* Elles insistent auprès de l’institution Parlement de pouvoir préserver l’engagement sacré de doter la République d’un processus électoral crédible, transparent, inclusif et apaisé.
Après son vote par l’Assemblée Nationale, la loi organique portant réforme de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), est diversement appréciée. Dans une prise de position commune parvenue à Forum des As, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), désapprouvent certaines dispositions du projet de loi adopté au Parlement. Elles recommandent que la société civile soit majoritaire au sein du bureau de la Centrale électorale.
Les deux des principales confessions religieuses regrettent que la composition de la plénière reste « disproportionnée entre la composante politique prévue à 10 et celle de la société civile prévue à 5. » Elles constatent, non sans regret, la faible représentation de la société civile au sein du Bureau dont les membres les membres sont prévus à 7 : 1/7 pour la société civile alors que la majorité en 4/7 et l’opposition 2/7.
Ce n’est pas tout. Dans leur communiqué conjoint daté 9 juin, la CENCO et l’ECC sont « surprises du fait que d’autres dispositifs visant le renforcement de l’indépendance de la CENI ainsi que ceux qui instituaient le contrôle technique et administratif de la CENI contenus dans la proposition de la loi Lutundula aient été élagués du texte adopté par l’Assemblée nationale.«
Les deux confessions religieuses demandaient aux sénateurs de veiller à ce que la proportion à la plénière de la Ceni soit respectée entre la composante politique et la société civile. Elles attiraient l’attention des Députés et Sénateurs sur la nécessité de mettre en place un cadre juridique qui promeut la tenue des élections libres, inclusives, transparentes, démocratiques et honnêtes en 2023, afin de consolider la cohésion nationale et la stabilité des institutions.
Mais elles n’ont pas été suivies. Car deux jours après leur communiqué conjoint, le vendredi 11 juin courant, le président de la Haute assemblée, Modeste Bahati, a indiqué que les Sénateurs ont adopté la loi sur la réforme de la CENI, dans les mêmes termes que ceux de l’Assemblée nationale.
Comment vont alors réagir les deux des principales confessions religieuses, elles qui voulaient faire de la CENI un organisme entièrement entre les mains de la société civile ?
Il sied de rappelle que sous la présidence Kabila, l’église, catholique notamment, était en première des manifestations pour le respect de la Constitution. Elle avait même « parrainé » le Comité laïc de coordination qu’elle portait à bout de bras pour Kinshasa.
L’opinion constate que pour la loi organique portant réforme de la CENI, catholiques et protestants ont donné le ton. Reste à savoir jusqu’où elles peuvent aller. Car il reste la loi électorale. Mais avec les deux chambres du Parlement, ultra dominées par l’Union sacrée de la nation, on ne voit pas comment le point de vue de la majorité ne prévaudrait pas.
Sans présager de la suite, les deux confessions religieuses iraient-elles jusqu’à initier un front du refus ? Ou vont-elles déclencher un bras de fer avec le pouvoir actuel comme l’église catholique l’a fait avec le régime Kabila? Et les autres franges de la société civile, vont-elles emboiter les pas aux deux confessions religieuses ? Irait-on vers un forum de toutes les parties prenantes afin de produire une CENI et une loi électorale frappées du sceau du consensus ? Est-ce que certains partis politiques, anti Union sacrée, vont entrer dans la danse ? Ce n’est un secret pour personne, la coalition de l’opposition Lamuka, pilotée par le tandem Fayulu-Muzito est ouvertement opposée à la loi accouchée dans les deux chambres Union sacrée. Depuis 2019 Fayulu a un plan pour une CENI dépolitisée et une loi électorale consensuelle.
Ce n’est pas tout. Martin Fayulu et Delly Sesanga, un des leaders du G13, ont appelé récemment à la création d’un front civique. C’est dire que les jours à venir seront déterminants en ce qu’ils vont nous renseigner sur ce qui a tout l’air d’un début de bras de fer entre les deux des principales confessions religieuses du pays et le pouvoir.
Didier KEBONGO