A part quelques innovations à la marge, rien de vraiment nouveau dans le dispositif anti-covid-19 décliné, hier, par le chef de l’Etat. Le Président a, une fois de plus, égrené tel un chapelet les gestes barrières à observer sur fond de couvre-feu qui connaîtra le concours de la police militaire. Dans le fond, du « déjà entendu« .
Notre » Fatshi national » aurait voulu faire sienne la citation selon laquelle » la répétition est la mère de la science » qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Pourvu que cette fois-ci, la leçon soit non seulement assimilée, mais aussi et surtout mise en pratique. On peut prier, croiser les doigts, toucher du bois -c’est selon- pour qu’il en soit enfin ainsi.
Car, jusqu’ici, point n’est besoin d’emprunter les lunettes des épidémiologistes, des virologues… nichés sur l’avenue des Huileries pour constater que le respect des mesures barrières n’est pas l’aîné de soucis des Kinois. Un coup d’œil même furtif dans nos bus, le verdict est sans appel : la présence des passagers avec masque est l’exception et le contraire la règle.
Les attroupements ? Ils sont légion à Kinshasa. Y compris devant les sièges des partis politiques…au pouvoir ! Le couvre-feu ? Dans leur résilience légendaire, les Kinois ont su trouver des « accommodements raisonnables » pour s’acquitter du « péage« . Comprenne qui pourra.
Plus fondamentalement, dans les bas quartiers de la très tentaculaire capitale rd congolaise où la malaria, la typhoïde et la lutte pour la survie ont une incarnation bien plus réelle, le corona est considéré à tort comme un mal virtuel. Ou en tout cas, comme une maladie des Congolais d’en haut. D’où la réticence, voire l’hostilité au vaccin auquel la rue kinoise et, plus généralement, africaine attribue plus de vices qu’elle ne prête de vertus.
Eu égard à la persistance du Covid-19 à travers ses différents » variants « , le Gouvernement se devrait de sensibiliser davantage l’opinion à la réalité de la pandémie. Et, par la suite, adapter les mesures anti-corona au contexte local fait de débrouillardise. Et non donner l’impression de « sacrifier l’amour de la vie à la peur de la mort « , comme le souligne le philosophe André Comte-Sponville. Sinon, le remède s’avérera toujours plus nocif que le mal qu’il est censé guérir.
José NAWEJ