« Delta » contre « Kanda » !

Il y a déjà eu « pièce contre pièce« . A l’ère et à l’heure du -ou de la-  covid-19, il y a désormais « variant contre variant« . A Delta -nom du variant indien- s’oppose depuis hier le variant « Kanda« ,  colère en français. Si le variant indien, à l’origine de la troisième vague à Kinshasa, n’est pas visible à l’œil nu, « Kanda » a été vu par tout le monde sur les grandes artères de la capitale. Et ce, tout au long de la journée d’hier. Avec comme cluster, notamment  la Tshangu. Avec des pics aux heures de pointe, c’est-à-dire le matin et le soir.

Furieux de ce que les autorités du pays aient pris des mesures pour contrer le variant indien sans tenir compte de lui, « Kanda« , cet autre volcan, est entré en éruption à KInshasa. Tel Nyiragongo, sans prévenir personne de sorte que nul ne l’a vu venir.

 Pourtant, il aurait suffi d’une contre- expertise sociologique pour réaliser que la batterie de mesures anti-covid-19 allait saper les bases de  survie quotidienne à Kinshasa. Une ville où l’écrasante majorité de ses plus de dix millions d’âmes vivent journellement de la débrouillardise. Le fameux « Système D » ou « Article 15« , chanté naguère par Pépé Kallé d’heureuse mémoire, qui n’a pas pris depuis la moindre ride. Une mégapole où sans  transport en commun, la vie ne vaut pas un penny.

 Or, voilà qu’en imposant de réduire drastiquement le nombre de passagers par véhicule, l’Hôtel de ville a obligé, de fait, les propriétaires des bus, taxi-bus à retirer leurs engins du circuit. Résultat, carence de transport  et marathon forcé  pour des millions de Kinois !

Il n’en fallait pas plus pour que le variant « Kanda » entre en action, en particulier sur le  boulevard Lumumba. Sans cache-nez, un véritable pied de nez aux mesures barrières. Pas la peine de préciser que cette procession se fait, par définition, au mépris de la distanciation physique.

 Les exégètes de la vie politique congolaise ont eu le temps d’apprécier la tonalité des chansons scandées par la foule. Signe qu’à Kinshasa et dans le pays, on est loin du proverbial « tout va très bien Madame la Marquise« . Indice aussi que l’autre volcan-social celui-là – peut larguer sa lave au moment où on s’y attend le moins. Avertissement sans contravention: à savoir que lorsque le remède est plus nocif que le mal qu’il est censé soigner, les effets secondaires risquent d’annihiler la thérapie.

Moralité ; dans sa croisade légitime contre le corona, le Pouvoir rd congolais a donc intérêt à intégrer le contexte local dans la panoplie de mesures anti-troisième vague. Sinon, une tout autre vague risque de  déferler sur les routes kinoises. C’est le variant « Kanda« , dont certains symptômes ont été remarqués hier sur les principales artères de la capitale. Comme quoi, un variant peut en cacher un autre.

José NAWEJ   

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