Les blouses blanches radicalisent leur grève dans les institutions hospitalières de l’Etat en République démocratique du Congo. Faisant fi des promesses du ministre de la Santé publique visant à répondre favorablement à leurs revendications, les professionnels de la santé relancent leur grève pour une durée de dix jours, à compter du samedi 12 juin dernier.
Cette information a été confirmée, hier lundi 14 juin, par le secrétaire général adjoint du Syndicat national du personnel technico-administratif de la santé (Synapetas). A en croire Léonard Kusimana, le but de la grève est de réclamer le paiement. » Par là, nous parlons de l’alignement et de la réduction des écarts entre les plus payés et les moins payés « , a-t-il souligné.
Ce syndicaliste accuse l’ancien ministre de la Santé, Eteni Longondo de n’avoir pas pris en compte le paiement de la prime de risques des autres catégories de la santé, en ne privilégiant que les médecins, alors que l’enveloppe débloquée par les pouvoirs publics concernait toutes les catégories.
» Il y a un budget de rémunération. Dans cette rémunération, ce n’est pas le salaire de base mais, la prime de risque, explique Léonard Kusimana. Cette enveloppe a été dégagée par le directeur-chef de service de paie du ministère du Budget en faveur des agents du ministère de la Santé publique. Mais à l’éclatement, l’administration de la santé, le ministre lui-même, ont pris tout l’argent et ont versé uniquement pour le compte de médecins. «
Selon ce syndicaliste actif depuis plus de 40 ans, il est normal que l’ancien patron de la Santé ne favorise que les médecins et demande aux autres catégories d’attendre. » Et pourtant cette enveloppe ne concerne pas spécialement les médecins, mais plutôt tout le personnel de santé, à savoir : les médecins, les chirurgiens les dentistes, les administratifs licenciés et maïtrises, les médecins physiques, les kinésithérapeutes, les nutritionnistes, etc.
« Tout le monde, souligne-t-il, devrait se retrouver, mais le ministre Eteni Longondo a privilégié le médecin parce qu’il est lui-même médecin. Le Secrétaire général est médecin et le directeur du cabinet aussi, pour qu’à la fin de leur mandature qu’ils se retrouvent de l’autre côté « .
régler la situation
Mercredi dernier, le ministre de la Santé a réuni l’intersyndicale des professionnels de la santé pour plancher sur la question. Dr Jean-Jacques Mbungani les a sensibilisés sur la nécessité de stopper la grève, en tenant compte du contexte actuel où la 3ème vague de la pandémie sévit au pays, associée aux catastrophes humanitaires causées par l’éruption volcanique de Nyirangongo. Il a en outre promis de présenter le problème au niveau du gouvernement pour des solutions rapides.
D’après Jean-Jacques Mbungani, le problème se pose à deux niveaux. Le premier volet administratif ne pose aucun problème car, ca peut se régler au niveau de son ministère. C’est le second volet financier qui pose problème, parce que cela implique ses collègues de Finances et du Budget.
Le secrétaire général adjoint du Synapetas, qui a aussi pris part à cette rencontre, a confirmé que le ministre de la Santé avait consulté ses collègues de Finances et du Budget. Le problème avait, dès lors, été ramené au niveau du Conseil des ministres du vendredi dernier, avec l’appui du ministre de l’Intérieur. « Malheureusement, regrette-t-il, il n’y a pas eu des suites immédiates. Ils ont promis que la réponse sera donnée en délibérée au cours d’une réunion de conseil des ministres extraordinaire qui sera probablement convoquée ce mercredi, au retour du chef de l’Etat et des autres membres du gouvernement encore en séjour à Goma. «
« Donc, poursuit-il, les syndicalistes sont sortis mains bredouilles de cette réunion et » on ne pouvait pas retourner à l’Assemblée générale pour dire à nos affiliés de reprendre le travail en attendant la concrétisation des promesses faites par le gouvernement. Nous connaissons la tradition des gouvernements qui se sont succédés « .
Vivement un autre ministère
Pour mettre fin à cette injustice tant décriée par les infirmiers et d’autres catégories, l’intersyndicale des professionnels de santé a présenté au gouvernement un cahier de charges qui reprend le protocole d’accord et un autre cahier des charges qui demande qu’il y ait scission du ministère de la Santé (un ministère pour les médecins et un autre pour les autres catégories de la Santé).
Et comme cela exige des réflexions en atelier. « Nous allons d’abord à l’essentiel, c’est-à-dire aligner les agents non-payés qui ont été contrôlés et pour lesquels nous avons déjà fait la répartition en 2020, pendant le Covid-19 », a indique Léonard Kusimana.
« Nous avons déjà réparti en trimestre. Il y avait de l’argent dans les lignes budgétaires. L’argent n’a pas été défalqué pour que ces agents-là rentrent dans leurs droits. Nous sommes en 2021, on devrait terminer la répartition en janvier et entamer les autres qui n’ont pas été contrôlés. Le gouvernement n’a pas payé. Maintenant que le gouvernement veut payer, au lieu de commencer en avril dernier, il veut commencer au mois de juillet. «
Pour le moment, les négociations entre l’intersyndicale et le Gouvernement n’ont pas encore commencé. Et aucun service minimum n’est autorisé par l’Intersyndicale des professionnels de la Santé. La situation risque d’être catastrophique pour les malades si le Gouvernement ne trouve pas des solutions à temps.
Rocco NKANGA