Les violences domestiques détruisent les femmes en RDC. Elles sont nombreuses celles qui souffrent en silence de peur de perdre leur mariage ou de laisser leurs enfants souffrir. À ce jour, cette forme des violences existe en RDC mais elle est moins connue en raison du caractère occulte, cacheté, inavoué, répétitif, d’où la nécessité de renforcer les sensibilisations, pour contribuer à leur éradication.
Une des survivantes de cette violence domestique prise en charge par une ong, a relaté son calvaire. Miriame Nzuzi était mariée en 2013. « Mon mari avait l’habitude de me frapper mais j’avais espoir qu’il allait changer. Au début il faisait de crise de jalousie, si je rentre de la boutique où je vendais, elle me contrôlait jusqu’à m’introduire ses doigts au sexe pour voir si je reviens d’un rendez vous amoureux. Nous avons évolué dans cette situation jusqu’à ce que j’ai pris la décision de ne plus supportais ça« . Et de poursuivre : » C’est au mois de novembre dernier que le monsieur m’a tapée parce que mon père qui nous aidait pour les charges familiales avait perdu son travail, et la situation a empiré « .
C’est de cette bagarre que mon doigt s’est cassé. » En ce moment je suis en fuite avec mes enfants chez une amie. Il est devenu comme un fou, J’ai entamé le processus de divorce, mais je reçois les menaces de sa famille, et ceux de son église car il est pasteur« , a-t-elle conclu.
Une autre survivante Odile qui a beaucoup souffert dans son foyer nous explique son malheur. » Mon mari était un alcoolique. Chaque fois, il rentrait à la maison ivre, il criait, m’insultait et mettait tout le monde mal à l’aise. Il voulait que quand il m’insultait que je réagisse. Si je ne réagis pas, il va me taper comme un esclave. Malgré cela, je le supportais quand meme. Le pire est arrivé l’année passée pendant le confinement. J’étais enceinte de 4 mois. Il est arrivé avec des incompréhensions comme d’habitude. Je l’ai regardé crier et m’insulter sans réagir. Il a commencé à me frapper jusqu’à ce que j’ai perdu connaissance. Ma cousine qui vivait avec moi à chercher secours avant que ma famille n’arrive. A l’hôpital, j’avais perdu mon bébé. De l’hôpital, je suis allée directement chez mes parents. Il fait des démarches pour que j’y retourne, c’est impossible.
Actuellement, je suis suivie par un psychologue, c’était bouleversant j’ai risqué perdre ma vie ».
Les pesanteurs culturelles, un obstacle à l’épanouissement de la femme
Face à cette situation, la directrice de l’Agence nationale de lutte contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles (AVIFEM), une structure du ministère du Genre a fait savoir que les pesanteurs culturelles empêchent les femmes à jouir de leurs droits, dont dénoncer leurs bourreaux et les traduire en Justice. « Nous recevons les femmes qui viennent se plaindre pour avoir été battues ou brutalisées par leurs maris« , a reconnu Florence Mboloko. Malheureusement, lorsque « nous les orientons vers le Centre intégré des services multisectoriels pour être d’abord suivi par un psychologue, la plupart n’y vont pas, elles privilégient leurs enfants. Même si nous leur demandons de dénoncer leurs maris afin qu’ils puissent répondre de leurs actes devant la justice, elles reculent de peur de subir de graves violations de la part de la belle famille ou du monsieur« , a-t-elle soulevé.
» Nous invitons les femmes à dénoncer les violences subies au ménage à travers le numéro 112 qui est opérationnel sur toute l’étendue de la RDC« , a recommandé Florence Boloko.
Ensuite, elle a reconnu que les violences domestiques existent depuis toujours. » Mais nous étions plus concentrées aux violences sexuelles et celles basées sur le genre. Mais, avec la pandémie de covid-19, nous avons vu les violences domestiques prendre de l’ampleur », a-t-elle martelé.
Les coups et blessures sont illégaux
Le Forum des femmes citoyennes engagées pour la gouvernance, la démocratie et le développement (FOFECEGDD) qui fait de la lutte contre les violences domestiques son cheval de bataille, a mené plusieurs campagnes de sensibilisation au niveau de la communauté pour amener les survivantes à dénoncer leur calvaire. Pendant cette campagne, qui a eu lieu de juillet en décembre 2020, 700 cas ont été enregistrés à Kinshasa.
La présidente de cette structure, Me Marie Lukusa, avocate au Barreau de Kinshasa-Matete a indiqué que les coups et blessures sont des infractions reconnues dans l’arsenal juridique congolais. C’est le code pénal en ces articles 45, 51,et 75 qui punit les coups et blessures, les violences et voie de fait, mais ne prennent pas une qualification moindre à cause de cadre dans lequel ces actes ont eu lieu, a-t-elle expliqué. De ce fait les coups et blessures qu’ils soient volontaires ou involontaires restent et demeurent illégaux en RDC car il constitue une infraction au regard de la législation congolaise en vigueur, a soutenu Me Marie Lukusa.
Ainsi, cette avocate a formulé quelques recommandations au gouvernement pour que les choses changent. Me Marie Lukusa a note la nécessité d’avoir une loi spécifique où la procédure de la saisine est clairement établie, avec les infractions et peines sont bien définies, créer le centre de refuge pour la prise en charge des victimes et multiplier les sensibilisations en donnant les informations nécessaires sur ce phénomène enfin de les éviter.
Pour sa part, Me Lisette Mavungu, vice-présidente de WILPF/RDC, a estimé que les femmes survivantes de violences domestiques doivent rompre avec le silence. Cette activiste des droits des femmes a mis l’accent sur la sensibilisation de la communauté pour l’aider à prendre une bonne décision. Mathy Musau