Mardi 1er juin dernier à Benseke-Futi dans la périphérie de Kinshasa pour la onzième année il y a eu un monde fou pour un exercice douloureux devant la modeste tombe de Floribert Chebeya Bahizire dit « Flory » directeur exécutif de la VSV jusqu’à un certain 1er juin 2010 où il est froidement assassiné avec son compagnon d’infortune Fidèle Bazana Edadi, chauffeur chargé du dispatching-courrier à l’époque de John Numbi Banza Tambo alors Inspecteur général de la police nationale (PNC). La commémoration se déroule sous forme d’une sorte de dépit non feint dans le chef de tous ceux qui ont accepté de faire ce déplacement, tous, sans exception.
Et pour cause. Ils ne comprennent pas et ils l’expriment vertement comment depuis onze ans déjà que John Numbi accusé de commanditaire principal du double-assassinat dans les aveux de ses propres policiers du «Bataillon-Simba» dans l’enquête de RFI, court toujours les rues et n’a jamais être présenté à son Juge naturel pour qu’il réponde aux griefs retenus. Pour eux, c’est le règne de l’impunité qui se poursuit sous Félix Tshisekedi, le nouveau Président de la République qui prône pourtant l’Etat de droit qu’il proclame matin midi et soir.
Les deux familles des deux défenseurs des droits assassinés le 1er juin 2010 dans les installations de l’Inspection générale de la Police parlent d’une même voix d’un onzième anniversaire de triste mémoire, de mauvais gout et surtout du gout du sang versé par le double-assassinât de ces défenseurs des droits de l’homme dans l’exercice de leur fonction.
Ce qui est une violation de l’article 16 de la Constitution du 18 Février 2006 qui stipule que la personne humaine est sacrée et l’Etat a par conséquent l’obligation de la respecter et donc de la protéger. Et dans une autre disposition sur le même objet, l’article 60, qui rappelle, lui, si besoin en est que le respect des droits et des libertés fondamentales consacrés dans la Constitution s’impose aux pouvoirs publics et à toute personne.
D’où leur détermination qui n’a pas pris la moindre ride pour voir la Justice militaire dire la seule vérité comme c’était le cas avec le procès au premier degré qui a reconnu comme un crime d’Etat, le double-assassinat de Chebeya et Bazana en condamnant à la peine de mort le major Christian Ngoyikenga et ses autres coaccusés pour assassinat par torture de Chebeya et Bazana Edadi. Est venu le tour de la VSV laquelle a profité de cette onzième commémoration du double-assassinat de Chebeya et Bazana Edadi pour adresser son mémorandum au Président de la République, Félix Tshisekedi sur l’affaire de l’assassinat des deux défenseurs des droits de l’homme Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazana Edadi où elle demande la réouverture du procès.
On retient en gros que dans sa note au chef de l’Etat, la VSV qui loue des deux mains les actes de procédure émis par l’Auditeur général près la Haute cour militaire contre le général John Numbi avec son inculpation au moyen d’un Avis de recherche, étant en fuite. C’est ici la crainte de la VSV qui voit John Numbi, dans sa fuite tenter d’éliminer physiquement les policiers de son Bataillon qui le mettent en cause dans l’enquête de RFI et même ceux qui sont en détention à la prison centrale de Makala.
Alors que si Félix Tshisekedi avait écouté l’appel de 117 ONGD et mouvements citoyens du 10 février 2021 où ils exigeaient l’arrestation immédiate des généraux John Numbi Banza Tambo et Zelwa Katanga dit «Djadjidja» pour leur implication dans ce double assassinat, John Numbi n’aurait jamais fui en franchissant la frontière en toute impunité mais serait plutôt déjà placé en détention préventive en prison. N’empêche.
La VSV est toutefois convaincue que la fuite de John Numbi ne peut nullement compromettre la réouverture du procès que tous les ONGD et les organisations de la Société civile exigent à cor et à cri. Après cette première étape de la commémoration qui se déroule uniquement au cimetière Benseke-Futi, la deuxième et donc la dernière, c’est à la Paroisse Notre-Dame de Fatima à Kinshasa-Gombe qui a deux séquences dont la première a comme cadre la salle paroissiale où l’assistance a pu suivre sous la modération de Jean-Bosco Puna du SYNECAT la projection du film «Chebeya, crime d’Etat» qui est sans commentaire. Tandis qu’à la célébration eucharistique d’actions de grâces le père célébrant montrait que vérité pour laquelle Jésus le Fils de de Dieu avait- été livré comme Chebeya et Bazana Edadi finira par triompher. Inévitablement. D’autant plus qu’à ce jour, leurs bourreaux qui étaient autrefois tout puissants sont en fuite ou en prison. C’est le juste retournement des choses. Qui l’eût cru… KANDOLO M.