Si le plan d’attaque n’est pas connu, la guerre contre les embouteillages, l’insécurité et même l’insalubrité est déjà déclarée. Commandant en chef des warriors, Jean-Michel Sama a mis son état-major en ordre de bataille.
Bientôt, l’assaut sera lancé contre les embouteillages. Qui s’en plaindrait ? Bien au contraire. Tant ce mal n’en finit pas de pourrir le quotidien des Kinois.
Il est jusqu’aux ambassadeurs en poste à Kinshasa de se plaindre de ces bouchons. Il n’est plus rare de voir des diplomates, pourtant réglés comme des horloges suisses, se mettre à l’heure kinoise. Ils trouveront sans doute matière à consolation chez William Shakespeare lorsqu’il conseille : » ce qui ne peut être évité, il faut l’embrasser « .
Sans être dans les secrets des dieux, il y a cependant, des raisons d’être dubitatif quant à l’antidote du Premier ministre Sama Lukonde sur le front des embouteillages. Du moins dans l’immédiat. Car, la seule indiscipline doublée d’incivisme de la majorité d’automobilistes ne saurait expliquer les bouchons sur les artères kinoises.
L’état de la voirie urbaine avec des routes défoncées n’est pas de nature à fluidifier le trafic. A cela s’ajoute l’état comateux de la quasi-totalité des routes secondaires. Conséquence, tous les véhicules se donnent rendez-vous sur les mêmes artères principales aux mêmes heures de pointe. Sans possibilité de dévier sur les voies secondaires.
Fallait-il vraiment être ingénieur en ponts et chaussées pour penser qu’au lieu d’engloutir des centaines de milliers de dollars dans des sauts-de-mouton, il eût été indiqué d’investir dans la réhabilitation de quantité de routes secondaires ? Dans la même veine, restaurer le bon vieux train urbain aurait coûté moins cher mais pour plus d’efficacité que ces sauts-de-mouton dont certains sont quasiment côte-à-côte comme ceux du rond-point Mandela et de Socimat. C’est à croire que le gigantisme assorti d’éléphants blancs est la maladie la mieux partagée des régimes qui se succèdent au Congo-Kinshasa !
Autre cible de guerre du warrior en chef, l’insécurité à Kinshasa et plus généralement dans les grandes villes. Là aussi personne n’y trouverait rien à redire. Mieux, les Kinois ne se feraient pas prier deux fois pour coopérer avec la Police afin d’éradiquer le banditisme urbain.
Le hic, c’est qu’en la matière le pays excelle en croisades sans lendemain. Que d’opérations n’a-t-on pas décrétées ? Bien souvent des opérations tape-à-l’œil destinées à la caméra. Donc forcément plus cosmétiques qu’efficaces. Plus conjoncturelles que structurelles. Impossible de gagner la guerre contre l’insécurité hors approche holistique.
Sans un équipement et une motivation conséquents des agents de l’ordre, point de victoire sur ce front. Sans une réponse pénale-justice- derrière l’action de la Police, point de hauts faits d’armes sur le terrain du banditisme urbain.
Moralité, aussi bien pour les embouteillages que pour l’insécurité, le proverbe cher à Jean Racine paraît valable même pour un plan de guerre : » qui veut aller loin, ménage sa monture » . Un warrior averti en vaut… 66.
José NAWEJ