* Selon une source proche du dossier, les inexactitudes sur la machine UBM ont été reprises dans le réquisitoire du PG près la Cour constitutionnelle
« Alors que le mensonge prend l’ascenseur pour atteindre sa cible, la vérité finit par triompher en empruntant les escaliers », chantait un célèbre musicien congolais. C’est l’illustration parfaite d’un courrier du ministère de l’Industrie datée de 2019, lequel confirme noir sur blanc que l’Usine mobile (UBM) achetée par l’Etat, n’a pas été affectée aux besoins du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, mais plutôt au profit de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel.
Pourtant, le rapport de l’Inspection générale de Finances (IGF) mettant en cause l’ancien premier Ministre Matata Ponyo et ses collaborateurs, dans le dossier des détournements présumés des fonds et autres matériels affectés au projet Bukanga Lonzo, souligne clairement que la machine UBM n’a jamais été achetée et qu’elle ne s’est jamais trouvée à Bukanga-Lonzo.
Ces mêmes accusations ont été littéralement reprises dans le réquisitoire du Procureur général près la Cour constitutionnelle, parmi les griefs mis à charge de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo.
A en croire des sources proches du dossier, l’IGF et son réseau de communicateurs auraient changé la version des faits, après cette mise en déroute. » Ils disent maintenant que la machine a été achetée mais surfacturée. Or, ce que l’IGF et son réseau des journalistes oublient est que cette machine n’était même pas destinée au projet Bukanga Lonzo et n’avait rien à voir avec le parc agro-industriel « , ont-ils confié.
En effet, une note du ministère de l’Industrie adressée au premier Ministre Matata, datant d’avril 2014, dont l’objet concerne l’acquisition et la mise à disposition de l’Usine mobile et construction renseigne que le Gouvernement avait commandé et payé intégralement auprès du MIC industries Inc, une unité mobile de construction pour un montant de huit millions trois cent vingt-trois mille quatre cent trente dollars américains (8.323.430 Usd) pour besoins d’acquisition en faveur de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel . Ce, dans le cadre du plan de construction de mille écoles.
Et en août 2014, poursuit le même courrier, un premier lot de 7 containers constitués des équipements de l’usine mobile avait été livré au port de Matadi, suivi d’un second lot de 5 containers de rouleaux d’acier. Mais seulement l’ensemble de cette cargaison a été conduit au parc Agro-industriel de Bukanga Lonzo pour gardiennage. Et la note de conclure qu’étant donné que ce matériel n’avait pas été acquis pour les besoins de Bukanza Lonzo, il peut en conséquence être affecté à tout moment, suivant les instructions des autorités à d’autres usages urgents.
DOSSIER JUDICIAIRE OU ARME DE DISQUALIFICATION MASSIVE ?
Face à cette situation, des observateurs avertis se demandent si l’IGF pourrait cette fois-ci qualifier de corrompu le ministre de l’Industrie, alors que cette note date de 2019. Ils ne comprennent pas pourquoi l’IGF fait autant de pressions sur la Justice au point de l’induire en erreur. Il ne s’agit que d’un acharnement sur la personne du sénateur Matata Ponyo, pensent-ils.
Ces balbutiements, mieux cette volte-face dans le dossier « Usine mobile » vient de mettre de l’eau au moulin de ceux qui brandissent les relents politiques voire politiciens dans l’affaire Matata. S’agirait-il d’un dossier judiciaire stricto sensu ou d’une arme de disqualification massive dans l’optique 2023 ? La question reste posée.
Rocco NKANGA