La ville de Goma de nouveau évacuée

Avec l’alerte que les autorités locales ont donnée tôt le matin hier jeudi 27 mai à Goma, les données actuelles de la sismicité et de la déformation du sol indiquent la présence de magma sous la zone urbaine de Goma, avec une extension sous le lac Kivu.

Dix quartiers sur les dix-huit du chef-lieu du Nord-Kivu de plus d’un million d’habitants sont évacués avec l’aide des organisations humanitaires, présentes dans la région, à cause du risque élevé d’éruption qui pourrait se produire sans signaux préalables..

Près d’un tiers d’habitants de Goma ont reçu  l’ordre de se déplacer vers Sake, une localité située à 24 km à l’ouest de cette ville. D’autres choisissent toutefois de se rendre à l’est, au Rwanda. Ici, les autorités rwandaises les dirigent vers une école secondaire et le centre de Nkamira, un ancien camp de réfugiés, tous deux situés dans le district de Rubavu (Gisenyi).

RISQUE D’UNE ERUPTION A TERRE OU SOUS LE LAC KIVU

Dans son adresse à la population, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le général Constant Ndima, a annoncé qu’on ne pouvait actuellement pas exclure une éruption à terre ou sous le lac Kivu. « Le retour dans les foyers ne peut se faire que sur recommandation de l’autorité provinciale« , a-t-il souligné.

Les habitants sont invités à transporter « le strict minimum pour donner à chacun la possibilité de monter à bord » des véhicules qui sont fournis par l’autorité provinciale dans chaque district.

Un certificat négatif de Covid-19 est demandé pour ceux qui souhaitent se rendre plus à l’est dans les villes de Musanze ou de Kigali. Pendant ce temps, des centaines d’habitants de Gisenyi, au Rwanda, quittent également leurs résidences en direction de l’est, alors que des secousses continuent de secouer la ville.

Hier jeudi, l’observatoire sismique du Rwanda a signalé de nouveaux tremblements de terre d’une magnitude de 4,9. Deux importantes fissures dans le sol – de plusieurs centaines de mètres de long – sont apparues dans la ville de Goma, située à un peu plus de 10 kilomètres du volcan.

RISQUE D’ASPHYXIE DE TOUTES LES ESPECES

A en croire les experts de l’Observatoire volcanologique de Goma cités par BBC, le gaz provenant du volcan Nyiragongo, dissous dans les eaux profondes du lac, surtout le CO2, pourrait asphyxier toutes les espèces vivant autour du lac Kivu du côté congolais comme du côté rwandais. Ce qui pourrait causer des milliers de morts dans les deux pays.

L’interaction du magma avec l’eau du lac, la déstabilisation du volume de gaz dissous sous le lac Kivu et l’émission de gaz en surface sont potentiellement dangereux pour les populations exposées aux émanations.

Les quartiers évacués sont exposés aux risques liés aux coulées de laves qui se sont installées dans les fissures créées par les nombreux tremblements de terre ressentis dans la ville et qui ne sont pas prévisibles pour le moment, alerte l’OVG.

« Nous recommandons et rappelons qu’il est très important de rester à l’écart des trajectoires des coulées de lave qui représente un danger de mort par asphyxie ou brûlure sévère », a prévenu le gouverneur militaire de la ville.

Dans la foulée, l’autorité urbaine a recommandé à la population de rester vigilante et à l’écoute des informations transmises par les autorités compétentes, étant donné que la situation pouvait changer rapidement. Il a estimé que la situation était sous surveillance constante et une mise à jour de ces recommandations serait faite régulièrement.

QUATRE RISQUES

S’appuyant sur les données des experts, le porte-parole parole du gouvernement,  Patrick Muyaya , a précisé qu’il y a quatre risques majeurs, à savoir l’accentuation des tremblements de terre, le risque d’une éruption volcanique secondaire (environ 400 séismes depuis le 22 mai), le risque d’explosion des poches de gaz sous le magma et le risque de toxicité de l’atmosphère.

L’adresse du gouverneur militaire  a été bien suivie par les Gomatraciens. A ce jour, la ville est devenue déserte en moins de quelques heures. Prise de panique, la population n’a pas attendu les moyens d’évacuations mis en place par le gouvernement, en collaboration avec les organisations humanitaires installées dans la région.

Plusieurs personnes ont pris la route de Sake, la ville voisine. D’autres ont traversé le lac Kivu par bateaux pour atteindre la ville de Bukavu.     

Kléber KUNGU

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