L’activité économique en République démocratique du Congo s’améliore en cette année, comparativement aux résultats enregistrés en 2020, renseigne le Comité de politique monétaire (CPM).
Le constat a été fait hier jeudi 17 juin lors de la 5ème réunion ordinaire présidée par le Gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), M. Déogratias Mutombo Muana Nyembo. C’est dans ce contexte que les réserves de change ont sensiblement augmenté au fil de mois. Cette augmentation de 453, 9 millions de dollars Us est susceptible au regard de la grille évolutive de change qui affiche au 14 juin, un montant de 1392,2 millions de dollars, largement supérieur au montant de 1237,6 millions de dollars Us, fait remarquer le Gouverneur de la Banque, président du CPM.
Yves KALIKAT
BANQUE CENTRALE DU CONGO COMITE DE POLITIQUE MONETAIRE Kinshasa. République Démocratique du Congo
COMMUNIQUE
Le Comité de Politique Monétaire s’est réuni, ce jeudi 17 juin 2021, pour sa cinquième réunion ordinaire de l’année, sous la Présidence de Monsieur Déogratias MUTOMBO MWANA NYEMBO, Gouverneur de la Banque Centrale du Congo.
Les échanges ont globalement porté sur les principaux faits économiques et financiers aux plans extérieur et intérieur ainsi que sur le dispositif adéquat de la politique monétaire à mettre en place au regard du contexte actuel et futur.
De l’analyse de la conjoncture économique, il y a lieu de relever ce qui suit :
Au plan extérieur
Dans son rapport sur les Perspectives Economiques publié le 31 mai courant, l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) fait état du redressement de l’économie mondiale en 2021, en dépit de la persistance de la pandémie avec l’émergence de nouveaux foyers endémiques. En effet, selon l’organisation, la croissance mondiale devrait progresser de près de 5,8 % en 2021 après une contraction de 3,5 % réalisée en 2020.
Cette reprise est soutenue par l’amélioration significative de la gestion de la crise sanitaire, l’accélération du rythme de vaccination et les mesures de soutien budgétaire et monétaire. Ces deux facteurs ont contribué à la préservation du tissu économique et de l’emploi dans la plupart des économies, principalement celles avancées et certaines émergentes. De même, l’assouplissement des mesures de restrictions décidées par les pouvoirs publics a facilité la réouverture des activités économiques, laquelle s’est accompagnée d’une hausse de la consommation et des heures de travail.
Toutefois, malgré la reprise observée, la trajectoire de la croissance mondiale demeure inférieure à celle d’avant la crise sanitaire liée à la Covid-19 et ce, suite à la présence des nombreux risques qui pèsent sur l’activité économique mondiale, tels que (i) la disponibilité ou l’insuffisance de vaccins dans les économies émergentes et les pays à faible revenu, (ii) le maintien de la fermeture des frontières à l’échelle mondiale, (iii) l’instauration de nouvelles mesures de restriction qui pourrait entamer la confiance, (iv) la hausse de l’endettement des entreprises et (v) l’arrêt brutal de mesure de soutien budgétaire et monétaire.
Au plan intérieur
II est noté une accélération de l’activité économique en 2021 par rapport à 2020. Les prévisions établissent la croissance à 4,9 % venant de 1,7 % l’année précédente. Cette situation est attestée par les résultats de l’enquête du baromètre de conjoncture du mois de mai. En effet, l’opinion des chefs d’entreprises révèle le maintien de la confiance quant à l’évolution de la conjoncture économique à court terme. En effet, le solde brut s’est établi à +16,2 % venant de -M6,0 % le mois précédent.
Sur le marché des biens et services, il a été noté une décélération du rythme de formation de prix. En effet, le taux d’inflation s’est établi à 0,433 % contre 0,466 % au mois d’avril. En glissement annuel, le taux d’inflation s’est situé à 11,687 % et 1,939 % en cumul annuel. Ainsi, il devrait s’établir à 4,871 % à fin décembre 2021, toutes choses restant égales par ailleurs, alors que l’objectif demeure à 7,0 %, à moyen terme.
Il a été noté un bon comportement des finances publiques. En effet, les Opérations Financières de l’Etat se sont soldées par un excédent de 113,1 milliards de CDF, porté principalement par le paiement de l’impôt du premier acompte provisionnel au cours de cette échéance fiscale. Les recettes mobilisées se sont chiffrées à 1.016,4 milliards de CDF contre une programmation mensuelle de 859,5 milliards. Quant aux dépenses, elles se sont chiffrées à 903,2 milliards de CDF contre un montant prévisionnel de 789,8 milliards de CDF.
Sur le marché des changes, les deux segments du marché des changes ont évolué de manière divergente. En effet, au 31 mai, Le taux de change s’est fixé respectivement à 1 989.1^ CDF le dollar américain à l’indicatif et 2 025,00 CDF au parallèle, soit une légère appréciation mensuelle de 0,01 % pour le premier et une dépréciation de 0,63 % pour le second. Depuis le début de l’année, le franc congolais s’est légèrement déprécié de 0,91 % et 0,23 %, respectivement à l’indicatif et au parallèle.
En outre, les réserves de change ont augmenté de 453,9 millions de USD d’un mois à l’autre, s’établissant à 1237,6 millions de USD, soit plus de 5 semaines d’importations des biens et services sur ressources propres. Au 14 juin, elles ont même atteint 1392,2 millions USD. Cette hausse s’explique tant par la stratégie mise en place par la Banque Centrale visant la maximisation des achats interbancaires des devises que par la baisse de leur consommation par le Trésor.
Ainsi, la Banque Centrale maintient ses actions entreprises visant à consolider cette stabilité à travers notamment une meilleure régulation de la liquidité bancaire, l’accumulation du niveau des réserves de change et le respect des engagements du pacte de stabilité avec Le Gouvernement.
S’agissant du secteur monétaire, le bilan de la Banque centrale renseigne une hausse mensuelle de la base monétaire de 309,7 milliards de CDF contre celle de 29,7 milliards le mois précédent, suite à un important accroissement des avoirs extérieurs nets. L’encours global des Bons BCC est resté à 15,0 milliards de CDF, et les avoirs libres des demeurent négatifs à -365,4 milliards de CDF.
Eu égard aux perspectives du maintien de la stabilité macroéconomique au cours de prochains mois et dans le but de baisser le coût de refinancement aux banques et leur permettre de rééquilibrer aisément leurs positions et d’améliorer les conditions de leur concours à l’économie, le comité de politique monétaire a décidé de revoir à la baisse son taux directeur lequel passe de 10,5 % à 8,5 %.
Les coefficients de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à terme sont maintenus respectivement à 13,0% et 12,0% et ceux pour les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme à 0,0 %. La régulation de la liquidité se poursuivra avec le Bon BCC.
Enfin, le Comité de Politique Monétaire encourage le Trésor à maintenir cet élan de collaboration en vue de la poursuite de la consolidation de la stabilité macroéconomique.
Fait à Kinshasa, le 17 juin 2021