Répondre à l’affront ou capituler

Inutile d’intenter des procès en négationnisme contre l’ambassadeur du Rwanda en RDC. Plus la peine de tirer à boulets rouges sur le chef de la mission diplomatique rwandaise à Kinshasa.  Vincent Karega, tel est son nom, ne prend nullement des libertés avec la position officielle de son pays. Il ne joue même pas au fou du roi. Il  récite à la perfection la leçon  de son maître. En somme,  les déclarations ouvertement négationnistes du diplomate rwandais en poste à Kinshasa s’avèrent une copie certifiée,  conforme à l’original, que sont  les propos  du Président Kagamé sur  RFI et France 24.

  Plus l’once d’un doute. Le Rwanda, par la bouche la plus autorisée qui soit, nie contre toute évidence sa responsabilité dans les massacres des Congolais. Plus qu’un pied de nez, une insulte à la mémoire des millions de morts, fauchés par l’Armée d’occupation rwandaise.

Que faire ? Allonger le mur-déjà long-  des lamentations en y ajoutant  du  » béton armé «  ? Se fendre d’un énième plaidoyer auprès d’une certaine  communauté internationale dont on connaît sinon la complicité, du moins la complaisance vis-à-vis de Kigali? Ni l’un ni l’autre. Il ne faudrait surtout pas alimenter l’imaginaire  défaitiste face à Kigali. Les connaisseurs des arcanes de la deuxième guerre mondiale ont tous en mémoire le « syndrome munichois « .    

Le Président Tshisekedi devrait donc, au nom des Congolais, protester fermement contre les propos de son homologue rwandais.  Ne pas le faire s’apparenterait au fameux  » qui ne dit mot consent « . Pas seulement. L’acceptation par le Rwanda, de sa part dans les crimes  dans l’Est de la RDC  devrait être érigée en condition sine qua non pour une collaboration entre les deux pays.                               Autrement, comment faire de Kagamé une solution à l’instabilité dans la partie orientale s’il ne reconnait pas constituer un problème?  Il appartient au pouvoir rd congolais de créer un rapport de force susceptible d’amener le Régime rwandais à s’assumer comme partie prenante dans la guerre cyclique qui tire son origine de la déferlante de millions de réfugiés hutus, venus du Rwanda, dans la foulée de la chute du régime d’Habyarimana .  

Si Kigali a exigé et obtenu de Paris la reconnaissance de sa responsabilité dans le génocide de 1994, comment en serait-il autrement de la RDC? Pourvu que le leadership congolais change de logiciel en ce qui concerne les relations entre Etats,  ait enfin le génie d’utiliser son soft power et de se donner les moyens militaires pour imposer un rapport de forces dans les Grands-lacs.

Or, jusqu’ici la conception « Bisounours« , angélique  qui structure l’approche des rapports avec les pays tiers ne permet même pas aux dirigeants d’identifier leurs intérêts vitaux et de les défendre envers et contre tout. Un pays ne vaut que par sa capacité à défendre ses intérêts dans le concert des nations.     

  José NAWEJ

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