CENI : devrions-nous sacrifier la compétence de Denis Kadima sur l’autel de ses origines kasaïennes ?

Sérieux prétendant au poste de président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Denis Kadima, 59 ans, a le profil de l’emploi, de l’avis des observateurs. Et pour le déstabiliser, ses adversaires jouent à la déloyale : surfer sur la fibre tribale.  

Après le vote au Parlement de la nouvelle loi sur le fonctionnement et organisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’agitation reprend sa place dans les différentes composantes autour de la désignation de nouveaux animateurs de la centrale électorale. La composante confession religieuse a été une fois de plus choisie pour présenter un candidat au poste de président de cette institution d’appui à la démocratie.

Plusieurs dizaines de candidatures sont réceptionnées à ce jour par les confessions religieuses. Parmi ces candidatures, il y a celle de Denis Kadima, 59 ans. Le directeur exécutif de l’Institut Électoral pour une Démocratie durable en Afrique (EISA), qui traîne derrière lui, plus de vingt années d’expérience en matière électorale en RDC et en Afrique, est présenté comme l’archi-favori. Celui dont la candidature est portée par l’église kimbanguiste endosse ce statut grâce à son expertise avérée.

 » Venu en Afrique du Sud comme un immigré, il a gravi des échelons jusqu’à devenir l’un des plus grands spécialistes des élections dans le monde. Il a établi une connexion avec toutes les organisations du monde. Il connaît presque tous les chefs d’État africains. Il utilise toutes ces relations au service de sa communauté qui est l’Afrique, mais aussi son pays, la RDC où il a contribué à former la commission électorale, les partis politiques et la société civile. Il a participé à l’élaboration de la Constitution de son pays. Il a sillonné toute l’Afrique pour former des agents électoraux « . Ces propos laudateurs à l’endroit de Denis Kadima ne sont pas ceux d’un Congolais, mais d’un Ivoirien : Vincent Toh Bi, expert électoral et ex-gouverneur de la ville d’Abidjan, qui a travaillé avec Kadima à EISA.

Fort en matière électorale, Denis Kadima voit ses détracteurs lui trouver un raccourci : ses origines. Dans les médias, il est actuellement présenté comme le candidat du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, simplement parce qu’il est Kasaïen. 

 » Il nous revient que lors des récents échanges entre les Chefs des Confessions religieuses sur la question de la désignation de leur représentant à la présidence de la CENI, le Chef d’une des confessions religieuses aurait tenté d’influencer leurs choix en affirmant que Monsieur Denis KADIMA serait le candidat du Chef de l’Etat. Si cette information s’avèrait vraie, cela poserait le problème du libre choix des Confessions religieuses, de la dépolitisation et de l’indépendance de la CENI ainsi que du tribalisme tant décrié dans la désignation des animateurs des Institutions publiques », peut-on lire dans une tribune anonyme publiée dans un média en ligne congolais.

Jurisprudence Mulunda- Kabila

Et pourtant, ni la Constitution ni la loi électorale, encore moins la loi sur la CENI ne soulèvent l’incompatibilité d’un candidat qui serait de la même origine tribale que le président de la République en fonction. La jurisprudence Ngoyi Mulunda – Joseph Kabila est encore fraiche dans les mémoires. L’ancien président de la CENI qui a organisé les élections de 2011, partageait les mêmes origines katangaises que le président en fonction à l’époque. 

Déjà écarté l’année dernière lors de la désignation disputée de Ronsard Malonda pour ces incroyables considérations tribales rétrogrades, Denis Kadima ne devrait pas être, pour la deuxième fois, victime d’une telle discrimination. A la loyale, seul, l’argument compétence-probité morale devrait décider de son sort.

Au demeurant, la réussite d’un processus électoral a beaucoup à avoir avec la désignation, sur des bases objectives, des organisateurs.

Didier KEBONGO

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