La nouvelle fait l’effet d’une bombe : la disparition de Kitenge Yezu. Haut représentant du président Félix Tshisekedi depuis sa nomination en mars 2019, le baobab de la fatshisphère s’est écroulée hier lundi 31 mai à Kinshasa. Au grand regret de ses proches.
Homme féru de nœuds papillons, Kitengie Yezu a été au centre de toutes les manœuvres visant à « déboulonner » la Kabilie et la mise sur pied de l’UNion sacrée de la Nation. Fin stratège, taxé de ‘‘gourou’’ du camp présidentiel, il jouait un rôle majeur dans le précarré de Félix Tshisekedi.
Les habitués des arcanes politiques se souviennent bien de ce septuagénaire qui, au plus fort de la brouille entre le Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le Changement (CACH), prenait langue avec tous ceux qui allaient franchir le Rubicon pour aller rejoindre «l’Union Sacrée de la Nation». Cette patchwork politique qu’il a contribuée à façonner pour lui donner l’ampleur qu’elle revêt aujourd’hui. On se souvient à cet effet de ‘‘ses tweets assassins’’ qu’il injectait sur les réseaux sociaux à la veille de chaque défection dans le camp des kabilistes.
De l’adversaire au stratège
Au regard de son parcours, Kitenge Yezu résume quelque peu l’itinéraire de l’homme congolais. C’est-à-dire soluble dans tous les régimes. C’est le même homme qui, dans la transition mobutienne, incarnait l’aile dure du régime aux années 90. Il y a trente ans, il comptait parmi les snipers des Forces Politiques du Conclave (FPC), résolument opposées à l’Opposition radicale. Il tirait à bout portant sur ses animateurs d’alors, voire sur l’Eglise catholique, se rangeant carrément aux côtés du Martéchal Mobutu.
On ne pouvait donc pas logiquement imagine que cet homme allait se retrouver, près de 30 ans après, aux côtés du fils du Sphinx de Limete, au point d’en devenir le porte-étendard, voire l’éminence grise. C’est donc cet homme qui, pourtant, a combattu Tshisekedi père durant les années Conférence nationale souveraine (CNS), qui s’est subitement retrouvé dans les bonnes grâces du fils du lider maximo. Qui, contre toute attente, va le propulser dans sa cour, le nommant son Haut représentant… trois mois après sa prise de fonction.
Aujourd’hui, la fatshisphère est inconsolable. Car, elle perd un de ses puissants stratèges en plein milieu du gué.
FDA