RAM : Des Congolais en colère, font exploser les réseaux sociaux

Jamais, un prélèvement n’a suscité autant de vagues en RD Congo, comme le Registre d’Appareils Mobiles (RAM), instauré depuis quelques mois. Peu importent leurs lieux naturels d’habitation, les Congolais usagers de téléphones GSM ne cachent plus leurs regrets. Sur les réseaux sociaux, de même que dans différents forums, le sujet semble vole la vedette aux traditionnels débats politiques.

Tout le problème, les autorités du pays qui ont instauré cette « taxe », ne se sont pas du tout donné le temps nécessaire de la vulgariser. En tout cas, la majorité des Congolais ont une compréhension vague de ce prélèvement parafiscal. Dès lors, chacun y va de son interprétation. D’où, la grogne collective, la colère spontanée des Congolais qui disent en avoir marre avec la perte récurrente de leurs crédits après recharge. D’autres soutiennent qu’on va jusqu’à retirer de l’argent électronique sur leur compte, sans aucune autre forme de procès. D’autres encore, fustigent des perturbations observées dans l’activation de l’internet.

UNE « TAXE » INOPPORTUNE ?

Parmi ses nombreux griefs, le RAM est accusé de taxe inopportune. «L’initiative pourrait être salvatrice pour tout usager de téléphone cellulaire. C’est possible que nos dirigeants aient copié ce qui se fait ailleurs dans d’autres pays. Mais leur péché est de n’avoir pas suffisamment expliqué cette taxe à la population. Dès lors qu’ils savaient d’avance l’impact de ce prélèvement sur la recharge, les autorités du pays gagneraient en crédit si elles avaient, en amont, négocier la confiance et l’acceptation du RAM par la population. Ils l’ont imposé et en voici les résultats», déclare le tenancier d’un Shop de vente de cartes de recharge et de mégas au quartier Sans fil de Masina.

Par ailleurs, un sénateur contacté hier au Palais du peuple, juge le RAM inopportun et surtout, inadapté aux réalités en interne. «On ne peut pas imiter servilement ce qui se fait ailleurs. Nous n’avons pas les mêmes réalités de vie avec ces pays étrangers qui nous servent de modèle. Non ! C’est parfois ahurissant, de voir ceux qui gèrent activement le pays au quotidien, prendre certaines mesures, comme s’ils vivaient sur Mars ou Jupiter. Lorsqu’une loi suscite des remous, lorsqu’une règle est en déphasage avec les réalités de la communauté dans laquelle elle est censée s’appliquer, elle finit toujours par créer un soulèvement populaire. A-t-on pensé à nos compatriotes de provinces ? Il est des coins du pays où le simple accès à un point de vente des unités pose un vrai problème. A-t-on tenu compte de cette réalité ?», s’interroge-t-il.

LE SILENCE DES ONGS «VEDETTES»

Richard Shako Kanyengele pose autrement la problématique sur son compte facebook. Si c’était un ministre et membre du FCC (ndlr : plateforme politique portée par l’ancien Président congolais Joseph Kabila) qui gérait le secteur de télécommunications, vous verriez ACAJ de Georges Kapiamba, la NSCC de Jonas Tshiombela, ASADHO de Jean-Claude Katende… monter sur leurs chevaux pour tirer à boulets rouges sur lui au sujet du dossier RAM. Mais comme c’est l’autre… (suivez son regard), silence radio. Ces Ongs ne s’intéressent qu’aux questions politiques».

Comme il fallait s’y attendre, ce post a suscité des réactions de nombreux internautes congolais au pays. «Malheureusement, la plupart des Ong est RD Congo ne sont pas la vraie Société civile. Elles sont politisées. ACAJ doit d’abord commencer par présenter des excuses à tous les Congolais sur le dossier Bakonga. Oui, Bakonga a détourné notre  argent. Mais il n’avait pas fui avec 2 millions de dollars, comme l’avait affirmé Georges Kapiamba», réagit Marianne Mujing Yav Muland.

Pour sa part, Jean-Claude Katende y va de sa défense : «La question de RAM est une question très technique qui demande de s’approcher des experts du domaine pour comprendre de quoi il s’agit, avant d’intervenir. Quand on veut faire un travail professionnel et se faire respecter, on doit faire attention». «Et…il faut combien de temps pour ça ? Depuis que ce fameux RAM a été lancé…», réplique Serge Kabongo.

«C’est de la poudre aux yeux. Une fumisterie. Et, c’est même illégal. Personne n’a le droit de prélever de l’argent sur un compte privé sans le consentement du titulaire du compte. Une redevance a une contrepartie directe. En l’espèce, personne, en tout cas, je n’ai pas sollicité les services de qui que ce soit pour protéger des «méfaits» de mon téléphone. En effet, je sais ce qui est bien pour moi. C’est pourquoi, j’achète un téléphone homologué par les instances internationales dotées de compétences pour ce faire. Et puis, quand j’y pense :»financer la connexion internet à l’aéroport» qu’ils disent», réagit Jean-Luc Mwalu dans son compte facebook.

L’ARPTC A LA «DEFENSIVE»

Dans un communiqué officiel rendu public le vendredi 30 avril dernier, l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), rejette toutes les accusations portées contre le RAM. Notamment, en ce qui concerne des plaintes de blocage de certains appareils téléphoniques GSM, l’interruption de transfert de monnaie électronique et de nombreuses plaintes sur les perturbations dans l’activation de l’Internet.

S’agissant  des appareils mobiles se trouvant sur le territoire national, Christian Katende rassure qu’aucun n’a été bloqué par l’ARPTC ou le RAM. Bien au contraire, les deux services, selon l’auteur dudit communiqué, ont laissé tous les utilisateurs d’appareils mobiles en RD Congo libres d’utiliser pleinement leurs appareils. Quant aux allégations en rapport l’interruption de transfert de monnaie électronique mis à charge de l’ARPTC et du RAM, le communiqué sus-évoqué y oppose un cinglant démenti. «L’internet mobile reste pleinement disponible», assure le numéro 1 de l’ARPTC dans son communiqué.

Toutefois, Christian Katende reconnait quelques problèmes survenus dans l’activation de forfaits ou d’unités sur certains numéros d’un opérateur GSM et que toutes les dispositions avaient été prises pour pallier cette situation. Mais toujours est-il que jusque lundi dans la soirée, les difficultés en termes de perturbations dans la recharge de mégas, ont persisté sur un réseau très prisé à Kinshasa.

Grevisse KABREL

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