La responsabilité « accablante » de Paris ayant été actée, les comptes du génocide contre les Tutsi en 1994 sont soldés. Le Rwanda et la France peuvent à nouveau bâtir une relation solide.
Quatre questions pour un champion. Qui a ouvert et fermé la longue parenthèse du service minimum post-génocide dans les rapports entre Paris et Kigali ? Qui a réussi, contre toute évidence …linguistique et en plein froid avec la mère patrie du français, à faire désigner Louise Mushikiwabo secrétaire générale de l’OIF ? Qui décrète l’épilogue du contentieux entre les deux pays ? Qui donne le « la » de la normalisation sur de nouvelles bases des relations entre la France et le Rwanda ? Réponse : C’est Paul Kagamé. Suffisamment rare voire rarissime pour être souligné.
Voilà un Président africain qui « impose » son récit et son agenda à un pays du Nord, parce qu’il a su créer et brandir un rapport de force sur un sujet moralement corrosif voire destructeur pour l’image de la France: le génocide anti-tutsi qui fonde, depuis, la légitimité du pouvoir rwandais.
Certes, vu de la RDC, on a quantité de bonnes raisons de ne pas porter Paul Kagamé dans nos cœurs. Difficile, mieux impossible d’évoquer la tragédie de l’Est sans penser à l’un de ses metteurs en scène de seconde main, façon négrier, qu’est le régime rwandais. Depuis près d’un quart de siècle, le mot « agression » a cessé d’être désincarné pour rimer avec le Rwanda et, dans une certaine mesure, l’Ouganda.
Il n’en demeure pas moins que du même Paul Kagamé les plénipotentiaires rd congolais d’hier, comme d’aujourd’hui, pourraient apprendre que les relations internationales reposent sur le rapport de force et les intérêts bien compris. A Kinshasa, en plus d’une extraversion quasi atavique, les dirigeants -toutes loges confondues- en sont encore à une conception, religieuse, idyllique et angélique des relations entre Etats.
Etre dans de bonnes grâces de telle ou telle puissance ; être « bien vu » par tel ou tel pays du Nord ne saurait être l’horizon d’un Etat ; être adoubé par telle ou telle autre chancellerie occidentale ne saurait constituer l’horizon d’un Etat. En paraphrasant le Général de Gaulle à propos de la France, on peut rappeler l’abc des relations internationales selon lequel « les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts« .
Suite au précédent, retour sur le numéro 1 rwandais qui déclare soutenir l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri. Le même pouvoir de Kigali avait proclamé, par le passé, soutenir des opérations contre les rebelles et autres groupes armés dans l’Est congolais. La suite, tout le monde la connait.
Faudrait-il alors dire alléluia ou amen à la suite des déclarations du Président rwandais ? Quel est le rapport de force que Kinshasa a créé pour transformer Paul Kagamé du problème en solution au drame qui sévit dans la partie orientale de la RDC? Une vraie question.
José NAWEJ