C’est depuis hier à Kalemie, capitale du Tanganyika, que l’Assemblée provinciale a déchu, par 13 voix sur 25, le gouverneur Zoé Kabila, jeune frère du Raïs Joseph Kabila, pour « mauvaise gestion, incompétence, manque de leadership, manque de considération envers les députés provinciaux constituant l’organe délibérant et surtout envers les autorités nationales à Kinshasa« .
« On note toutefois que Zoé Kabila, bloqué à Kinshasa par une convocation du Pouvoir central était absent de cette plénière boutiquée de longue date par l’Union sacrée de la nation. Par conséquent, il n’a pas pu donner ses moyens de défense, comme l’exige le Règlement intérieur (RI) de l’Assemblée provinciale, laquelle est passée outre, en procédant à l’examen de la motion.
Avec cette déchéance de Zoé Kabila, on assiste là au tout dernier bastion de la kabilie qui vient de tomber. Zoé Kabila n’a pas pu résister au rouleau compresseur de l’Union sacrée de la nation qui a déjà emporté tous les gouverneurs de province qui n’ont pas fait allégeance au Pouvoir-Tshisekedi.
C’était prévisible, car lui n’allait pas le faire. Sa déchéance était, du reste, plusieurs fois annoncée depuis Kinshasa, alors que Zoé Kabila était encore sur le strapontin au gouvernorat à Kalemie.
coup fourré contre un gouverneur proche de la population
Il avait aussi été plusieurs fois convoqué par Kinshasa où il se trouve en ce moment. D’où, la question que se posent légitimement certains observateurs pour savoir si celui qui est déchu, ce n’est pas plutôt le nom qu’il porte des Kabila et non du gouverneur du Tanganyika depuis près de trois ans.
Sur place à Kalemie, nombreux sont ceux qui affirment, la main sur le cœur, que Zoé Kabila avait bien travaillé à l’envers d’autres gouverneurs de province qui ont ramené leurs provinces à l’âge de la pierre taillée ,en termes de développement. Il était aussi proche de sa population. Ce qui explique le score serré d’une seule voix pour sa déchéance.
C’est là même dans son Tanganyika natal où il a renouvelé son siège comme élu 1er degré. Il n’a pas géré cette province dans des frasques du fils de M’Zee Laurent-Désiré Kabila et aussi petit-frère du boss du FCC, le sénateur à vie Joseph Kabila sur les listes de qui il était élu.
Cependant, Zoé Kabila ne restera pas au chômage comme d’autres gouverneurs déchus. Zoé Kabila récupère donc son siège à l’Assemblée nationale pour rejoindre sa grande sœur, Jaynet Kabila, qui est aussi à sa deuxième législature.
Il s’agit là de la famille nucléaire de Joseph Kabila à qui ce dernier n’a jamais attribué, pour les favoriser, un quelconque poste politique par nomination, alors qu’il avait les pleins pouvoirs, comme on le voit sous d’autres cieux. Mais, on retient que cette famille de Joseph Kabila, notamment Janet Kabila et Zoé Kabila, ont apparu en politique par la voie des élections. Chapeau bas à Joseph Kabila.
Gilbert KAnkonde indexé
Toutes ces vingt-six provinces sont dans un état de sens-dessus sens-dessous. Dans quasiment toutes les provinces, les gouverneurs sont sous menace de déchéances des Assemblées provinciales. Certains observateurs pointent un doigt accusateur en direction de Gilbert Kankonde, Vice-Premier, ministre de l’Intérieur sous Sylvestre Ilunga Ilunkamba et très proche de Félix Tshisekedi. C’est lui qui, d’après certaines sources, a tenu en laisse aussi bien des gouverneurs que des Présidents des Assemblées provinciales qu’ils convoquent pour consultation à Kinshasa à tout bout de champ.
Il annule même par simple note des déchéances des gouverneurs de province en se substituant à la Justice, arguant qu’ils n’ont pas pu donner leurs moyens de défense. Tant que les gouverneurs de province et les Assemblées provinciales seront sous la botte d’un ministre de l’Intérieur, rien de constructif ne se fera dans les provinces.
Il faudra retourner à la Constitution du 18 février 2006 qui ne prévoit dans aucune de ses dispositions un lien entre les assemblées provinciales qui sont des ETD, c’est-à-dire qui ont une personnalité civile différente de celle de l’Etat congolais et qui sont souveraines dans certaines matières bien précises.
Sous aucune forme, le Pouvoir central ne peut convoquer ni un gouverneur de province ni un Président de l’Assemblée provinciale, comme on est en train de le vivre à ce jours. C’est une aberration et c’est cela qu’il faut arrêter à tout prix, conclut un cadre de la territoriale.
KANDOLO M.
Tweet de Lubaya Claudel André
@LubayaClaudel
#RDC Un État qui ne respecte pas ses propres lois est un État faible. Quelques graves qu’aient été les faits reprochés au Gouv Zoé Kabila, l’idéal et la règle auraient été qu’il ait droit à la défense, principe clé de l’Etat de droit, qui exclut l’arbitraire.