 7 juin le retour des populations déplacées dans la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo, selon les différents axes.

Après avoir  noté la fin de la coulée, la solidification des laves ainsi que la diminution sensible des tremblements de terre dans la zone, l’heure est au retour progressif des déplacés à Goma et à Nyiragongo sur décision du Gouvernement.

Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), ce retour se fera selon les axes suivants : Sake-Goma (8-9 juin), Nyiragongo-Goma (10 juin), Rutshuru-Goma (11-12 juin), Bukavu-Minova-Goma (15-17 juin), Beni-Butembo-Lubero-Goma (16-17 juin), Rwanda-Goma (19-20 juin).

Le chef du Gouvernement a également annoncé que les populations qui ont perdu leurs maisons lors de la catastrophe bénéficieront d’un relogement temporaire et d’un appui du Gouvernement pour la reconstruction.

Le Gouvernement a annoncé la réouverture des écoles et universités à partir du 14 juin dans la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo, une fois les bâtiments inspectés. Une évaluation de l’ONG INTERSOS, partenaire du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a noté que 73 pour cent des personnes déplacées présentes à Sake souhaitaient retourner à Goma.

16 MILLIARDS DE FC DES BESOINS URGENTS

       Selon  Sama Lukonde, les besoins urgents des sinistrés sont estimés à 16 milliards FC. « Au niveau des besoins urgents, le ministère des Affaires humanitaires et sociales qui est le point focal en coordination avec les humanitaires ont fait une évaluation de 16 milliards FC qui doivent être décaissés progressivement principalement sur l’axe de l’alimentation des déplacés et leur prise en charge lorsqu’ils seront de retour mais surtout le besoin d’assistance de transport selon l’ordre qui sera donné par le gouverneur militaire dans le cadre de retour de ces déplacés dans la ville de Goma, mais aussi sur l’axe sanitaire. Parce que de ce côté là nous devons lutter contre toutes formes des pandémies ou des maladies à risque telles que le choléra et la tuberculose. Sur la répartition, cela va se faire selon les différents secteurs que je viens d’énumérer« , a-t-il annoncé.

Cependant, selon une autre source, l’évaluation faite par la communauté humanitaire s’élève à 20 millions de dollars américains pour l’ensemble des besoins des déplacés.

UNE BONNE PARTIE DE GOMA A DELOCALISER

« Vingt millions de dollars en général pour l’ensemble des besoins mais si la population peut rentrer rapidement chez elle, alors le premier volet, qui est le volet de l’appui à la population là où elle se trouve, sera plus bas. Donc j’estime qu’on aura besoin environ de dix millions de dollars pour appuyer le retour et pour appuyer la réhabilitation d’urgence des infrastructures nécessaires« , avait déclaré Diego Zorilla, coordonnateur humanitaire adjoint des Nations unies en RDC.

Le village Buhene dans le territoire de Nyiragongo qui a été rasé par la lave ne devra plus accueillir les populations. Un autre site sera désigné par les autorités pour les habitants. « Les lieux ravagés par la lave seront utilisés comme des sites destinés au loisir« , a indiqué le Premier ministre.

Tout compte fait, le retour à Goma et à Nyiragongo des populations déplacées reste une solution provisoire en raison du danger potentiel que continue de présenter cette zone devenue invivable. Ainsi le ministre de l’Urbanisme et Habitat, Pius Muabilu, estime qu’une bonne partie de la ville de Goma doit être délocalisée vers la ville de Sake.

Rappel : le 22 mai 2021, l’éruption du volcan Nyiragongo a secoué dans la nuit la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo au Nord-Kivu. Alors que les premières coulées de lave se sont dirigées vers les zones moins peuplées sur le flanc ouest du volcan, une deuxième coulée de lave s’est dirigée vers la ville de Goma pour s’arrêter seulement à quelques centaines de mètres de l’aéroport international de Goma.

3.629 MAISONS DETRUITES

Sur son passage, la coulée de lave est passée dans trois villages du territoire de Nyiragongo et un quartier de Goma, détruisant 3 629 maisons, des bâtiments publics et provoquant  le déplacement de 20 952 personnes (4.500 ménages) vers Sake et Gisenyi (Rwanda) dont une partie est retournée à Goma les jours suivants.           De plus, la coulée de lave a endommagé les infrastructures d’adduction d’eau au nord de la ville, privant ainsi 550 000 personnes de l’accès à l’eau. Cependant, certaines infrastructures ont été rapidement réhabilitées aux premières heures, mais un besoin d’accès à l’eau demeure pour 200 000 personnes. La route de Goma à Rutshuru a été coupée par la lave limitant ainsi le trafic commercial de marchandises vers les marchés de Goma et l’accès aux zones d’intervention humanitaire dans le territoire de Rutshuru et au-delà. Cet axe routier est désormais ouvert depuis le 27 mai.

EVACUER 10 DES 18 QUARTIERS DE GOMA

Alors que la communauté humanitaire lance l’assistance humanitaire pour répondre aux besoins prioritaires des personnes affectées directement et indirectement par la coulée de lave, le 27 mai 2021 l’ordre a été donné par les autorités provinciales d’évacuer les 10 quartiers les plus à risque de la ville de Goma sur les 18 (Les Volcans, Mikeno et Mapendo, Murara, Kahembe, Bujovo, Majengo, Virunga, Mabanga Nord et Mabanga Sud).

Cette évacuation concerne 390 445 personnes (soit 78 000 ménages) selon les statistiques des autorités locales de Goma. Près de 232 000 personnes se sont déplacées à l’intérieur de la RDC et le reste a traversé la frontière rwandaise. Les populations se sont dirigées vers l’ouest de Goma (Saké et villages environnants, jusqu’à atteindre Bukavu en longeant le lac) vers le Nord (route de Rutshuru RN2) alors que d’autres ont traversé la frontière avec le Rwanda.

Kléber KUNGU

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