Le Ramadan clôturé dans le sang hier à Kinshasa

*Un policier tué, des blessés graves, le domicile d’un Imam vandalisé, 11  véhicules de la police endommagés dont 1 brûlé, selon Sylvano Kasongo, le commandant de la police de Kinshasa.

*Mboso appelle à sanctionner tous les auteurs de ces troubles.

*Ingele Ifoto condamne la mort tragique du policier.

* Dans la même veine, Patrick Muyaya indique que 34 personnes ont été interpellées et seront déférées devant la justice.

Scènes apocalyptiques hier jeudi 13 mai, jour de l’Aït el-Fitr,  la fête musulmane marquant la rupture du jeûne du mois de ramadan, aux alentours du Stade des Martyrs à Kinshasa.

Ce 13 mai matin, les musulmans de la capitale s’étaient donné rendez-vous à l’esplanade du stade des Martyrs pour fêter la fin du mois de jeûne du ramadan. Les tensions couvaient depuis quelques temps entre deux groupes rivaux que l’on croyait réconciliés par l’Hôtel de ville la veille. Que non. Les échauffourées vont exploser dès que les nombreux fidèles se sont retrouvés sur le lieu de la grande prière.

La police est intervenue pour essayer de ramener l’ordre, mais sera malheureusement prise à parti au milieu de ces affrontements violents.  Un policier a été tué. « Malgré les garanties données au gouverneur de Kinshasa par les responsables de deux ailes rivales de la communauté musulmane pour célébrer ensemble la clôture du ramadan, malheureusement un policier a été tué lors d’échauffourées« , a déclaré le porte-parole du gouvernement provincial de Kinshasa, Charles Mbutamuntu.

Comportements répréhensibles

Sur une vidéo partagée sur les réseaux sociaux,  sans doute par des témoins au moment des faits, un policier gisait à terre  dans son sang, couvert de pneus et entouré de plusieurs personnes surexcitées dont quelques-unes criaient « Allah wakbar« .

Alerté, le Premier ministre, en séjour dans l’ex-Katanga en compagnie du Président de la République, Félix Tshisekedi, a instruit la Vice-Première ministre Eve Bazaiba de tenir en urgence une réunion de sécurité avec quelques membres du Gouvernement central, les autorités provinciales ainsi que celles des services de sécurité.

« La police a communiqué un bilan de 46 blessés dont 8 graves qui ont tous été acheminés et pris en charge à l’hôpital HJ dans la commune de Limete« , a indiqué le ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement, donnant le compte rendu de ladite réunion. Selon Patrick Muyaya, les membres du Gouvernement, sous la conduite de la VPM Bazaiba, ont rendu visite aux blessés. Sur place, ils ont été « choqués par les actes ignobles d’une barbarie indescriptible exercées sur les hommes en uniforme qui se donnent  corps et âme pour assurer la sécurité de la population. Le plus touché d’entre eux qui a été violemment attaqué est en soins intensifs« , a déclaré Patrick Muyaya.

 Ce n’est pas tout. Selon le Porte-parole du Gouvernement, il en ressort également que 34 personnes ont été interpellées et seront déférées devant la Justice afin de répondre de leurs actes.  « Il s’agit de comportements répréhensibles pour lesquels l’Etat entend punir sévèrement« , a fait savoir le ministre Muyaya.

Condamnation tous azimuts

En marge de la séance plénière convoquée hier jeudi 13 mai à l’Assemblée nationale pour l’examen et le vote de la proposition de loi relative à la création de la taxe de promotion de l’industrie, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso a condamné les « actes barbares » et « des scènes de violences » de certains membres de la communauté musulmane enregistrés lors de la célébration de la fin du ramadan.

Christophe Mboso s’indigne devant ces actes qui ont causé la mort d’un élément de la police nationale et appelle le gouvernement à procéder aux sanctions de tous les auteurs de ces troubles.

« Nous désapprouvons totalement les actes perpétrés par les membres d’une religion. Nous demandons à notre Gouvernement d’établir les responsabilités des auteurs des troubles et que les coupables soient punis« , a-t-il déclaré.

Il sied de rappeler que la communauté islamique connaît une crise de succession depuis quelques années entre les deux factions rivales au sein de l’unique association représentant les fidèles, la Comico (Communauté islamique du Congo). L’affaire est en cours devant des tribunaux mais aucune décision judiciaire définitive n’a été donnée par la justice. Les tensions sont récurrentes entre les deux groupes. 

Dans la foulée des échaufourrées, le domicile de Youssouf Djibondo, le numéro un des opposants à Cheik Abdallah Mangala, est vandalisé, ses véhicules brûlés par un groupe de musulmans non autrement identifiés

Eric WEMBA &

Mathy MUSAU

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