Depuis quelques semaines, s’observe une flambée à la fois incontrôlée et presqu’inexplicable de prix des denrées alimentaires et autres produits manufacturés sur les marchés de la ville de Kinshasa. Alors que le taux sur le marché de change reste relativement stable depuis plusieurs mois, les vendeurs du Grand Marché attribuent cette hausse soudaine des prix, à la destruction des magasins pour cause des travaux de construction et de modernisation du site.
Au Marché Kintambo, considéré à tort ou à raison, comme celui où les marchandises coûtent plus cher qu’ailleurs, les prix ont doublé, voire triplé pour certaines denrées. Cas de semoule de manioc, de maïs, du sel, des épices, des cuisses de volaille, des chinchards, des côtelettes de porc ou de boeuf, etc…
A bout, Mme Aimée, rencontré hier jeudi, estime que seul un dialogue franc entre les dirigeants du pays et les opérateurs économiques, pourrait ramener les prix à leur niveau initial.
«Une bouteille d’huile de palme, vendue dans une bouteille de coca de 75 cl, est passé de 800fc à 1500fc; le constat est très amer, ce dernier temps quand nous allons acheter les épices à Matadikibala: la caisse de tomate de 50.000fc à 110.000fc, le filet d’oignons qui coûtait 30.000fc se négocie actuellement à 75.000fc. C’est vraiment regrettable. Les prix ont considérablement augmenté, ils ont doublé voire triplé. Tout doit être règlementé. Le ministre de l’Economie doit rencontrer les opérateurs économiques pour ensemble, discuter de la structure des prix. C’est l’une des tâches principales du Gouvernement Sama. Nous payons le loyer, nourrissons nos familles et scolarisons nos enfants grâce à ce travail. L’argent ne circule plus comme avant. Je suis une veuve. Tout devient difficile», se lamente-t-elle.
VIVEMENT LA STABILITÉ DES PRIX SUR LE MARCHÉ
Pour sa part, Silva Malalu, tenancier d’une boucherie, dit ne pas comprendre cette hausse de prix. Selon lui, il n’est nullement question d’un problème relatif à une taxe spécifique à payer pour justifier la thèse de la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar américain. C’est hors de question.
« C’est tout simplement de la mauvaise foi. Ainsi je demande à l’équipe gouvernementale de fournir un effort pour stabiliser les prix quand bien même elle n’a que quelques jours. Les clients se plaignent et nos activités tournent au ralenti« .
Les poulets, les cuisses, les chinchards, les côtelettes ont tous augmenté de prix. Le carton de cuisse à rôtir qui se vendait à 29.000fc revient actuellement à 41.000fc. Celui de cuisse à bouillir passe de 33.000fc à 49.000fc. Une rame de chinchards de 20+ revient à 52.000fc alors qu’elle se négociait à 38.000fc. La rame de 18+ est de 46.000fc pourtant il y a quelques mois, c’était à 28.000fc. Le fameux carton de poulet nu passe de 36.000fc à 45.000fc et les cotes de 42.000fc à 58.000fc», a déploré ce jeune habitant l’avenue Mungamba.
LE RAS-LE-BOL DE la POPULATION
Même son de cloche pour Adeline Nseka sur l’avenue Bangala qui a affirmé qu’un sac de fufu de manioc qui revenait à 70.000fc, 80.000fc coûte dorénavant 120.000fc à Matadikibala dans la commune de Mont-Ngafula. D’où elle a également ajusté son prix d’Ekolo de 1500fc à 2000fc.
Quant à Nadine Nsimba a tiré à boulets rouges sur les gouvernants actuels.
«On ne vent plus comme c’était le cas avant.Comment réaliser des bénéfices majeurs? Nos dirigeants sont les premiers à se disputer des postes mais pour chercher le bien-être de la population, c’est tout un problème. Ils ne voient que leurs intérêts. Le Sakombi du riz est passé de 800fc à 1000fc, l’Ekolo du maïs de 1000fc à 1500fc et le Sakombi de 300fc à 500fc», a-t-elle lâché.
Dans la même optique, Monsieur Gaby, vendeur des makayabu (ndlr: poissons salés) depuis vingt-ans, a précisé que «le carton de ce produit est de 110.000fc mais c’était à 98.000fc. Quand je me suis lancé dans cette activité commerciale en 2000, le carton des makayabu était de 8000fc. Aujourd’hui nous importons plus à Brazzaville et à Pointe-Noire . La Covid-19, a envenimé la situation. C’est grâce à ce commerce que j’ai acheté une parcelle au Camp Munganga moyennant 11.600 USD», a-t-il révélé.
Trois jeunes à savoir Kevin Kabudji, Cris Kiala et Glody Safu n’ont pas hésité une seconde pour exprimer leur ras-le-bol concernant l’envol de prix sur le marché.
«Nous en avons marre. Le savon « Génie » en bric c’est 600fc pourtant c’était 300fc. L’huile et l’omelette c’est pareil. L’omelette c’est désormais 600, 700fc et non plus 600fc. Le social doit être une priorité pour le Gouvernement Sama à côté de la sécurité dans le Nord-Kivu et en Ituri».
Gloire BATOMENE