La plupart des congolais ne comprennent pas l’instauration du RAM

Depuis quelques semaines, les Congolais éprouvent des difficultés à recharger des crédits dans leurs téléphones à cause d’une nouvelle taxe appelée Registre des appareils mobiles (RAM) instaurée par les autorités du pays. Principalement. En effet, l’Autorité de régulation des postes et des télécommunications du Congo(ARPTC) il se trouve cependant que le RAM empêche plusieurs abonnés des sociétés de téléphone cellulaires n’ayant pas payé cette taxe à recharger leurs comptes d’appels et forfaits internet. Une taxe dont le Congolais lambda n’a toujours pas saisi la substance. Voici la réaction de quelques Kinois rencontrés par Forum des As

Joys Mwembo (étudiante, vingt ans révolus)

Le RAM c’est le Registre des Appareils Mobiles. Personnellement, je ne l’aime pas. Ça vient  achever davantage le peuple congolais  déjà essoufflé. Le RAM  prend mes crédits. Je suis bloquée et n’arrive pas à faire quoi que ce soit avec mon téléphone, si ce n’est de recevoir des appels et sms. Je ne sais pas activer le forfait internet. On ne sait plus faire des recherches. Au départ, on a prétendu que c’était pour identifier les téléphones contrefaits. Mais maintenant, on nous prive de services de téléphones. Je ne sais pas faire des recherches. Je suis vraiment contre cette histoire de RAM. Que le président de la République qui prône l’Etat de droit s’implique pour l’annulation de cette taxe.

Anastasie Mbaruku (étudiante en Droit dans une université privée de Kinshasa)

Tout ce que l’on sait du RAM est que c’est une taxe de trop, appellée  Registre des Appareils Mobiles. Le reste, je ne comprends  rien. Je sais seulement que c’est une sorte d’escroquerie au niveau de l’Etat. Pendant que le peuple est dans la galère, je me demande s’il y a  vraiment opportunité de lui imposer encore une taxe. On nous dit que c’est le ministre de PT-NTIC qui l’a instaurée.  Ça me dérange personnellement dans la mesure où ça me coupe des unités.  Ça m’a pris plus de 200 unités. Mais malgré cela,  je n’arrive toujours pas à activer les minutes pour les appels, les sms et l’internet. Si ça va apporter un plus dans notre pays, je suis pour. Mais à condition de se poser la question de l’opportunité et de l’application progressive. Si c’est pour que l’argent généré par  cette fameuse taxe finisse dans les poches des gens, que c’est une escroquerie  des gouvernants avec les entreprises de télécommunications, alors là je suis très contre.

Olivier Mayika (trente ans revolus. Habitant de la commune de Limete. Chercheur en Droit économique et social)

Le RAM est un service qui existe partout dans le monde pour  identifier les appareils mobiles utilisés dans le pays et pour lutter contre la contrefaçon, traquer les contrefacteurs et protéger l’industrie locale. Il s’avère que cela se passe généralement, soit par un impôt ou une taxe. Le RAM ne rencontre pas l’assentiment du peuple congolais. Evidement pour enregistrer  un téléphone, il faut un droit. Mais il faut aussi ternir compte du revenu du peuple congolais. Il faut penser à un prix abordable pour tous. Si déjà, pour le consommateur kinois, 1.7 dollar américains pose problème, je me demande ce que ça représente pour le Congo profond. Parlant de la contrefaçon puisque nous ne fabriquons pas d’appareils téléphoniques mobiles, je me dis que cette taxe doit être payée par les importateurs et non par les  consommateurs. Donc, pour moi, le RAM peut exister, mais il aurait fallu d’abord  l’instituer véritablement comme taxe et revoir le coût.  Que ce ne soit pas l’apanage du ministre de PT-NTIC, mais aussi du ministère du Budget et des Finances qui sont les deux organes habilités en matière de fiscalité et de finances en RDC.

Pour Joseph Akambo, enseignant de profession, les autorités s’y sont mal prises dans l’instauration de cette taxe.  » J’estime que la population n’a pas  été assez sensibilisée au Registre des Appareils Mobiles. Les gens ne savent pas à quoi sert cette taxe. On ne fait que subir les décisions des autorités. Moi, samedi dernier, je n’ai pas pu activer mon forfait internet. A peine, j’ai rechargé mon compte de 50 unités que tout est parti et j’ai reçu un message m’informant que je n’étais à jour par rapport au service Ram et que je devais payer 1.75 $. Du coup, j’ai préféré acheter directement des mégas. C’est assez compliqué cette histoire, on n’y comprend rien. Pourquoi, l’enregistrement d’un téléphone doit-il être payant ? Et selon quelques explications entendues, cet enregistrement permettrait de retrouver les téléphones perdus, volés mais est-ce le cas ? D’ailleurs, la marche de protestation organisée le week-end dernier, prouve à suffisance que les Congolais ne comprennent rien de cette taxe et qu’ils sont contre cette façon de faire « .

A son tour, Calvin Gaise, ingénieur de formation, réagit avec le même accent de révolte.  Cette histoire de Ram était une grande arnaque contre le peuple congolais. « Si ce n’est que pour enregistrer les téléphones, ça ne devrait pas nous compliquer autant la vie parce qu’une taxe est différente d’un simple enregistrement il faut les dissocier. Le fait d’envoyer des messages aux usagers des GSM sur cette taxe ne suffit pas comme information. J’estime que l’Etat se fait de l’argent sur le dos de la population. On ne sait pas pourquoi cette redevance a été instaurée. Il faut que le ministre de PT-NTIC explique aux Congolais l’objectif qu’il poursuit en instaurant cette taxe. D’autant plus j’ai appris que ce sont des sujets indiens qui sont derrière cette opération d’identification. Moi aussi, j’ai vu mes crédits soustraits  de mes deux téléphones à 3 reprises. Une fois on m’a retiré 1.25 $, puis durant le mois d’avril, on m’a coupé d’abord 1. 17 $, puis 1.25 et tout dernièrement 1.75 $ de crédit, pourquoi cette différence entre les montants à retirer. C’est de l’escroquerie ou pas ? Faudra qu’on nous l’explique  » a fait savoir ce jeune ingénieur.

Pour Bonga Liyeli, cambiste  place  » Le Château  » à Gombe, a abondé dans le même sens que les deux premiers interlocuteurs. Il pense que le RAM n’a pas été bien expliqué à la population. Et, selon lui les taxes sont votées par le Parlement et  se pose la question de savoir s’il en a été le cas avec cette nouvelle taxe très controverée. Compte tenu de multiples interrogations et du mécontentement généralisé de la population, il assure que le nouveau gouvernement devrait revoir l’imposition de cette redevance, car il y a trop de zones d’ombre autour.

Orly-Darel NGIAMBUKULU & Fyfy Solange TANGAMU

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