» Congolité  » : un sujet hors-sujet

Une fois n’est pas coutume. Deux citations de deux illustres  américaines   comme entrée en matière. Il s’agit d’Eleanor Roosevelt, grande figure de la politique américaine doublée d’ex-First Lady et de Melissa Wells, ancienne ambassadrice des USA au seuil des années 90. L’épouse du 32ème Président étatsunien écrivit :  » Les grands esprits discutent des idées; les esprits moyens discutent des événements ; les petits esprits discutent des gens  »  L’ambassadrice très engagée Wells légua cette observation à la postérité :  » sur la scène politique congolaise, il y a plus de chaleur que de lumière « .

Comment ne pas reconnaître que près de trente ans après, le constat de la diplomate américaine n’a pas pris la moindre ride. Tant la polémique autour des personnes sur fond de noms d’oiseaux  tient lieu du nécessaire débat constructif. 

Quant à la citation de l’ancienne Première dame américaine, elle interpelle la classe politique congolaise abonnée, mieux scotchée qu’elle est aux discussions sur les individus. La polémique en cours sur la « congolité  » illustre une fois de plus -peut-être même de trop-les abysses dans lesquels patauge le discours politique en RDC.

 Au regard des défis himalayens auxquels fait face le pays, on était en droit d’attendre mieux de l’initiateur de la  controverse sur la  » congolité « . En raison de la vocation de grandeur qui est celle de la RDC, le pays ne devrait avoir la moindre seconde à gaspiller dans un sujet hors-sujet. Au moment où toute l’Afrique attend que la  » gâchette  du revolver » chère à Frantz Fanon soit opérationnelle pour que le Continent cesse d’être l’objet pour devenir sujet de l’histoire, voilà que des Congolais se donnent le luxe d’une distraction supplémentaire. Comme si on était en manque en matière de comédie de mauvais goût!

Au moment où la RDC exerce la présidence tournante de l’Union africaine, il y a à l’évidence mieux à faire que passer le temps sur la  » congolité « . Un narratif dont personne n’est dupe de  ses contours politiciens.

 Sollicités depuis 2006, les Congolais attendent de leurs mandants des réponses concrètes en terme d’amélioration de leur ordinaire. Ils sont en droit de demander des comptes à ceux qui les dirigent dans le cadre du contrat social républicain.

Par rapport à cet enjeu existentiel majeur, le débat sur la congolité sonne d’une part comme une variante de l’arme de disqualification massive et d’autre part comme une diversion à consommation locale. Servir aux masses  des sujets alternatifs dans l’espoir de les détourner de vraies préoccupations. Une stratégie vieille comme l’abc de la propagande. Le hic,  c’est que comme pour  la guerre ; on sait comment et quand commence ce genre de polémique sur les origines, on ne sait jamais  comment et quand ça se termine.       

   José NAWEJ

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