La délocalisation amorcée à Goma pose déjà des problèmes d’accueil à Sake, Rutshuru, Bukavu…
Aucune disposition n’ayant été prévue pour installer les populations sinistrées dans ces zones d’asile, ces dernières affluent vers des familles désemparées qui n’étaient pas préparés à recevoir ces hôtes. Faute de ressources.
Hier très tôt, vers trois heures du matin, dix quartiers de la ville de Goma ont été délocalisés sur ordre du gouverneur militaire, le Lieutenant-général Constant Ndima. Il a enjoint la population à se rendre à 25 Km de là, dans la petite bourgade de Sake, sur la route de Bukavu.
Ces dix quartiers ne sont pas choisis au hasard. Ce sont ceux qui ont présenté brusquement des risques mortels, face aux coulées de laves avec des magmas de 500°C qui se sont infiltrés dans des fissures sous terre dans ces quartiers.
Selon toujours le Lieutenant-général Constant Ndima qui se fonde sur le rapport des scientifiques de l’ Observatoire vulcanologique de Goma» (OVG), ces magma vont aussi atteindre le lac-Kivu qui contient le gaz méthane, très toxique pour la population. Le choc entre le gaz méthane et les coulées de larves qui, elles, contiennent le dioxyde de carbone ou CO2 va provoquer des émanations du gaz méthane du lac-Kivu qui sont mortelles.
Raison pour laquelle, le gouverneur militaire du Nord-Kivu a mis en application ce plan de contingence pour évacuer la population concernée à Sake. Ce qui aura inévitablement des conséquences fâcheuses sur le plan humanitaire.
Dix quartiers sur dix-huit d’une métropole de plus d’un million d’habitants comme la ville de Goma, c’est presque la moitié de sa population. Où est-ce qu’on va les loger quand on sait que Sake ne dispose d‘aucune infrastructure d’accueil pour héberger tout ce monde?
Il en est de même de Rutshuru et Bukavu, d’autres sites ciblés pour l’évacuation.
Le gouverneur militaire assure qu’ils seront hébergés dans des familles de Sake. Ce qui induirait un autre défi majeur, celui de leur prise en charge. Or, on n’a pas entendu le gouvernement central de Sama Lukonde dire quelque chose à ce sujet. Alors que les besoins pour toute délocalisation d’une partie d’une ville sont toujours énormes et urgents, il ne faudrait pas que le gouvernement perde cela de vue.
L’éruption volcanique de Nyiragongo à Goma a été signalée le samedi dernier, quelques jours plus tard, on enregistre des enchainements des évènements qui imposent même de délocaliser dix quartiers de Goma vers Sake. Une partie de la population s’est retrouvée à Rutshuru-centre, dans le Territoire de Rutshuru, à 90 km de Goma, où il se posera également des questions humanitaires.
C’est là où, outre la responsabilité du gouvernement congolais, il est attendu, pour ce genre de catastrophe naturelle, l’appui conséquent de la Communauté internationale dans son ensemble. D’autant plus que les répliques, sous forme de tremblement de terre consécutives à l’éruption principale, sont à a base des fissures qui ont conduit à la délocalisation partielle de la ville de Goma.
C’est là où les observateurs lucides continuent à exiger, comme solution durable, la délocalisation de toute la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu. Comment peut-on dormir sur ses lauriers avec une ville que surplombent deux volcans? D’une part, le Mont-Nyiragongo, qui est entré en éruption pour une énième fois samedi denier, et surtout le Nyamulagira avec qui il est côte à côte et qui est d’une extrême nocivité lorsqu’il lui arrive de cracher le feu sur la ville volcanique.
Il serait irresponsable de ne pas faire une étude sérieuse sur cette possibilité de déplacer carrément cette ville de Goma, doublement menacée là où elle est située à ce jour, en prenant en compte cette vérité qui veut que les coulées de laves ont une vitesse de 100 km/h et une température de 500°C pour tout raser sur leur passage.
KANDOLO M.