Profession : vendeur de…syllabus

Bientôt, la vente des syllabus par des profs appartiendra au passé. Les étudiants auront facilement accès à internet sur les campus universitaires. Promesse ferme du chef de l’Etat qui visitait hier l’Université pédagogique nationale sur les hauteurs de Binza. Bonne nouvelle pour les étudiants. Soulagement pour les parents.

Pas sûr, cependant, que l’annonce présidentielle ait suscité un enthousiasme délirant dans le chef des professeurs. Non pas que ces derniers se plaisent et se complaisent dans le statu quo. Mais tout simplement parce que la vente des syllabus par les enseignants est comparable à de la fièvre qui, par définition, est symptomatique d’une infection.

En l’occurrence, si nos docteurs à thèse en ceci ou en cela en arrivent à vendre les syllabus,  ce n’est ni par mercantilisme primaire  ni par cynisme. Ils ne le font pas non plus de gaieté de cœur. Eux dont la vocation est de transmettre les connaissances.

La raison de cette « anomalie » est archi-connue de tous. A savoir, la précarité ambiante qui n’épargne pas les professeurs d’universités. Abonnés à la débrouillardise -le fameux article 15-, ces enseignants XXL n’ont pas d’autre choix que d’imaginer mille et une stratégies ou stratagèmes – c’est selon- pour survivre.

 Le fait que ceux qui ont pour objet social  de former l’élite en soient réduits à monnayer les syllabus devrait interpeller les décideurs politiques plutôt que  donner matière à anathème ou à admonestation. Juger, disait Malraux, c’est refuser de comprendre.  

 De même qu’on ne fait pas tomber la fièvre en cassant le thermomètre, de même on ne résout pas le mal être enseignant en décrétant la fin de la vente des syllabus. L’instinct de survie poussera les mêmes profs à trouver un autre palliatif de substitution.  On tombera ainsi de Charybde en Scylla. Pour ceux qui ont la mythologie grecque en horreur, cette expression signifie tout simplement aller de mal en pis. 

Ce n’est pas donc à coup  d’annonces aussi généreuses qu’éparses que l’on  solutionnera la vaste et complexe équation sociale.  Seule une approche privilégiant des réponses  structurantes et globalisantes permettrait d’éponger progressivement le déficit abyssal sur le front de l’amélioration de l’ordinaire du Congolais. En ce compris les conditions de vie et de travail des professeurs et des étudiants. Ainsi, les espaces d’indignité -dont la vente des syllabus – se réduiront au fur et à mesure que l’enseignant retrouvera  et recouvrera son… magistère enfoui dans l’abîme de la misère.   

José NAWEJ

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